Dans le
Sciences et Avenir de janvier 2009, il y a un dossier sur les découvertes récentes de l'archéologie (essentiellement ici à Meggido, l'Armaggedon de l'Apocalypse).
Est notamment interviewé Israël Finkelstein qui délivre quelques idées qu'il a fait siennes pour ce sujet:
- il n'y eut jamais une monarchie unifiée, mais les deux royaumes connus sont en place dès la fin X° siècle avant J.C.: au nord, le royaume d'Israël avec de grandes cités comme Meggido ou Samarie et au sud, le royaume de Juda. Ce royaume unique a été inventé pour légitimer les prétentions du royaume de Juda sur les terres du nord occupées par les Assyriens. Deux sources sont citées: des correspondances diplomatiques égyptiennes retrouvées à Tell el-Amarna datées du règne d'Aménophis IV (Akhénaton, 1369-1353) évoquent le nom d'un roi d'Israël appelé Abdi-Héba; des archives cunéiformes mésopotamiennes permettent aussi d'identifier Jéhu et Joas comme des souverains israëlites du nord, et Ezéchias et Manassé comme des rois de Juda au sud.
- Jérusalem devient prospère à la fin du VIII° siècle avant JC, et non pas dans les temps mythiques antérieurs (la ville passe de 5ha à 60ha).
- Plusieurs grands épisodes, notamment ceux relatifs à la formation de l'ancien Israël, ne se sont pas déroulés tels qu'ils sont décrits, si ils ont existés bien sûr. Pour lui, ce sont des allégories. Exemple: la conquête de Canaan; la conquête de Josué n'a laissé aucune trace archéologique, et au contraire, les fouilles indiquent que le processus de ruines des cités-Etats cananéennes s'est déroulé de façon graduelle et de nombreux sites conquis par Josué n'existaient pas à l'époque... Autre exemple, pour lui, l'Exode est une métaphore, celle de la résistance et la victoire d'un petit peuple face à un grand empire grâce à l'aide divine et ce moment est écrit lorsque le peuple de Juda doit à son tour affronter de grands empires. Il appuie notamment son propos sur l'absence de traces qu'auraient laissées l'interminable périple d'un peuple entier dans le Sinaï (j'avais pourtant vu une fois sur Arte un documentaire prenant le parti d'avoir reconnu ces traces
), sur l'imposant système de fortifications égyptien au Sinaï et à Canaan et enfin sur l'absence de mention d'un passage de grande ampleur d'Israëlites à travers ce réseau dans les documents égyptiens. Il convient cependant de l'existence de population sémitique en Egypte, notamment pour servir de débouché en cas de guerre ou de famine.
- David serait un "petit chef de clan sans grande envergure". De plus, la Bible est pleine de contradictions à son sujet: le
Livre de Samuel en livre un portrait controversé (puissant puis une sorte de hors-la-loi) mais dans le
Livre des Chroniques, il devient merveilleux et magnanime. Idem pour Salomon, qui est plus ou moins parfait (riche, puissant, équitable... puis apostat!) selon les époques et les tendances des rédacteurs.
- Il n'y a pas de déportation totale à Babylone, une partie de la population continue à vivre sur place, ce qui est prouvé par les fouilles. Seule une autre partie, composée notamment de l'élite, aurait été déportée.
- L'archéologie confirme en revanche l'existence de pratiques païennes et de dieux mineurs présents dans les prophéties de Jérémie et d'Ezéchiel.
Pour terminer mon propos, je vais citer une de ses conclusions: "le cadre est souvent historique, en particulier pour les phases tardives de l'âge de fer, mais que le contenu est théologique".
J'avais vu par ailleurs un questionnement sur l'origine des Israëlites; je livre ainsi son avis : pour lui, ils se sont développés localement à partir de populations autochtones, les Israëlites n'étant ni plus ni moins que des Cananéens, ceux qui porteront plus tard le nom d'Hébreux. Le terme proviendrait de l'akkadien
Apirou, qualificatif plus social qu'ethnique désignant (au départ au moins) une partie des habitants des marges des zones montagneuses.