@ golemek
Je trouve votre intervention très judéo (ou plutôt hébraico) centrée tout de même mais j'avoue qu'elle peut être intéressante pour les partisans de la création d'Israel. Si au final, les Palestiniens ne sont que des Hébreux arabisés, les querelles autour de la reconnaissance de la Palestine et des Palestiniens ne seraient pas fondés et au final, assez fantomatiques. L'on mélange au final bcp de notions telles qu'ethnie, civilisation, culture, population, langue et écriture dans un espèce de capharnaüm historique que l'on ne peut dénouer.
A ce compte, qui sont alors les Philistins? Pourquoi en arabe, on désigne les Palestiniens par Filistiniyin? Et pourquoi alors ces Palestiniens seraient des Hébreux si la Bible hébraïque elle même les désigne comme leurs ennemis. Cela ne tient pas rien que par la sémantique.
En conclusion, selon vous, les Palestiniens ne seraient que des Juifs arabisés (ou "arabophonoisés") et l'identité arabe tellement récente qu'elle n'a aucun lien avec celle des Mésopotamiens (du moins, les Akkadiens) qui, je persiste, partagent bcp de points communs avec les Arabes d'aujourd'hui et pas que ceux d'Irak. Ces points communs, on peut les partager par emprunt ou cela peut être le signe d'une certaine continuité voire un peu des deux. Pour ma part, je pencherai plutôt pour la seconde interprétation même si la troisième intègre plus la complexité des langues et civilisations.
Citer :
J'en profite pour revenir sur toutes ces histoires de migrations ayant trait aux peuples sémites. Concrètement, la seule migration de grande ampleur d'un peuple sémite que l'on connaisse correctement est celle des Arabes durant l'Antiquité tardive et lors des débuts de l'Islam (pour les Arabes de la période néo-assyrienne et perse, là on est plus dans le flou). Pour les précédents, à savoir plus on s'éloigne dans le temps les Araméens, Amorrites et Akkadiens, on ne dispose pas de description de leur progression. En gros on voit bien que les deux premiers apparaissent dans le coin de la haute Mésopotamie et de la Syrie du Nord, mais la question de savoir s'ils en viennent ou pas est insoluble. On trouve résumé dans les ouvrages pour le grand public la thèse de leurs migrations depuis les " franges du désert syro-arabe" (ce qui est sans doute faux, en tout cas indémontrable), et tout le monde reprend ça, en y ajoutant le facteur climatique. En fait, les études des climats antiques (paléo-climats) sont très complexes, et on n'a jamais pu démontrer l'existence d'une modification climatique qui provoque des modifications dans l'habitat. Cela est défendu par certains chercheurs à propos des "migrations amorrites", mais ils n'ont pas convaincu tout le monde, loin de là, car les preuves manquent. Par facilité cependant, certains ont pu reprendre leurs idées, qui se retrouvent ensuite dans les articles les plus accessibles. Mais si on retourne à la poignée d'études sur les origines de ces migrations, et bien aucun chercheur n'est d'accord avec l'autre. Pour les Amorrites et les Araméens, on ne sait pas s'il s'agit d'une population venant d'une région de la Syrie orientale, ou bien de migrants, ou bien d'une population mouvante qui devient un peuple (un peu comme une des théories dominantes sur l'origine des Hébreux), voire même la population aux conditions de vies modestes de la haute Mésopotamie qui se différencierait des élites et des populations urbaines très "akkadisées". Pour les "Akkadiens", personne de sérieux n'ose poser la question de la recherche de leurs origines : il n'y a pas de textes puisque ils sont arrivés en basse Mésopotamie avant l'invention de l'écriture, et l'archéologie n'a jamais réussi à prouver l'existence d'une migration vers cette région durant la protohistoire (ce qui pose aussi problème pour les origines des Sumériens comme il a été dit ailleurs dans ce forum). Vu que les Sémites sont majoritaires au nord de la basse Mésopotamie et en Syrie (connue par les archives d'Ebla et de Tell Beydar), alors c'est évident qu'on recherche plutôt leur foyer en haute Mésopotamie et en Syrie. Mais les populations de ces régions sont déjà bien distinctes des "Akkadiens" de basse Mésopotamie, malgré des accointances culturelles (qui font aussi l'objet de débats), donc on ne peut pas en savoir plus. En gros, plus on creuse, plus on perd ses certitudes. C'est sûr qu'en lisant des articles pris ça-et-là sur Internet, ou les introductions des ouvrages de Bottéro, grand spécialiste de la religion mais pas des peuples sémites "semi-nomades" de la Djezireh, ça peut paraître simple. Mais ça ne convaincra pas les gens qui connaissent un minimum les problématiques du sujet (qui ne sont pas nombreux de toute manière). Personnellement je n'en ai qu'une connaissance superficielle, mais je peux déjà saisir la complexité de la chose. Et je vous ai épargné les débats sur le "nomadisme" et le "semi-nomadisme" en haute Mésopotamie, qui sont solidaires des problèmes sur les origines des peuples sémitiques, et sont également complexes.
Intriguant. Il y aurait les lecteurs des têtes de chapitres, les semi-spécialistes et les spécialistes. Tout le monde s'accorde sur la complexité mais personne sur les conclusions pour une question qui ne sera JAMAIS réellement tranchée. D'où l'intérêt de l'échange d'idées au regard des connaissances forcément limitées des uns et des autres. Mais tirer des conclusions sur les Arabes sans vraiment pratiquer la langue arabe qui s'en réclame ni même connaître la culture de l'intérieur, c'est une voie hasardeuse mais que l'on peut emprunter sans pour autant se trouver dans la ... vérité.
Pour revenir au sujet à proprement dit, quelles sont ces études génétiques qui prouvent qu'il n'y a aucune proximité entre Hébreux et Arabes? J-M Durand qui a lui même publié une
étude sur le sens du mot Hébreux et sa possible parenté avec les "Apiru" n'est pas du tout catégorique sur le lien entre les deux termes ...
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