C'est une histoire rapportée par Hérodote dans ses Histoires (livre II).
Cambyse II (règne 530-522 av JC) avait conquis l'Egypte en 525. La Libye et la Cyrénaïque s'étant soumises volontairement, Cambyse entreprit alors la conquête de Carthage, mais les Phéniciens lui refusèrent le concours de leur flotte par solidarité avec leur ancienne colonie. Cambyse se résigna alors à la conquête par voie de terre. Mais les cinquante mille hommes envoyés depuis Thèbes disparurent dans les sables au-delà de l'oasis d'Ammon.
Hérodote lui-même mentionne qu'il s'agit d'un ouï-dire et les commentateurs sont particulièrement sceptiques sur la réalité de cet évènement. Pourquoi ?
1) une expédition de 50 000 hommes paraît totalement insensée pour une expédition dans le désert or Cambyse et son armée na'aurait pas commis une telle erreur d'appréciation car ils étaient eux-mêmes issus d'une région sub-désertique.
2) Le choix de l'itinéraire est tout aussi insensé : pourquoi partir de Thèbes et s'imposer la traversée du désert alors qu'il était plus simple de partir du delta et de longer la côte et d'accèder par la route reconnue vers Siwa ? Route qu'empruntera 2 siècles plus tard Alexandre.
3) la submersion par les sables d'une troupe de 50 000 hommes paraît inconcevable car contrairement à une idée reçue car jamais un vent de sable aussi long et terrible soit-il a enseveli qui que ce soit et surtout pas 50 000 hommes.
Alors que veut dire cette histoire ?
En fait, il faut replacer l'évènement dans le reste du portrait qu'Hérodote fait de Cambyse : Hérodote nous a dépeint un roi dément, souffrant déjà d'épilepsie, ayant commis de nombreux sacrilèges. Les Grecs appelaient ce genre de comportement l'hybris, c'est à dire la démesure inspirée par les Dieux pour aveugler les hommes qu'ils veulent perdre. Mais il est vraisemblable qu'il ne s'agisse que de calomnies. Ce qui est important c'est de démontrer que Cambyse était un "mauvais" roi et qu'en conséquence il fut malchanceux et puni par les Dieux.
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"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron
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