J'ai entendu dire que les grecs regardaient avec condescendance les romains, avaient tendance à les regarder de haut et avec un certain mépris: qu'en est-il vraiment? Avez-vous des infos à ce sujet svp? :-)

Tous ce qui n'était pas grec était barbare!

Et pour faire suite à durallo,tout ce qui était barbare,donc non-Grec,était tenu dans un suprême mépris par les Grecs.
D'ailleurs je ne me souviens plus le noms de ce Grec qui a dit (je le cite de mémoire donc c'est normal que je ne retrouve pas les mots exactes):"Il y a autant de différence entre un Grec et un barbare,qu'entre un homme et un singe,car devant le Grec le barbare est semblable à un singe".
Je pense que cette phrase en dit beaucoup.

PS:En passant,quelqu'un pourrait-il me rappeller le noms du Grec qui a dit cela ?

Je suppose que les Grecs considéraient aussi les Romains en "copieurs" qui leur avaient volé leur culture, parce qu'ils n'en avaient pas (ce qui n'est pourtant pas tout à fait juste).

Fialin
(salamansar, nom ne prend pas de "s", à ce que je sais)

Mais cela était-il toujours vrai lors du plein épanouissement de la culture gréco-romaine? A l'apogée de l'Empire Romain? Pendant tous ces siècles?

C'était plutôt l'inverse. Les Romains rejetaient fortement ceux qu'ils appelaient les Graeculi, "les sous-grecs", orientaux qui parlaient le grec. Juvénal en témoigne clairement dans ses Satires. Si l'héritage grec est valorisé, les Grecs de l'époque impériale ne sont pas tellement appréciés des vieux-Romains.

Je ne sais pas si les Romains admiraient les Grecs de leur époque, mais ils adoraient les Grecs du temps de Socrates et de Platon. Et beaucoup de Romains instruits connaissaient l'Illiade et l'Odyssée d'Homère.

Fialin

Il me semble que c'est Isocrate qui dit qu'entre Grec et Barbare il n'y a pas moins de différence qu'entre l'homme et l'animal.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Il est tout à fait exact que les élites grecques soumises à Rome et contraintes, pour garder un peu d'influence, de collaborer au pouvoir romain, compensent en quelque sorte en regardant de haut la culture romaine. Au plus fort de la seconde sophistique, des intellectuels grecs romanisés et parfaitement bilingues comme Lucien, Arrien, Plutarque, s'inspirent sans cesse des réalités romaines et même des auteurs romains (Lucien a lu Juvénal de près, par exemple) tout en réussissant à ne jamais les citer, à faire comme s'ils n'existaient pas et comme s'il n'y avait jamais eu de littérature latine. A la fin du Ier siècle de notre ère, l'auteur du traité de théorie littéraire intitulé "Du sublime" qui nous est parvenu sous le nom de Longin vit très probablement à Rome et appartient à un salon littéraire romain ; pourtant, le seul auteur non grec qu'il cite est celui, hébreu, de la Genèse.

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Les Anciens, on leur fait hommage d'idées qu'ils n'ont jamais eues mais que l'on n'aurait pas eues sans eux (Jean Guitton)

Au début, la Grèce n'accorde aucune importance à Rome puis commence à se rendre compte de sa puissance lors de ses interventions dans des problèmes internes à la Grèce, car il fallait un arbitre.
Une fois conquise la Grèce va continuer à se considérer culturellement supérieure à Rome, ce qui lui permettra de garder une certaine supériorité sur son vainqueur.

De son côté, Rome méprise d'abord la Grèce (la barbe,que c'est ridicule) avant de progressivement la considérer comme un idéal culturel (double culture des letrrés romains). Une trace de cette mutation est Suétone qui montre comme ridicules les empereurs qui s'opposaient à la "grécisation" de la vie romaine.

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"La culture de la pomme de terre est un témoin géographique de la découverte de l'Amérique, comme celle de la betterave est une conséquence du Blocus continental"
* L.-E. Halkin

Les Romains ont-ils méprisé au début les Grecs? Cela me paraît presque impossible.

Fialin

En fait, il y avait une certaine méfiance de Rome vis-à-vis de l'étranger (voir un sujet que j'ai lancé dans ce forum), ce qui explique que même si les religions ou certains aspects de la culture étaient assez communs, le Grec en tant que tel était "méprisé".

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* L.-E. Halkin

Tous les grecs ne méprisaient pas les romains.
Polybe qui les a combattu à Pydna et qui a par la suite été retenu en otage en Italie a vanté les qualités des institutions et l'intelligence des élites romaines.

Oui, mais à l'époque de Polybe, Rome a écrasé les différentes révoltes grecques et commence à s'imprégner de la culture grecque. Dès lors, le mouvement de la grèce vers rome commence à s'imposer.

Mais malgré cela, la grande majorité des Grecs a très longtemps considéré les Romains comme des semi-barbares dont la puissance ne repose que sur la force brutale et non sur la culture.

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* L.-E. Halkin

L'héllénisation des élites romaines était déjà bien avancée dès le 3ème siècle av JC. Pensez à Livius Andronicus : un grec romanisé.

Et les élites romaines resteront de culture grecque. Les enfants des familles nobles romaines étaient élevés par des nourrices et des précepteurs qui parlaient grec. Leur langue natale était le grec. César n'a jamais prononcé "tu quoque filii", il a dit la même chose en grec.

Pour la période républicaine, je ne peux que vous renvoyer à l'excellent "Siècle des Scipions" de Pierre Grimal. Il explique de manière convaincante que ce qui a empêché la complète romanisation de Rome, c'est la 2ème guerre punique.

Jusqu'alors, Rome était engagée dans un processus d'héllénisation, renforcé par sa conquête de l'Italie du sud puis de la Sicile.
Mais avec les terribles défaites face à Hannibal, avec la défection des cités grecques d'Italie qui ont rejoint l'alliance punique, trahissant Rome, et enfin avec l'alliance entre Hannibal et Philippe V de Macédoine en 215, Rome a soudain vu les grecs comme des traîtres et des ennemis.
Elle a donc réactivé, par réflexe défensif, des valeurs culturelles purement romaines.