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Je ne pense pas Florian,il se peut que je me trompe,mais si je me souviens bien,les objets retrouvés dans Troie VII ( qui est celle de l'Iliade ), dénote une origine ethnique non-grecque;d'ailleurs dans un autre sujet sur le même forum,j'avais posé la question de quel était l'ethnie des Troyens,et Clio m'avait repondu qu'ils étaient probablement Louwites;ce qui est très probable,car on semble en effet oublier qu'à cette époque,Troie se trouvait sur le territoire de l'empire hittite,et le peuple qui habitait la région de Troie était celle des Louwites,vassaux des Hittites.Ce n'est que plus-tard que les Grecs vont s'installer sur les côtes de l'Anatolie.Et d'ailleurs ce n'est que dans Troie VIII qu'on retrouve des preuves de l'occupation grecque,et peut-ête aussi Troie IX,mais là je n'en suis pas sûr,mes souvenirs me font défaut.
Pour en revenir à la nature des Troyens (barbares ou Grecs), j'ajoute quelques remarques de Pierre Vidal-Naquet (in Le monde d'Homère):
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"Et les Troyens? Sont-ils pour le poète de l'Illiade des "Barbares"? Le mot lui-même est inconnu d'Homère. Plus exactement, quand il parle des Cariens de Milet, c'est-à-dire des proches voisins des Ioniens, il les qualifie de "barbarophones". C'est, si je puis dire, l'Ionien qui parle ainsi, non l'Achéen qu'il est censé mettre en scène. Rien de plus naturel. Le "barbare" est toujours le proche voisin qui ne parle pas votre langue. Les Russes par exemple, appellent leurs voisins allemands les "muets", c'est à dire ceux qui ne parlent pas russe.
Troyens et Achéens ne se différenciaient pas aussi nettement que, par exemple, les chrétiens et les Sarrasins dans La Chanson de Roland. Ils vénèrent les mêmes dieux et leur font des sacrifices. Il y a un sacntuaire d'Athéna à Troie, même si cette déesse est tout à fait hostile au Troyens. Il n'y a pas entre Achéens et Troyens le moindre problème de communication, la moindre allusion au fait qu'ils ne parleraient pas la même langue. Sans doute cela repose-t-il sur une convention épique. Après tout, Polyphème dans l'Odyssée parle lui aussi le grec.
Le nom d'Hector n'était aucunement dans les temps post-homériques celui d'un barbare. Un Hector a sans doute était roi de Chios. Il y avait un culte d'Hector à Thèbes et, à Thasos, île voisine des côtes de Thrace, une division de la cité portant le nom de "Priamides", ce qui a étonné l'archéologue qui a découvert l'existence de cette division sur une inscription.
Dans l'Illiade, il est bien dit au chant IV, au sujet de l'armée troyenne:
Tous n'ont pas même accent ni semblable parler: les langues sont mélangées; ce sont gens venus de tant de pays.
Mais Homère prend soin de distinguer les Troyens proprement dit de leurs alliés. Il en ainsi, par exemple, au chant X:
Nos illustres alliés, dit le Troyen Dolon, dorment; ils se fient, pour leur garde, aux Troyens. Ils n'ont point d'enfants ni de femmes établis à côté d'eux.
Là est effectivement la différence majeure. Les Troyens forment ce qu'il faut bien appeler une cité: des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants."
J'ajouterai pour ma part cette remarque: Homère et plus encore les auteurs classiques (notamment Sophocle dans
les Perses) tendent à décrire les Troyens comme des Perses (l'or chez Homère, l'habillement chez Sophocle). Cette assimilation des Troyens aux Perses n'est-elle pas le témoin d'un besoin de différencier artificiellement l'ennemi?