Les Jeux Néméens et les Jeux Isthmiques se déroulaient tous les deux ans, les références pour les époques hellénistiques et romaine sont suffisemment abondantes pour me convaincre que Puech ne raconte pas d'ânerie dans son intro à Pindare (je pense à Polybe sous Philippe V et aux campagnes romaines décrites contemporaines par Tite-Live, y en a assurément d'autres plus marquantes).
Pour les Jeux Pythiques, je me suis un peu echauffé (c'est le seul tome de Pindare qu'il me manque, snirf), effectivement, ils avaient lieu eux aussi tous les quatre ans.
De même, je retire mes doutes sur l'existence complète de la liste des vainqueurs olympiques. Naïvement, je m'imaginais que la date de 776 se rapportait à la création par Héraclès (quelle nouille hein! Ouai, je sais...)
Mais puisque tu cites Clio comme référence de base indiscutable, hop, je m'offre Wikipedia qui donne une chronologie des JO antiques (sans donner les sources, donc j'ignore ce que ça vaut).
Et là, il paraitraît que les Jeux Pythiques refondés en 586 auraient changé de rythme à cette date, passant de tous les huit ou neuf ans (?!) à tous les quatre ans, comme Olympie. Les Jeux isthmiques quant à eux seraient passés en 581 d'une fois tous les quatre ans à une fois tous les deux ans. Mais les références de telles affirmations ne sont pas données (c'est pas Pausanias en tout cas, j'y ai jeté un oeil). Comme quoi, il y a des précédents, on est dans le domaine du plausible, voire même pour les optimistes, du vraisemblable.
Par ailleurs, toujours selon Wikipedia (E. Levy doit pouvoir confirmer sur ce point, avec quelques références: quelqu'un l'a sous la main par hasard ?), les Spartiates dominaient largement les Jeux de la fin du VIIIe au début du VIe, avec plus de la moitié des victoires. Je veux bien croire que la société et l'éducation guerrière des Spartiates favorise la formation d'athlètes, mais mon petit doigt me dirait plutôt que la majorité des cités grecques hors du Péloponnèse se désintéressent de ces Jeux avant le VIe, et que la jolie histoire d'un concours bénit de Zeus qui unit l'ensemble de la Grèce dans une beau moment de recueillement religieux, culturel et sportif assortie d'une trève unanimement reconnue et respectée, et l'adoption en prime d'un joli calendrier commun, le tout sortit par la grâce du saint-es... euh du divin Zeus en l'année 776 avant son successeur... ben tout ça, ça fleure la fable à plein nez. Comme tout, il a fallut du temps à Olympie et à son clergé pour s'imposer, pour se populariser, etc. Et même pour s'organiser.
Ce qui renforce mes doutes quand à l'utilisation réelle par l'ensemble des Grecs de la chronologie olympique comme base du calendrier, surtout pour l'époque archaïque. Lacédémone n'utilise pas les Olympiades mais les règnes de ses rois, idem pour Sicyon; Athènes utilise ses archontes éponymes, pas les Olympiades, etc. Si les intervalles étaient différents aux VIIe et VIIIe, cela a pu passer inaperçu, puisque personne ne tenait les comptes à part les Prêtres de Zeus isolés dans leur sanctuaire. C'est seulement plus tard, quand des analistes ou des historiens ont voulu établir des chronologies communes à plusieurs états que s'est posé le problème d'une référence applicable à tous, et sont allés exhumer les premières listes Olympiques, dans lesquels ils auraient tenté de faire cohabiter avec plus ou moins de succès les chronologies locales.
Moralité, je m'amuse un peu à me faire l'avocat du diable dans ce euh..."débat" aujourd'hui, et mes reconstitutions improvisées à froid avec rien sous la main sont maladroites et naïves, certes.
Mais pas plus que de considérer: "puisque la situation est telle du VIe av. au IVe ap., alors il en a toujours été ainsi, Amen."En plus Clio le dit...
Coroibos est le premier vainqueur Olympique, OK. Mais non, ce n'est pas une date assurée pour autant.
A moins qu'une de tes sources (mais une vrai, hein, cette fois !) permettent de croiser deux chronologies indépendantes, par exemple un prince vainqueur à une course de char à telle ou telle Olympiade archaïque, dont l'existence est attestée par ailleurs dans une généalogie princière. Ou une concordance entre une victoire olympique et un évènement marquant, confirmé par l'archéologie, l'astronomie ou je ne sais quoi encore. Il y en a peut-être, j'en serais ravi, tout deviendrais beau, simple et limpide.
Mais en attendant cette preuve, douter et me montrer prudent à l'égard de cette sacro-sainte date et toutes celles qui en découlent pour la période archaïque me semble beaucoup plus sain que gober une Vérité caricaturée et prémâchée. Quitte à me planter (peut-être...), je ne regretterai pas de m'être questionné.
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