Je n'en suis pas convaincu, il ne pouvait en aucun cas être "l'homme charismatique qui les réunit", les uns comme les autres (démocrates et aristocrates) le jugent responsable de leurs déboires, et ne sont pas prêt de l'oublier.
Bien sûr, après la crise de 411, Athènes a besoin de ressouder sa population, et l'époque est au pardon des fautes passés, et Alcibiade comme les autres bénéficie de cette ambiance : on veut oublier quel salopard il a été... mais personne n'oublie. Alcibiade en est très conscient, il attend tout de même 4 ans avant de remettre les pieds dans la ville, quand bien même il passe tout ce temps comme un stratège élu... Quatre ans pendant lesquels il prépare patiemment l'opinion athénienne. La procession des mystères est une conséquence de son retour, non une cause. Mais aux premiers revers, où finalement il n'y est pas pour grand chose, tout son passé lui retombe brutalement sur le coin de la figure, et la baudruche se ratatine immédiatement; la déception ou la prise de conscience de leur fragilité est à la hauteur des espoirs démesurés qu'il avait dangereusement exploité, et les haines jusque là contenues sont immédiatement ravivées. En tout et pour tout, il n'est resté à Athènes que quelques mois, entre l'été et l'automne 407 ; il passe du statut de héros à celui de fuyard détesté, préférant prudemment et définitivement ne plus rentrer à Athènes bien qu'il ne soit victime d'aucun sanction pénale... Quelques jours ont suffit pour réduire à néant quatre années de propagande personnelle...
Ce n'est pas la tyrannie que les Athéniens détestaient et redoutaient quand ils lui tombent dessus, c'est Alcibiade lui-même, sa personnalité, son passé.
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