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 Sujet du message : La loi sur l'ostracisme
Message Publié : 20 Jan 2009 10:52 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 05 Jan 2009 18:49
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salut a tous,

je me demande bien a qui est réellement attribuer la loi sur l'ostracisme, selon Aristote dans l'Athenaion Politeia c'est le réformateur Clisthene mais pour d'autres atthidographe comme Androtion c'est une loi de l'ecclessia acquise beaucoup plus tard pour chasser les citoyens influents qui abuseraient de leurs pouvoirs pour instaurer la tyrannie.
Vous avez peut être des precisions


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 Sujet du message : Re: la loi sur l'ostracisme
Message Publié : 27 Jan 2009 23:36 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Androtion, cité par Harpocration (Traduction tirée de l’Encyclopédie de Diderot !), première moitié du IVe :
Hipparque était parent du tyran Pisistrate, et il fut le premier que l’on condamna au ban de l’ostracisme ; cette loi venait d’être établie, à cause du soupçon et de la crainte qu’on avait, qu’il ne se trouvât des gens qui voulussent imiter Pisistrate, qui ayant été à la tête des affaires de la république, et général d’armée, s’était fait tyran de la patrie.

Aristote, Constitution d’Athènes, 22.1-4 (seconde moitié du IVe av.) :
1. Après ces réformes la constitution fut beaucoup plus démocratique que celle de Solon. Il se trouvait en effet que les tyrans, en ne les appliquant pas, avaient comme abrogé les lois de Solon et que Clisthène en avait établi de nouvelles, où il se montrait préoccupé de gagner la foule : du nombre était la loi sur l'ostracisme. 2. D'abord, la cinquième année après que ces lois eurent été instituées, sous l'archontat d'Hermocréon [501/500], fut imposé au Conseil des Cinq-Cents le serment qu'il prête encore aujourd'hui. Ensuite on élut les stratèges par tribus, un par tribu; le polémarque avait encore le commandement de toute l'armée.
3. Onze ans après les Athéniens furent vainqueurs à Marathon, sous l'archontat de Phainippos [490/89]. Le peuple, que cette victoire avait enhardi, laissa pourtant passer deux années encore avant d'appliquer pour la première fois la loi sur l'ostracisme . Elle s avait été portée par défiance contre les chefs de parti trop puissants : on se souvenait que Pisistrate était chef du peuple et à la tête de l'armée, quand il avait établi sa tyrannie. 4. C'est un de ses parents qui fut le premier frappé, Hipparque, fils de Charmos, de Collytos : Clisthène l'avait surtout visé en instituant cette loi et voulait le proscrire. Les Athéniens, en effet, avec la douceur de leur caractère, avaient laissé les amis des tyrans vivre tranquillement dans la ville, ceux du moins qui, lors des troubles, n'avaient pas participé a leurs excès : ils avaient à leur tête et pour chef Hipparque.


Ce qui me saute au yeux, c’est la ressemblance des deux textes (en particulier la phrase faisant référence à Pisistrate, quasi recopiée mot pour mot, même si je n’ai pas pu consulter le texte grec d’Harpocration). Partant de là, il me semble assez évident qu’Aristote s’inspire d’Androtion . Faut-il alors imaginer que Aristote l’ai mal compris, où bien que Harpocration l’ai mal cité, en cherchant à l’abréger maladroitement ?

Ce qui gène, c’est le laps de temps selon Aristote entre la mise en place de la loi (en 507/6) et la première application, en 488, soit 18 ans plus tard. Mais est-ce vraiment incompatible ?
La loi est présentée comme une réaction à la tyrannie de Pisistrate, une protection pour éviter qu’un tel cas de figure se renouvelle. Une telle garantie n’aurait de sens qu’immédiatement après la mise en place de la démocratie. Donc bien en 507/6 sous l’archontat de Clisthène. Faut-il vraiment s’étonner qu’Hipparque se soit tenu tranquille tout ce temps, avec une telle épée de Damoclès sur la tête ? Pas vraiment me semble-t-il, d’autant que l’ostracisme est très rare et nécessite un soutien populaire quasi unanime. En 488, cette unanimité sera possible parce que Hipparque a médisé contre sa patrie en 490, les accusations de menace de la démocratie ont trouvé un argument irréfutable, et le quotas est obtenu.
Par ailleurs, Hipparque fut le premier ostracisé, mais rien n’indique que ce fut la première tentative d’ostracisme. On peut très bien imaginer qu’il a échappé dans les années précédentes à un vote dans lequel le quotas ne fut pas atteint (au grand dam de Clisthène).

Personnellement, je ne vois pas de raison de remettre en cause la chronologie aristotélicienne et la paternité de Clisthène.


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 Sujet du message : Re: La loi sur l'ostracisme
Message Publié : 28 Jan 2009 17:29 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 05 Jan 2009 18:49
Message(s) : 4
merci pour ces précisions j'ai lu un ouvrage de Claude Mossé les institutions grecques a l'époque classique et j ai mal assimilé la provenance de cette loi, j'ai vu après que Clisthène avait a l'esprit d'atténuer les sanctions a l'égard des Pisistratites, mais on peut douter de ses convictions politique il n'aurait pas de doctrine réellement démocratique , il a apparemment pris exemple sur Pisistrate en utilisant la force du démos pour assurer sa position et pour parachever l'exclusion de la tyrranie, avec l'appui de l'ecclesia qui est composé de grand orateurs issue souvent de l'aristocratie et de membres moins interressés par la vie de la cité souvent ivre et seulement motivé par l'obtention du misthos comme le dit Aristophane dans l'assemblée des femmes , mais on peut se demander si la democratie athenienne n'etait pas plutot un pouvoir oligarchique modéré.


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 Sujet du message : Re: La loi sur l'ostracisme
Message Publié : 29 Jan 2009 17:09 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
Message(s) : 2289
?? C’est bien la première fois que je vois Clisthène accusé de ne pas être démocrate mais d’avoir instauré un « pouvoir oligarchique modéré »…

A l’origine, la révolte contre les Pisistratides est une révolution aristocratique, qui avaient beaucoup perdu de leur influence lors de la tyrannie populiste de Pisistrate. Les oligarques, en la personne d’Isagoras, s’emparent du pouvoir avec l’appui de Sparte, exilent Clisthène et les démocrates, mais se heurtent à des résistances à la fois d’autres clans aristocratiques (les Alcméonides de Clisthène, les partisans des Pisistratides encore puissants) et de la pression populaire. Lâché par Sparte, Isagoras chute et est exilé à son tour avec ses partisans tandis que Clisthène est de retour.

Premier point, Clisthène, mis à part son archontat de 507, n’exerce apparemment aucune autre magistrature. Les décisions sont donc prises par l’ecclésia. Pisitrate ne réunissait pas l’ecclesia, ou du très rarement. Certes, Clisthène s’est appuyé sur le peuple (évidemment puisqu’il est démocrate), mais la comparaison s’arrête là : il n’a en aucun cas « assuré sa position » puisque son statut personnel n’a pas bougé, qu’il n’a pas exercé davantage de magistratures, et que sa famille (les Alcméonides) perd avec le nouveau système électoral l’influence qu’elle pouvait espérer avoir dans le système de Solon. Son influence politique repose uniquement sur ses talents d’orateur et sa faculté de convaincre : ce qui est le propre de la démocratie… D’ailleurs sa vie est très peu connue en dehors de cette série de réforme.

Second point : avant Clisthène, les bouleutes sont élus dans le cadre des phratries, à base territoriales et gentilices, donc aux mains des aristocrates locaux. Clisthène remplace ces vieilles circonscriptions electorales par de nouvelles, autrement dit, détruit l’assise aristocratique du régime de Solon, et les remplace par de nouvelles circonscriptions, purement territoriales mais non plus homogène (dèmes – trittyes - tribus), donc non dominés par une ou plusieurs familles riches et puissantes. Cette réforme n’a absolument rien d’oligarchique, et est la condition sine qua non de l’instauration d’une égalité politique entre les citoyens.

Troisième point : avant Clisthène, le pouvoir politique est répartit selon les classes censitaires. Les archontes étaient choisis dans la plus haute classe, au sein des tribus (circonscription à base alors territoriale et gentilice) ; le recrutement est alors élargit aux autres classes sociales à l’exception des zeugites, et surtout l’élection ne se fait plus sur critère gentilice. Quant à la Boulè, elle aussi est recrutée au sein de ces tribus sur critère censitaire, elle devient dorénavant ouverte à tous par tirage au sort au sein des nouvelles tribus clisthéniennes. Enfin et surtout, le pouvoir de décision est transféré à l’Ecclésia, au dépend du Boulè.

Au final, le seul élément encore un poil aristocratique (et absolument pas oligarchique, la nuance est sérieusement de taille), c’est les archontes et le pouvoir de l’Aréopage, composé des anciens archontes, donc zeugites exclus, et qui conservait un rôle de contrôle en sus de ses responsabilités judiciaire, et un prestige important. Mais même eux se voient leur recrutement démocratisé par rapport à la situation antérieure.
Dès 487, ils seront tirés au sort et non plus élus.

Vu l’ampleur des réformes, j’ai du mal à comprendre qu’on lui renie ses convictions démocratiques, et qu’on tente de le faire passer pour un oligarque. Pire, qu’on le compare à un « tyran », certes sympathique (Pisistrate), mais qui a privé toutes les institutions de leur pouvoir, soit en les peuplant de ses propres créatures, soit en négligeant de les réunir. J’ai du mal à voir le rapport avec Clisthène…

Quant à la caricature d’assemblée présentée… une masse d’ivrogne sans scrupule qui ne s’intéressent pas le moins du monde à la cité mais qu’au seul misthos… Rappelons que Aristophane est un Comique, qui s’amuse à se moquer de ses contemporains en mettant le doigts sur le moindre défaut, qu’il outre au maximum (ce qui est le principe d’une comédie, tout de même). Il ne dépeint la réalité qu’à travers le miroir très déformant de son humour et de son humeur, et donc n’est pas à prendre au sens propre sans la moindre nuance. Surtout qu’il se montre souvent critique envers les dérives démocratiques et passablement méprisant envers les plus pauvres, bref qu’il n’est pas lui-même un démocrate forcené.
Quant au misthos, il ne fut instauré au bénéfice des juges tout d’abord que par Périclès au milieu du Ve, et ce n’est qu’au IVe siècle qu’il est étendu à l’ecclésia. Clisthène n’a donc rien à y voir… Au passage, rappelons que la population citoyenne d’Athènes au IVe est pratiquement divisée par deux par rapport à celle du Ve, d’où les difficultés pour obtenir des quotas, et la nécessité d’attirer les plus pauvres, qui sans misthos seraient exclus de fait des délibérations (qui durent toute la journée tout de même).

Je n’ai pas lu le manuel de Mossé, mais là, je suis un peu abasourdi par la manière dont il présente les chose. Quelle est l’impression des autres lecteurs ?


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