Vu la variété des traductions proposées pour ce passage, le mot pose de toute façon problème.
Mais je suis a peu près sûr de moi sur ce coup. En premier lieu, je m'inspirait justement de l'opposition avec pro. Mon Gaffiot me donne un exemple parlant dans l'Iliade, XIII.800 :
hôs Trôes pro men alloi, autar ep' alloi "ainsi les Troyens, les uns en avant, les autres par derrière"

Et surtout, en cherchant des expressions identiques dans le même contexte, j'ai trouvé dans Pausanias (contemporain d'Arrien) la même expression, dont le contexte ne laisse aucun doute quant à leur position en arrière du front : Pausanias, IV.8.12 : τῶν δὲ Μεσσηνίων οἱ ψιλοὶ καὶ οἱ παρὰ Λακεδαιμονίοις Κρῆτες οὐδὲ συνέμιξαν ἀρχήν· τῷ γὰρ πεζῷ τῷ σφετέρῳ κατὰ τρόπον ἔτι ἑκάτεροι τὸν ἀρχαῖον ἐπετάχθησαν.
Quant aux psiloi des Messéniens, et les Crétois des Lacédémoniens, ils ne furent pas du tout engagés, parce que suivant l'usage d'alors, ils avaient été placé en réserve derrière leur propre infanterie.

D'accord, et en effet, chez Arrien même, un peu avant, il utilise la même expression pour évoquer les 20.000 hommes de Darius postés sur la crète, sur le flanc droit d'Alexandre et, à cause du relief, donnant également sur l'arrière.

Autre question. Tu dis qu'Erigyios est envoyé pacifier les dernières poches de résistance en Syrie alors qu'Alexandre se dirige vers l'Egypte. Je n'ai pas trouvé mention de cet épisode ni dans Arrien, ni dans Diodore ou même Quinte Curce. Quelle est ta source ?

Arrien, Anabase, II.13.7 :
Alexandre nomma satrape de la Coïlé-Syrie Ménon, fils de Cerdimmas, en lui donnant, pour assurer la garde du pays, la cavalerie alliée, puis il gagna la Phénicie.

Erigyios commande la cavalerie alliée juste avant à Issos ; Erigyios commande toujours la cavalerie alliée plus tard à Arbelès en 331, et il n'est fait nulle part mention d'Erigyios en Phénicie et pendant le séjour d'Egypte. Donc Erigyios commande la pacification de la Syrie (qui n'a été qu'effleurée par Alexandre, en particulier avec la prise de Damas juste après la bataille) ; mais tout le reste reste à faire, et ce ne sera pas chose facile... un certain Andromachos, gouverneur de Syrie, sera brûlé vif par les Samaritains fin 332 ou début 331... Il faudrait que je creuse un peu tout ça, je ne me suis pas trop appesanti sur les remous de la Syrie sous Alexandre (avec la possibilité que le Menon d'Arrien soit identique avec le Memnon de Quinte-Curce qui remplace Aristomachos, ce qui bouleverserait la chronologie et ferait participer Erigyios et ses hommes à la campagne d'Egypte, et ne seraient envoyé en Syrie que très peu de temps pour rétablir l'ordre, car Alexandre est alors déjà prêt à marcher sur la Mésopotamie, mais je n'y crois guère).

Est-on sur que l'on a affaire ici au contingent allié grec ?

Parce que par exemple chez Arrien toujours, il est question à Gaugamèles de :

καὶ ἱππεῖς ἐχόμενοι αὐτοῦ οἱ ξύμμαχοι, ὧν ἡγεῖτο Ἐριγύϊος ὁ Λαρίχου (Arrien, III, 11, 10)

et

καὶ ἐπὶ τούτοις οἱ ξύμμαχοι ἱππεῖς, ὧν ἦρχε Κοίρανος (Arrien, III, 12, 4)


Puisqu'il n'est pas question du chef, comment peut-on les distinguer ?

Il est possible que ce soit deux troupes séparée, mais pas obligatoirement : la troupe d'Erigiyos a pu être divisée pour des besoins tactiques (comme la cavalerie mercenaire, elle aussi divisée en deux corps, l'un à droite l'autre à gauche), ou bien la séparation se fait sur les compétences.
- les deux troupes, celles d'Erigyios et celle de Coiranos, sont placées tout deux à l'aile gauche, avec Parménion.
- leur armement peut différer : le corps d'Erigyios combat aux côté des Thessaliens, ce qui suppose une cavalerie lourde, de choc. A l'inverse, Coiranos combat aux côtés des cavaliers odryses, en compagnie de l'infanterie légère thrace, ce qui m'amène à penser qu'il s'agit peut-être de cavalerie légère. Or les contingents alliés étant variés, la coexistence de cavalerie lourde et légère au sein de l'unité d'Erigyios n'est pas à proscrire.

Une autre possibilité est que le contingent de Coiranos fasse partie de renforts nouvellement arrivés, encore mal formés et/ou intégrés, qu'Alexandre préfère assigner à un rôle de soutien plutôt que des les envoyer en première ligne. Arrien signale des renforts en Egypte (des mercenaires grecs et thraces envoyés par Antipatros. Pour une fois ! Il est rare qu'une de nos source prenne la peine de nous les signaler).

A remarque au passage que Diodore et Quinte-Curce signalent bien le contingent d'Erigiyos, sa place et sa composition, mais pas celui de Coiranos, qui doit être très petit.

En tout cas, je ne pense pas que cela pose un problème d'identification entre la troupe d'Erigyios et celle envoyée pacifier la Syrie : Coiranos peut être tout simplement un adjoint, sinon un rendort récent qui n'était pas encore arrivé lors des opérations en Syrie. D'ailleurs, je ne crois pas que le nom cet officier réapparaissent ailleurs dans l'aventure (à vérifier).