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Message Publié : 26 Août 2009 16:27 
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Thucydide
Thucydide

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Bonjour tout le monde.

Je m'interrèse beaucoup au cheval et à la Grèce Antique, et je me pose plusieurs questions sur l'élevage et l'utilité de la "plus noble conquête de l'homme" chez les grecs.
Voila, si j'ai bien compris tout ce que j'ai pu trouver sur internet et dans les livres, le cheval était utilisé pour la guerre, le transport de marchandises, le sport avec les courses de chars (où était-ce plus chez les romains). Et il a une grande place dans la mythologie: le cheval de Troie, Pégase, les chevaux d'Hermès et d'Helios, les centaures, Les juments carnivores de Diomède (Bucéphale, le cheval d'Alexandre, ferait d'ailleurs parti de leurs descendances), etc...

Mais d'où venaient tous ces chevaux?
Y avait-il des élevages ou étaient-ce des chevaux sauvages domestiqués?
Pouvait-on vraiment s'enrichir en élevant des chevaux et en les revendant?
Des éleveurs pouvaient-ils suivre une armée pour lui fournir des chevaux?
Existait-il aussi d'autres sports ou jeux avec des chevaux, autres que des courses?
Il y a-t-il des personnages de l'histoire qui se sont fait remarquer grace au cheval?

merci d'avance pour vos réponses!


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Message Publié : 26 Août 2009 16:55 
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Hérodote
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Bonsoir,

Alexandre et Bucéphale ?

A bientôt
Alexis

_________________
Ma devise ? Alea jacta est...

Mon modeste blog historico-généalogique:
http://www.genealexis.fr


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Message Publié : 26 Août 2009 19:18 
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Bill Tenshi-Koi a écrit :
Bonjour tout le monde.

Je m'interrèse beaucoup au cheval et à la Grèce Antique, et je me pose plusieurs questions sur l'élevage et l'utilité de la "plus noble conquête de l'homme" chez les grecs.
Voila, si j'ai bien compris tout ce que j'ai pu trouver sur internet et dans les livres, le cheval était utilisé pour la guerre, le transport de marchandises, le sport avec les courses de chars (où était-ce plus chez les romains). Et il a une grande place dans la mythologie: le cheval de Troie, Pégase, les chevaux d'Hermès et d'Helios, les centaures, Les juments carnivores de Diomède (Bucéphale, le cheval d'Alexandre, ferait d'ailleurs parti de leurs descendances), etc...

Mais d'où venaient tous ces chevaux?
Y avait-il des élevages ou étaient-ce des chevaux sauvages domestiqués?
Pouvait-on vraiment s'enrichir en élevant des chevaux et en les revendant?
Des éleveurs pouvaient-ils suivre une armée pour lui fournir des chevaux?
Existait-il aussi d'autres sports ou jeux avec des chevaux, autres que des courses?
Il y a-t-il des personnages de l'histoire qui se sont fait remarquer grace au cheval?

merci d'avance pour vos réponses!


Le cheval était utilisé exclusivement pour la guerre oui mais pas massivement. Pas de cheval de trait en Grèce. Un cheval coûte cher à entretenir en fourrage, qui n'est pas très fréquent sous le climat méditerranéen. Posséder un cheval était un signe de richesse et appartenir à la cavalerie une distinction sociale. Le soldat grec est un fantassin (hoplite) habitué à porter un lourd équipement. A l'époque archaïque, la scène classique que nous renvoie l'épopée homérique est celle où le cheval est réservé au noble guerrier, il est attelé à un char, mais celui-ci ne sert que pour se déplacer à l'encontre de l'ennemi, puis le héros descend de son char et affronte son adversaire en duel, mais à pied. A l'époque classique, la Thessalie était l’une des rares régions de Grèce où l’on pouvait pratiquer l’élevage des chevaux, en conséquence, les Thessaliens disposèrent d’une importante cavalerie. Globalement, les effectifs restent très modestes. La cavalerie macédonienne existe parce que la Macédoine est déjà une région plus propice à l'élevage.

Les chevaux proviennent de l'élevage, ils sont domestiqués. Les chevaux sauvages n'existent que dans les steppes d'Asie centrale, seuls les Barbares pratiquent la capture. Je n'ai pas souvenir d'un commerce de chevaux entre Barbares (Scythes par exemple) et Grecs, à vérifier, mais me semble peu probable.

La rareté et la noblesse de l'animal expliquent en partie son poids dans la mythologie grecque, c'est forcément un animal avec une aura semi-divine, l'apanage des héros (demi-dieux) et des dieux.

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"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron


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Message Publié : 26 Août 2009 21:16 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 29 Jan 2009 19:44
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merci beaucoup!!

Donc, il y avait plus de chevaux et d'élevage en macédoine à cause du climat? être un éleveur signifiait donc être très riche et/ou puissant?


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Message Publié : 28 Août 2009 10:42 
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Plutarque
Plutarque

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Bill Tenshi-Koi a écrit :
merci beaucoup!!

Donc, il y avait plus de chevaux et d'élevage en macédoine à cause du climat? être un éleveur signifiait donc être très riche et/ou puissant?


A cause du climat (un peu moins sec), les pâturages sont beaucoup plus verts. La Thessalie quant à elle est soumis a un climat lui aussi plus clément, mais la présence de plaine favorise aussi l'élevage.

Et à l'époque, les cavaliers n'étaient pas forcément bien vus par les hoplites. Un hoplite était plus respecté (d'un point de vue tradition) qu'un cavalier.

L'équipement d'alors n'était pas non plus le même qu'aujourd'hui. Pas de selle, ni d'étriers... donc c'est forcément plus dur au moment de charger un groupe d'hoplite.


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Message Publié : 28 Août 2009 17:07 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 29 Jan 2009 19:44
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je vois... donc le fait que le cheval était un symbole de richesse, on ne le préfèrait pas au hoplite... Interrèsant! ^^

merci


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Message Publié : 31 Août 2009 9:12 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Pour connaitre le cheval grec, je ne peux que renvoyer à l'incontournable Traité d'Equitation de Xénophon.
Intéressante aussi, une thèse de doctorat vétérinaire de 2001, de Mme Ménard, consacrée à l'étude de quelques fragments d'Apsyrtos et Théomnestos, extraits traduits pour la cause.
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/asclepiades/pdf/dmenard.pdf

Bill a écrit :
Y avait-il des élevages

Sans doute, mais sans certitude absolue, cela dépend de l'ampleur auquel tu réserves le mot "élevage". En tout cas, Xénophon déconseille au cavalier d’élever lui-même un poulain et invite à confier cette tâche à un professionnel, qui fait donc figure d’éleveur (avec contrat écrit et tout le tsoin-tsoin) et s’occupait sans doute de plusieurs poulains pour différents maîtres. Par ailleurs, toujours à Athènes, le cheval était fournit par l’Etat, ce qui suppose l’existence de Haras publics, attestés à coup sûr à l’époque hellénistique dans les monarchies macédoniennes.

Bill a écrit :
Pouvait-on vraiment s'enrichir

Assurément, un bon cheval coûte une fortune ! Par exemple Philonicos, qui vend Bucéphale à Philippe pour Alexandre, empoche la modique somme de … 13 talents !! Les chevaux de courses réputés atteignaient eux aussi des records, en particulier pour les champions au pedigree bien établit… Je songe aux attelages d'Alcibiade par exemple.
Par ailleurs, la consommation de chevaux en temps de guerre était très importante, par conséquent, les prix devaient grimper et le marché en une telle époque particulièrement juteux.

Bill a écrit :
Des éleveurs pouvaient-ils suivre une armée pour lui fournir des chevaux?

Non, ce n’est pas le rôle de l’éleveur, mais des marchands servent d’intermédiaire. Par ailleurs, chaque armée (en tout cas l’armée macédonienne sous Alexandre) dispose d’un officier chargé de collecter des chevaux et de les répartir au sein des unités, il avait même pouvoir en cas de nécessité de confisquer au nom du roi les officiers bien pourvus pour les répartir (cf. la défense d’Amyntas lors du procès de Philotas).

Bill a écrit :
Existait-il aussi d'autres sports ou jeux avec des chevaux, autres que des courses?

Les jeux d'adresse étaient courant, pour les chars comme pour les cavaliers. Xénophon donne quelques exemple aussi de combats simulés.

Clio a écrit :
Pas de cheval de trait en Grèce.

Je ne serais pas aussi catégorique. Le cheval n’est pas exclusivement réservé à la guerre; même s’ils sont rares, ses emplois comme bête de somme ou de trait sont attestés (je songe de mémoire à certaines scènes de labours de Xénophon). Il est vrai cependant qu’il n’y a pas à ma connaissance de race spécifique réservés à cet emploi, et que d’une manière générale, le mulet plus résistant et moins difficile remplit ces tâches ingrates.

Clio a écrit :
A l'époque classique, la Thessalie était l’une des rares régions de Grèce où l’on pouvait pratiquer l’élevage des chevaux

L’élevage est universel dans le monde grec (ainsi, les coursiers laconiens ou attiques étaient réputés), simplement certaines régions se prêtaient mieux à un élevage massif, combinant pâturages verdoyants et plaine. Mais la Thessalie n’en a pas l’exclusivité : la Béotie a toujours été une terre à chevaux, la cavalerie aitolienne est réputée, sans oublier pour le monde colonial les célèbres Tarentins qui donnèrent leur nom à un type d’unité de combat, ou la Sicile qui entretient tout au long de son histoire de gros corps de cavalerie lourde et légère.
Par ailleurs, il me semble que le nombre et la réputation de la cavalerie thessalienne tienne au moins autant à des critères politiques (très vieilles oligarchies) qu’à des critères naturels, l’un et l’autre de toute façon liées.

Clio a écrit :
les effectifs restent très modestes

C’est discutable. Cela dépend en fait de l’échelle de comparaison. Par rapport à l’Italie, la Grèce n’a pas vraiment à rougir.
L’armée athénienne maintient un rapport de 1/10 par rapport aux hoplites, à peu près autant que la Macédoine, tandis que en Béotie ou en Thessalie, le rapport se monte à 1/8 et 1/6 (de mémoire). Finalement, seul le Péloponnèse, encore et toujours, se différentie par l’énorme disproportion par rapport aux hoplites. Par ailleurs, si l’infanterie reste toujours largement dominante, même en Thessalie, les effectifs sont finalement tout à fait honorables. 1000 à 1200 cavaliers pour la seule cité d’Athènes. 1800 cavaliers thessaliens accompagnent Alexandre, ce qui suppose au moins un chiffre équivalent restés au pays. Pour la Macédoine, 2400 Compagnons, auxquels s’ajoutent les Prodromoi eux aussi (en partie) macédoniens. A comparer par exemple aux effectifs de cavalerie romaine à l’époque républicaine.
Ce n’est pas des armées de cavaliers, certes, mais elle n’est pas aussi négligeable que l’on voudrait le croire. Ce sont nos sources centrées sur le Péloponnèse qui sont trompeuses. Par exemple, à Platée, la cavalerie grecque saura brillamment se distinguer, mais dans les rangs perses : les cavaliers Béotiens écraseront les hoplites Mégariens.

Clio a écrit :
Je n'ai pas souvenir d'un commerce de chevaux entre Barbares (Scythes par exemple) et Grecs

Moi non plus… mais cela me semble au contraire très probable, en particulier dans les ports du Bosphore. Par contre, je me rappelle les raids de pillages de Philippe en Scythie ou contre les Gètes, qui n’ont d’autre buts que de rafler d’énormes troupeaux de chevaux (de mémoire, un raid lui rapporta pas moins de 20 000 chevaux….) convoyés immédiatement vers l’intérieur. Preuve que la demande est très forte, et qu’à défaut de guerre, le commerce doit y suppléer.

Bob a écrit :
Et à l'époque, les cavaliers n'étaient pas forcément bien vus par les hoplites. Un hoplite était plus respecté (d'un point de vue tradition) qu'un cavalier.

Ca par contre, je suis très dubitatif, hormis le cas lacédémonien, qui méprise effectivement une arme où l’individu prime sur le collectif de la phalange. Aurais-tu des exemples hors Laconie Bob ?


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Message Publié : 31 Août 2009 10:16 
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Thucydide
Thucydide

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Merci beaucoup Thersite! C'est beaucoup plus clair maintenant (enfin pour moi ^^)

mais dit moi, je n'ai pas compris le passage où tu parles du procès de Philotas...
Quel est le rapport entre les chevaux et la défense d'Amyntas?
Si mes souvenirs sont bons, Philotas était Commandant de la cavalerie mais je ne vois pas ce que peux bien faire Amyntas ici.


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Message Publié : 31 Août 2009 11:55 
Je suis d'accord avec la plupart des commentaire ci-dessous - une petite correction: le royaume de Macédoine originel n'avait pas beaucoup de pâturages à cette époque car la géographie n'était identique de la moderne : en effet aujourd'hui ça existe des plaines avec pâturage à cause des dispositions des rivières. A cette époque la plupart des plaines étaient non-existent ou simplement des marécages. La seule région en Grèce avec une terre plane étaient la Thessalie ce qui faisaient les Thessaliens une culture spéciale ressamblant en terms militaires plus les riches Perses et leur cavalerie et moins les Grecs. En effet, juste avant l'ascension de Philippe II, les Thessaliens avaient développé une cavalerie formidable (pour les standards Grecs bien sur!), et ils ont était en train de augmenter leur influence politique sur une grande partie de la Grèce ce qui a pousser Isocrate, qui cherchait un leader fort pour unifier les Grecs, de le contacter. Et Jason avait déjà parler pour une campagne pan-hellénique contre les ennemis Perses. On ne parle pas beaucoup aujourd'hui de lui mais en réalité il a été une figure très important à son temps et apparemment son travail innovateur à l'armée Thessalien avec la développement des nouveaux types d'armes et l'utilisation extensive des chevaux a influencé l'armée macédonien peut être plus que l'armée des Thèbes (ce qu'on aime à répéter - pourtant les tactiques de Philippe n'avaient aucune lien avec les tactiques de Epameinondas). En plus il a été un homme politique de très haut niveau, respecté par amis et ennemis donc on ne sait pas de ce qui pourrait avoir fait s'il n'était pas assassiné (son fils il n'a pas suivi son exemple).

Donc quand les Macédoniens ont intégré la Thessalie dans leur sphère ils ont intégré toute cette bonne travail dans leur armée - et c'était la cavalerie qui vraiment faisait la différence, sans laquelle l'armée Macédonienne était mutilée. Noter que dans toutes les batailles d'Alexandre cette la cavalerie qui tournait les fortunes de la bataille pas les phalanges, ensuite, les 2 fois que l'armée Macédonienne a connu la défaite contre les Romains était à cause de la trahison de la cavalerie qui n'est pas entré dans la bataille. Donc voilà la difference que la cavalerie faisait.


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Message Publié : 31 Août 2009 11:57 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Bill a écrit :
Quel est le rapport entre les chevaux et la défense d'Amyntas?

Philotas entraîne dans sa chute non seulement son père, mais tout le clan. Il s'ensuit une vague de procès concernant tous ses proches, et en particulier, pour ce qui nous concerne, les fils d'Androménès et tout particulièrement Amyntas (chef d'une Taxis, haut personnage donc), qui va plaider victorieusement sa cause.
Or un de ses accusateurs est justement Antiphane, l'officier chargé de fournir l'armée royale en chevaux. Grâce à ce témoignage transmis par Quinte Curce, son office et ses pouvoirs sont un peu détaillés.
Quinte Curce, VII.1.15sq.:
15 Outre cela, la veille de la découverte du complot de Philotas, Antiphane, le fourrier de la cavalerie, ayant requis Amyntas de donner de ses chevaux, selon l'usage, à ceux qui avaient perdu les leurs, Amyntas lui avait fièrement répondu que, s'il ne renonçait à sa demande, il apprendrait bientôt qui il était. 16 La violence de son langage, l'audace des invectives qu'il lançait contre son roi n'étaient-elles pas autant de révélations et de témoignages de ses intentions criminelles ? Si tout cela était vrai, ils méritaient le même supplice que Philotas ; si ce n'était que faussetés, il exigeait qu'ils les réfutassent. 17 On amène ensuite Antiphane, qui témoigne du refus des chevaux et des menaces hautaines qui l'ont accompagné. Amyntas reçut alors la permission de parler : [...] 32 Mais, ajoute-t-on, nous n'avons pas voulu donner de chevaux à Antiphane ? Et c'est encore la veille du jour où Philotas a été découvert que j'eus avec Antiphane cette affaire ? Si cependant celui-ci prétend nous rendre suspects, pour lui avoir refusé ce jour-là des chevaux, je ne sais comment il pourra se justifier lui-même de les avoir demandés. 33 Entre celui qui exige et celui qui s'abstient de donner, le débat est douteux ; avec cette différence toutefois, que garder son bien est plus excusable que de prétendre à celui d'autrui. 34 Le fait est, prince, que j'ai eu jusqu'à dix chevaux : de ces chevaux, Antiphane en avait déjà distribué huit à ceux qui avaient perdu les leurs ; il ne m'en restait plus que deux : ce sont ceux-là que voulait m'enlever cet homme plein de hauteur ou du moins d'injustice dans ses prétentions ; et à moins de me résoudre à combattre à pied, j'étais bien forcé de les retenir. 35 Et je ne me défends pas d'avoir parlé avec l'énergie d'une âme libre à un lâche dont tout le service à la guerre est de distribuer les chevaux des autres à ceux qui vont combattre, puisque enfin je suis arrivé à cet excès de misère, qu'il me faut rendre compte de mes paroles en même temps à Alexandre et à Antiphane !


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Message Publié : 31 Août 2009 12:20 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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ene a écrit :
le royaume de Macédoine originel n'avait pas beaucoup de pâturages à cette époque car la géographie n'était identique de la moderne : en effet aujourd'hui ça existe des plaines avec pâturage à cause des dispositions des rivières. A cette époque la plupart des plaines étaient non-existent ou simplement des marécages.

Oui et non. C’est vrai que les alluvions ont empiété sur le golfe Mélas depuis cette époque et le trait du rivage a été assez sérieusement modifié, cependant, à l’échelle de la plaine, cela reste assez secondaire et elle demeurait une des plus imposantes de la Péninsule. Pareil pour le lac marécageux qui s’étendait entre l’Haliacmon et le Lydias, il n’englobe pas non plus la majorité de la plaine. C’est un peu l’équivalent du lac Copaïs en Béotie, tant en superficie qu’en nature, plus marécage que lac. Il baigne Pella, mais ni Berrhoé ni Aigai, etc.

Tu as raison de mettre en valeur le rôle de Jason, qui pourrait être le réformateur de talent à l’origine de la formation en losange qui fit la spécificité et la gloire de la cavalerie thessalienne au IVe (au conditionnel cependant, les sources ne sont pas claires ; je songe en particulier à Elien, qui me semble davantage faire remonter l’invention au mythique Jason des Argonautes, puisqu’il fait un parallèle avec la formation des escadrons arméniens).
Par contre, l’influence sur la cavalerie macédonienne, réformée sous Philippe II, me semble douteuse. Ce dernier s’inspire non du rhombe thessalien mais de la formation en triangle des Thraces (auxquels il emprunte également la sarisse, soit dit en passant).
De plus, tu sous-estimes la cavalerie macédonienne. Ils n’ont pas attendu la soumission de la Thessalie pour s’y intéresser, bien au contraire. Dès que nos sources font état de l’armée des rois de Macédoine, il font référence à la cavalerie, et non à l’infanterie. En particulier, l’exemple de Perdiccas résistant à l’invasion odryse de Sitalcès est particulièrement éclairant : c’est la cavalerie macédonienne qui est au cœur de la résistance, surpassant ses adversaires mais impuissante face à la masse odryse. De même, le roi ou les divers nobles révoltés comme Derdas qui combattent de temps à autre aux côtés des Athéniens ou des Lacédémoniens lors de la guerre du Péloponnèse sont systématiquement des corps de cavaliers.


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Message Publié : 31 Août 2009 13:28 
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Plutarque
Plutarque

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Thersite a écrit :
Bob a écrit :
Et à l'époque, les cavaliers n'étaient pas forcément bien vus par les hoplites. Un hoplite était plus respecté (d'un point de vue tradition) qu'un cavalier.

Ca par contre, je suis très dubitatif, hormis le cas lacédémonien, qui méprise effectivement une arme où l’individu prime sur le collectif de la phalange. Aurais-tu des exemples hors Laconie Bob ?


Je me souviens d'avoir lu ça dans le "La guerre du Péloponnèse" de Hanson. Il citait en exemple les Lacédemoniens pour leur mépris de la cavalerie.
Il cite également Athènes où les tensions sont nombreuses entre les riches propriétaires terriens (constituant la cavalerie) et les hoplites (le peuple). Mais dans ce cas là ces tensions sont dues au refus des hoplites d'affronter l'armée Lacédémonienne devant les murs d'Athènes pendant que ceux-ci ravagent les alentours (propriétés des partisans de la cavalerie).

Au cours de cette lecture, j'ai remarqué que la cavalerie intervient relativement peu au début du conflit, ou du moins est moins représentée dans les sources comme une force de frappe indispensable à une bataille d'hoplites (cela est peu être dû aux sources ou à une mauvaise interprétation de ma part).

Par contre plus le conflit s'éternise et plus les références à la cavalerie augmentent, c'est le cas de la campagne de Sicile (désastre Athénien) où l'importance de la cavalerie saute aux yeux. Dans plusieurs autres batailles (dont j'ai oublié le nom) la cavalerie intervient de manière décisive pour la suite du combat.

Tout cela est peut être dû à une mauvaise interprétation de ma part... Je vais me replonger dans cet ouvrage afin de détailler un peu plus cela.


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Message Publié : 31 Août 2009 14:53 
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Plutarque
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Bob Kelso a écrit :
Il cite également Athènes où les tensions sont nombreuses entre les riches propriétaires terriens (constituant la cavalerie) et les hoplites (le peuple). Mais dans ce cas là ces tensions sont dues au refus des hoplites d'affronter l'armée Lacédémonienne devant les murs d'Athènes pendant que ceux-ci ravagent les alentours (propriétés des partisans de la cavalerie).


A confirmer (dès que je rentre).


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Message Publié : 31 Août 2009 20:38 
Thersite, merci pour les remarques - ton avis toujours très intéressent. J'avait toujours l'opinion que l'armée Macédonien avant les reformes de Philippe était un peu "rigolo" (façon homérique etc.) mais peut être j'était excessif à ça.

En plus, bien que j'étais très informé de l'influence des armées des Thraces sur l'armée des Macédoniens, vraiment j'ai manqué ce détail de la sarissa avoir été utilisé auparavant par les Thraces. J'ai eu toujours l'impression que les Thraces préféraient les formations plûtot "flottants". Peut être un stéréotype bien comme le stéreotype que tous les Grecs combattaient en formations denses. Est-qu'on connait le façon que les Thraces utilisaient cet arme impressionante?


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Message Publié : 31 Août 2009 22:38 
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Pierre de L'Estoile
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Bob a écrit :
Je me souviens d'avoir lu ça dans le "La guerre du Péloponnèse" de Hanson. Il citait en exemple les Lacédemoniens pour leur mépris de la cavalerie.

Je ne suis pas du tout d’accord avec Hanson. Généraliser le cas Spartiate pour en tirer une « loi » générale, alors que ces derniers s’évertuent systématiquement à se démarquer voire à prendre le contre-pied de ce que font les voisins (et plus le temps passe, pire c’est), me semble assez aberrent.
Quant aux Athéniens, là aussi je ne peux que m’y opposer. Les premières victimes des ravages de l’Attique ne sont pas tant les grands propriétaires que les petits, c'est-à-dire justement les Hoplites (cf. les Acharniens d’Aristophane, où les vieux Marathonaques exigent le combat pour venger leurs champs ravagés). Les cavaliers s’opposent aux démagogues comme Cléon, c'est-à-dire aux thètes, et cela se soldera au final par l’alliance des Cavaliers et des Hoplites contre les Marins, concrétisée par les révolutions oligarchiques tandis que la marine de Samos (= les citoyens les plus pauvres, les rameurs) restent démocrates, initiant la guerre civile.

Bob a écrit :
Au cours de cette lecture, j'ai remarqué que la cavalerie intervient relativement peu au début du conflit, ou du moins est moins représentée dans les sources comme une force de frappe indispensable à une bataille d'hoplites (cela est peu être dû aux sources ou à une mauvaise interprétation de ma part).

C’est une bonne remarque, il faudrait que je revoie ça. Mais je me demande s’il n’y a pas non plus une simple raison tactique : les missions ne sont pas les mêmes au début et à la fin. Au début de la guerre, Athènes domine tranquillement l’Egée, et sa flotte se contente de petits raids côtiers, ils n’ont pas la possibilités de porter les ravages très loin à l’intérieur sans danger. Quant au siège de Potidée, ils bénéficie d’un appoint en cavalerie très important justement avec leurs alliés (supposés) macédoniens qui sont censé coopérer. Par conséquent, dans un cas comme dans l’autre (raids maritime et siège), la cavalerie est à peu près inutile.
A l’inverse, la guerre de Sicile, puis plus tard les campagnes en Asie Mineure ou en Thrace impliquent des pénétrations de plus grande ampleur à l’intérieur des terres, et là la cavalerie prend toute son importance, que ce soit comme éclaireurs, ou pour ravager en profondeur un territoire important, ou pour protéger les pillards d’un éventuel raids de la cavalerie ennemie.
Je vais tâcher de relire Thucydide, Xénophon et Diodore avec cette optique, histoire de vérifier ce schmiblick.

ene a écrit :
J'avait toujours l'opinion que l'armée Macédonien avant les reformes de Philippe était un peu "rigolo" (façon homérique etc.) mais peut être j'était excessif à ça.

Le problème provient des sources : elles ne daignent parler de la Macédoine aux Ve et dans la première moitié du IVe que si Athènes est concernée. Dans les faits, l’histoire militaire macédonienne est à peu près inconnue. Ils ne brillent pas dans Thucydide ou Hérodote, mais ne se blâment pas non plus. Néanmoins, il me semble qu’une place à part doit être réservée à Alexandre Ier, à l’origine d’une vague de réforme qui purent être à l’origine des regains de puissance occasionnels. Le problème de la Macédoine est plus politique que militaire : chaque vacance de trône est l’occasion d’une guerre civile sans fin… Mais en dépit de ces grosses faiblesses, les Argéades ne sont pas à blâmer, la Macédoine est globalement en expansion constante, grapillant envers et contre tout les territoires des voisins (cf. Thucydide sur la formation du royaume de Macédoine).
Pour les réformes d’Alexandre Ier, je lui attribue les réformes citées par Anaximène de Lampsaque, cité par Harpocration : cf. cette discussion-ci : http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=38&t=7304&p=255439#p255439, le paragraphe concernant les pezhétaires.

ene a écrit :
En plus, bien que j'étais très informé de l'influence des armées des Thraces sur l'armée des Macédoniens, vraiment j'ai manqué ce détail de la sarissa avoir été utilisé auparavant par les Thraces.

Ce n’est pas sûr, mais très probable.
Avant toute chose, la sarisse à l’origine est une arme de cavalerie, pas d’infanterie. On retrouve cette emploi « traditionnel » dans la cavalerie macédonienne, avec les sarissophores par exemple. Les Thraces, du moins les Triballes l’emploient ainsi dans la cavalerie. Rien ne permet de supposer qu’elle servait à l’infanterie, a priori il s’agit là d’une idée de Philippe, en combinant ingénieusement le modèle iphicratique avec la profondeur thébaine et l’armement thrace. Dans tous les cas, les Thraces ne combattent pas du tout en phalanges serréees (contrairement aux Illyriens, soit dit en passant).
Le problème est qu’il n’existe aucune mention de la sarisse dans les textes avant… 339 ! Et elle apparaît alors dans la cuisse de Philippe, transpercée par un coup de sarisse que lui a porté un Triballe (scholie à Démosthène, de Didyme). A partir de là, deux interprétations sont possibles. Soit c’est une invention philippique, introduite auprès des Triballes entre 359 et 339. Soit c’est une arme triballe introduite par Philippe au cours de son règne. J’opte pour la seconde possibilité car :
  • Si nous savons que la sarisse n’équipe pas les Macédoniens avant Philippe, nous ignorons par contre tout de la situation en Thrace. Il n’y a donc aucune contrainte temporelle.
  • Si les Triballes s’étaient inspirés de l’armée macédonienne, on se demande pourquoi ils se seraient contentés de ce petit emprunt secondaire pour leur cavalerie alors qu’ils négligent la réforme d’ampleur de l’infanterie (or Syrmos est loin d’être un incapable).
  • Philippe s’inspire du triangle thrace pour réformer les formations de sa cavalerie. Rien n’empêche qu’il introduise dans le même temps leur armement dont il a eu largement l’occasion d’apprécier les qualités.


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