Faut dire qu'on ne sait pas grand chose des protagonistes de cette affaire...
Je ne peux que te renvoyer pour les détails aux intro des Budés (tout ce qui est chronologie, détails judiciaires en particulier), que ce soit les discours XIV-XV de Lysias mais aussi
Sur l'Attelage d'Isocrate, où ce dernier défend ce malheureux Alcibiade (qui de son côté ne doit sans doute pas être un saint...).
Pour la date de la campagne, ce serait effectivement celle de 395, au début de la guerre de Corinthe ; c'est très vraisemblable puis qu'en XIV.4 Lysias dit expressément que c'est la première affaire de ce genre depuis la paix de 404, et qu'ailleurs (je ne retrouve plus le passage exacte, je n'ai pas le courage de tout relire...) il prévient l'objection des défenseurs quant à l'absence de combat au cours de la campagne. Et effectivement, en 395, les Athéniens se sont contentés d'une démonstration de force en Béotie, et les Lacédémoniens ont retraité sans combat (cf. Xénophon,
Hell.III.5.22sq.).
Pour le client (Lysias ne prononce pas le discours, il ne fait que le rédiger), c'est certes vraisemblablement Archestratidès (cité en XIV.3), mais ce n'est pas lui qui prononce ces deux discours. Ce ne sont que des compléments de coaccusateurs qui le soutiennent, anonymes.
Quant à Archestratidès, tu ne le connais pas ? Moi non plus... et sans doute personne. Je présume qu'il a dû servir comme hoplite dans la même campagne vue la jalousie qu'il manifeste (nul besoin d'être riche pour servir dans les archers à cheval à priori ; Alcibiade lui-même a perdu la majeure partie de la richesse de son père, il ne devait plus rouler sur l'or à cette époque, d'où peut-être son insistance pour servir dans un poste plus rentable), et qu'il déteste cordialement les nobles qui sont collectivement accusés dans ce discours, où Alcibiade n'est présenté que comme un symbole, un archétype, d'un comportement scandaleux généralisé propre à cette jeunesse dorée (selon lui). Il n'est donc pas un aristocrate, très loin de là.
Quant à Alcibiade le Jeune, on sait très peu de chose de lui. Les "détails" que donne Lysias sont plus que suspects, et Isocrate qui le défend se garde de s'appesantir sur l'histoire du personnage (ce qui est mauvais signe... même si le discours conservé n'est pas complet). Un personnage terne qui a hérité des relations (et de la beauté) de son père, mais aussi de sa réputation sulfureuse et des haines farouches qui l'accablent. Il porte un nom trop populaire (à la même époque Platon rédige son
Alcibiade), il sort juste d'un procès hérité de son père
sur l'Attelage victorieux à Olympie en 416, revendiqués par deux compère depuis 20 ans. L'affaire a connu plusieurs rebondissement, et a ressurgi encore une fois au moment de la majorité du Jeune Alcibiade (en 398/7), vers 396. Et encore, Isocrate nous apprend à cette occasion qu'il sortait de plusieurs autres procès. En gros, ce tout jeune homme est passablement harcelé par une meute de vautours... Quand bien même il n'était pas très fréquentable, à son âge, il n'a pas pu faire grand chose, il porte essentiellement le fardeau familial... Quant à ce qu'il devint par la suite... je sais pô.
Le résultat de la plainte est, autant que je sache, inconnue. Je doute qu'Archestratidès ait obtenu gain de cause, ses accusations sont franchement pathétiques, et Alcibiade est défendu par les stratèges en personne...
La peine encourue n'était pas l'exil, mais l'atimie, la privation des droits de citoyen.
Caracalla a écrit :
Par ailleurs, chez qui peut-on apprendre ce que tu dis dans ce passage
Les faits sont tous tirés des deux courts discours de Lysias (son premier service dans la cavalerie, l'action de l'hipparque Pamphilos, le rôle bienveillant des nouveaux stratèges, les bases de l'accusation), mais leur interprétation est bien sûr personnelle. En cas de désaccord, je serais ravis de défendre ma position, qui ne doit pas être très originale, les ficelles sont assez épaisses.