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Message Publié : 02 Juin 2011 15:30 
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Hérodote
Hérodote

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Thersite a écrit :
Une monnaie de Larissa, de la seconde moitié du Ve:
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Il y a effectivement toute une série de telles monnaies, dès le début du siècle. Ce jeu fait partie de leur identité ! Le cheval est encore harnaché, par conséquent, il est bien probable que le recto et le verso ne représentent qu'une seule et même scène : tandis que le cavalier vient de bondir au cou du bovidé (il ne touche pas terre) et appui de toute ses forces sur les cornes du taureau pour l'obliger à basculer, le cheval libéré poursuit sa course sur le revers.

Pour le plaisir, la scène qui précède, toujours sur une monnaie de Larissa, première moitié du IVe cette fois :
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Le cavalier ne lui est pas encore tombé dessus, mais cela ne saurais tarder. En tout cas, cela confirme que recto et verso doivent être lus ensemble sur ces séries.


Euh la deuxième monnaie que tu exposes là elle est du IVème siècle^^" Larisaion avec un oméga n'arrivant qu'à cette époque. Qui plus est c'est du haut relief et un flan rond et ça n'apparaît qu'à la fin du Vème siècle.
Par contre, je suis complètement pour l'interprétation. Bibliographiquement je renverrais vers Louis Robert, Les gladiateurs dans le monde grec (Paris, 1940) avec toutes les sources.
En ce qui concerne l'aspect religieux il semblerait que cela soit relier à Poséidon Hippios, mais ce n'est qu'une pure hypothèse personnelle.


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Message Publié : 02 Juin 2011 17:25 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Pardon, mais de laquelle parles-tu ? Il est bien possible que je me sois gouré : n'y connaissant rien, je me suis contenté de reprendre la datation proposée par le site numismate où j'avais déniché les illustrations. Cependant, pour la seconde justement, j'ai bien mentionné "seconde moitié du IVe", et je ne repère aucun omega, ni sur la seconde ni sur la première, mais uniquement LARISAIA sur la première. ???
Question d'ignare: qu'est-ce qu'un "flan rond"?


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Message Publié : 02 Juin 2011 22:05 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 14 Oct 2010 22:24
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Thersite a écrit :
Pardon, mais de laquelle parles-tu ? Il est bien possible que je me sois gouré : n'y connaissant rien, je me suis contenté de reprendre la datation proposée par le site numismate où j'avais déniché les illustrations. Cependant, pour la seconde justement, j'ai bien mentionné "seconde moitié du IVe", et je ne repère aucun omega, ni sur la seconde ni sur la première, mais uniquement LARISAIA sur la première. ???
Question d'ignare: qu'est-ce qu'un "flan rond"?


Ah pardon j'ai mal lu.
Pour la seconde que tu donnais, j'ai trouvé celle-là où on a une meilleure lisibilité.
http://www.acsearch.info/record.html?id=96766
En ce qui concerne la datation j'aurais plutôt tendance à dire première moitié du IVème, mais bon au pire c'est pas vraiment le sujet ici.
En fait un flan rond c'est pour noter l'absence d'un carré creux au revers. C'est une évolution technique qui arrive vers la fin du Vème siècle.

Enfin, pour rebondir sur le sujet de base, est-ce quelqu'un connaît d'autres régions de Grèce où l'élevage des chevaux est important ? Pour la fac j'étudie la Thessalie et je connais également l'exemple de la Macédoine (les hetairoi + une bonne partie des monnaies royales macédoniennes de l'époque Argéade), mais à part ça.... Merci de vos lumières :)


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Message Publié : 02 Juin 2011 22:30 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Ce qui est paradoxal avec la Grèce, c'est que mise à part la Thessalie, les meilleurs peuples cavaliers ne fournissent pas les meilleurs chevaux. Ainsi les Béotiens ou les Aitoliens réputés bons cavaliers fournissent des chevaux peu loués, alors que des régions comme l'Argolide, l'Acarnanie, l'Epire, l'Elide élèvent d'excellents chevaux, abondamment célébrés, mais de bien piètres cavaliers...


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Message Publié : 28 Juin 2011 20:29 
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Thucydide
Thucydide

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Thersite a écrit :
Bill a écrit :
Y avait-il des élevages

Sans doute, mais sans certitude absolue, cela dépend de l'ampleur auquel tu réserves le mot "élevage". En tout cas, Xénophon déconseille au cavalier d’élever lui-même un poulain et invite à confier cette tâche à un professionnel, qui fait donc figure d’éleveur (avec contrat écrit et tout le tsoin-tsoin) et s’occupait sans doute de plusieurs poulains pour différents maîtres. Par ailleurs, toujours à Athènes, le cheval était fournit par l’Etat, ce qui suppose l’existence de Haras publics, attestés à coup sûr à l’époque hellénistique dans les monarchies macédoniennes.


En réalité, les chevaux n'étaient pas directement fournis par la cité (préférons ce terme à celui d'"Etat") d'Athènes avant l'époque hellénistique.
L'élevage de chevaux était une liturgie aux époques classique et archaïque, que l'on imposait aux plus riches habitants d'Athènes (citoyens comme métèques a priori). Ceux-ci étaient chargés d'élever et de fournir aux cavaliers leurs montures.

Je citerai d'abord le fameux extrait de l'Economique de Xénophon, où Socrate énumère les charges que la cité impose à son interlocuteur Ischomaque. Il faut imaginer que ce discours prend place dans le dernier quart du Ve siècle avant J.-C. :
"J'observe que la cité t'impose dès maintenant de lourdes dépenses : élever des chevaux, faire les frais d'un choeur, d'une fête sportive, d'une haute charge..." (Xén., Econ., II, 5)
Il ne fait aucun doute que Xénophon parle ici des liturgies, dont il dénonce à l'envi le mécanisme dans chacun de ses écrits.

Cette liturgie est encore attestée dans le troisième quart du IVe siècle, car un discours de l'orateur Hypéride, daté de 333, est composé pour un certain Lycophron, qui exerce vraisemblablement cette liturgie et le rappelle lors de son procès :
"M'absorber dans l'élevage de chevaux, voilà où j'ai mis mon amour-propre de tout temps ; j'ai même été de la sorte au-dessus de mes moyens..." (Hyp., II, 16)
La suite est un classique de la littérature judiciaire : le plaideur affirme qu'il a rempli cette liturgie avec une grande magnificence, pour attirer l'indulgence des jurés.

C'est vraisemblablement après l'abolition de la démocratie athénienne et l'arrivée au pouvoir de Démétrios de Phallère, en 322, que se mirent en place les haras publics. Les liturgies sont supprimées en 317, il fallut donc trouver un nouveau moyen de subvenir aux besoins des cavaliers athéniens.


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Message Publié : 29 Juin 2011 12:19 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Merci pour le texte d'Hypéride, je ne l'avais pas encore lu, négligence réparée depuis. Le système de liturgie que tu proposes m'a d'abord enthousiasmé, il assurerait à Athènes la présence régulière d’un panel de chevaux disponibles en cas de besoin. J'ai donc repris les textes que tu avances, et en ai cherché d'autres. Et là, grosse déception : que dalle. Non seulement je n'ai trouvé aucune allusion à une telle liturgie, mais en plus, je suis en désaccord avec ton interprétation tant de Lycophron que de Xénophon.

En fait, les deux passages s’éclairent par le premier § de l’Hipparque de Xénophon : Comme cavaliers, tu enrôleras évidemment, selon les prescriptions de la loi, les citoyens les plus qualifiés par leur richesse et leur vigueur physique, soit en les citant en justice, soit en les persuadant. Pour moi, je suis d’avis qu’il faut citer devant les tribunaux ceux qu’on pourrait soupçonner de t’avoir acheté pour ne pas les citer. Car ce serait une excuse toute prête pour les citoyens moins fortunés, si tu ne commençais par contraindre les plus riches à servir. Il me semble aussi qu’en montrant aux jeunes gens le côté brillant de la cavalerie on pourrait leur inspirer le désir d’y entrer, et qu’on trouverait moins de résistance chez ceux dont ils dépendent en leur remontrant que si ce n’est par toi, ce sera par un autre qu’ils seront contraints de nourrir un cheval, en raison de leur fortune, mais que, si leurs enfants servent sous toi, tu les détourneras de la manie d’acheter des chevaux coûteux et que tu t’appliqueras à en faire en peu de temps d’habiles cavaliers. Et à tes promesses tu tâcheras de joindre les effets. Quant aux cavaliers actuels, le sénat n’a, ce me semble, qu’à faire publier qu’à l’avenir on doublera les exercices et que tout cheval incapable de suivre sera mis en réforme, pour les inciter à mieux nourrir et soigner leurs chevaux. Pour les chevaux fougueux, il serait bon, à mon avis, de prévenir qu’ils seront refusés. Cette menace contribuerait à décider leurs propriétaires à les vendre et à porter plus de prudence dans leurs achats. Il me semble qu’il serait utile encore de faire savoir qu’on rejettera aussi les chevaux qui ruent dans les exercices; car on ne peut même pas les ranger avec les autres, et, quand il faut charger l’ennemi, on est forcé de les tenir au dernier rang, en sorte que le cheval vicieux rend le cavalier inutile.
On voit bien que l’achat et l’entretien du cheval est à charge du cavalier, que cela entraîne de lourdes charges qui font renâcler « ceux dont ils dépendent », à savoir le père ou le tuteur. On constate aussi que si certains se ruinent dans cette responsabilité, d’autres au contraire se montrent avares, et qu'on ne se dispute pas pour l'honneur de servir dans ce corps, et ce pour des raisons apparemment uniquement financières...

Lycophron est cavalier, il est donc comme tous les autres chargé de l’entretient de son ou ses chevaux. Il y apporte beaucoup de soin, dépense sans rechigner à cet effet et en tire fierté. Cet enthousiasme lui a sans doute valu d’être élu phylarque. Son dévouement dans sa charge de phylarque (qui sous entend aussi l’entretien de son écurie personnelle, et il le précise) est un des arguments de moralité qu’il avance. Bref, pas de liturgie en vue.

Idem pour le passage de Xénophon, l’hippotrophia ne sous-entend pas systématiquement un « élevage », mais littéralement "l'action de nourrir un cheval", ce qui ce qui correspond bien au cas précédent : lui (ou plutôt un ou plusieurs de ses fils) sert comme cavalier et par conséquent Critoboulos (et non Ischomaque qui n'apparait qu'un peu plus tard dans le dialogue, petit lapsus) est contraint d’entretenir un ou plusieurs chevaux (sous entendant la possession ou la location d’une écurie, l’entretien d’un palefrenier destiné exclusivement au soin du ou des animaux, l’achat de fourrage de qualité, etc. Effectivement, cela doit vite revenir cher, Les Nuées d’Aristophane sont là pour le rappeler, entre autres).

Bref, je ne vois pas à la lumière de ces seuls textes la nécessité de créer une liturgie nouvelle chargée de fournir des chevaux aux autres, non attestée par ailleurs. Existe-t-il d’autres arguments ?

Accessoirement je doute de l’existence à Athènes d’une cavalerie organisée à l’époque archaïque : l’absence de toute cavalerie à Marathon invite à penser que la cavalerie a été organisée entre les deux guerres médiques, en même temps que d’autres réformes d’ampleur (comme la création d’une flotte importante). L’alerte de Marathon a justement pu rendre les Athéniens conscient de ce manque, confrontés à une force de cavalerie comme celle des Perses : ils n’ont pu attaquer et vaincre que lorsque les Perses se sont eux-mêmes privés de leur cavalerie, rembarquée en premier ; puis leur manque de mobilité face à la menace de la flotte perse sur le Pirée : ils sont arrivés à temps, mais ce fut limite, et la présence d’une cavalerie leur aurait permit d’être plus réactif.


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Message Publié : 29 Juin 2011 17:42 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Thersite a écrit :
Par ailleurs, toujours à Athènes, le cheval était fournit par l’Etat

Mea culpa, j'avais tort sur ce point : la cité ne fournit pas le cheval, mais alloue une somme au nouveau cavalier, qui est censé lui permettre de s'équiper : la katastasis. A la sortie de sa fonction, il doit la rembourser, et elle est alors logiquement remise à son successeur. La pratique est mentionnée par Lysias XVI.6, et expliquée par Harpocration, qui s'appuie sur Platon le Comique et Eupolis. Ce qui ressemble beaucoup au système romain, où le cavalier reçoit également une somme fixe au moment de son incorporation, en sus de la solde et de l'indemnité pour la nourriture du cheval. Ensuite, au cavalier de se débrouiller pour respecter ses obligations.

Sur le sens d'hippotrophos et d'hippotrophia, je suis tombé sur un texte amusant et éclairant : Démosthène, Contre Phainippos, 24, qui s'en prend à ce bellâtre qui n'a jamais rien fait pour son pays, hormis une fois, en tant qu'hippotrophe:
C'est un « hippotrophe » qui ne craint pas le danger et qui aime la gloire, en homme jeune, riche et vigoureux qu'il est. Faut-il vous en donner une grande preuve? Il a vendu son cheval de bataille et s'est mis à pied, puis à la place de ce cheval il s'est acheté un char, lui, à son âge, pour n'avoir pas à marcher! Tant il aime ses aises!
La première partie montre bien ce que l'on attend d'un 'hippotrophe': non simplement débourser une somme, mais d'être et courageux et vigoureux. La précision serait incompréhensible pour une charge financière, comme la chorégie par exemple... La seconde partie montre bien qu'en tant que 'hippotrophe', notre Phainippos ne possédait guère qu'un seul cheval de guerre (πολεμιστήριον ἵππον), qu'il s'est empressé de revendre pour le troquer contre une confortable voiture dès son service fini... L'analogie entre le cavalier et l'hippotrophe me semble indiscutable, je ne vois pas de raison de les dissocier.

Phormion a écrit :
C'est vraisemblablement après l'abolition de la démocratie athénienne et l'arrivée au pouvoir de Démétrios de Phallère, en 322, que se mirent en place les haras publics.

Est-on sûr de la présence de haras publics à Athènes à l'époque hellénistique ? Ils sont attestés dans les monarchies hellénistiques, mais à Athènes ? L'existence de la katastasis rendant leur présence inutile, je ne vois plus de raison de les supposer en l'absence de sources, et je ne vois pas trop l'intérêt d'un tel investissement public sous Démétrios, à l'époque de l'effacement politique et militaire d'Athènes (il saborde la flotte en mettant un terme à la triérarchie).
Je doute que les textes apprennent grand chose, peut-être l'épigraphie ?


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Message Publié : 30 Juin 2011 9:16 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 28 Juin 2011 18:17
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Thersite a écrit :
Non seulement je n'ai trouvé aucune allusion à une telle liturgie, mais en plus, je suis en désaccord avec ton interprétation tant de Lycophron que de Xénophon.


J'ai effectivement cité un peu hâtivement des passages d'un de mes travaux de maîtrise, sans retourner aux sources : je m'en excuse. Je peux cependant m'expliquer sur une partie de mon raisonnement :
1 - Le système des "liturgies" est loin d'englober un ensemble bien défini de dépenses publiques : de nombreux historiens écrivent des chapitres entiers sans réussir à décider si oui ou non, telle dépense était une liturgie à Athènes. On remarque par exemple que certaines sources utilisent le terme "liturgie" pour évoquer toutes les dépenses publiques consenties par les riches athéniens (je vous renvoie pour cette remarque à l'étude de Davies, Wealth and the power of wealth in classical Athens).
2 - A partir de là, dans l'introduction d'un travail sur les liturgies, j'avais décidé de définir clairement ce qu'était pour moi une liturgie, à savoir : "toute contrainte financière imposée à un individu selon le principe de l'impôt" (seuls les plus riches payant l'impôt à Athènes). Cette définition est peut-être contestable, mais si on la suit, l’hippotrophia entre dans cet ensemble (Worley, dans Hippeis: The Cavalry of Ancient Greece (p.60-75), propose selon le même raisonnement de faire entrer l'hippotrophia dans le système liturgique). Je n'avais pas cherché plus loin et je croyais que seuls les plus riches parmi les riches exerçaient cette liturgie : en réalité chaque cavalier est soumis à l'hippotrophia : là se situe mon erreur, et je m'en excuse.

Pour résumer, je pensais que quelques cavaliers élevaient des chevaux pour toute l'armée, alors que chaque cavalier élevait son propre cheval.

Thersite a écrit :
Accessoirement je doute de l’existence à Athènes d’une cavalerie organisée à l’époque archaïque.


A vrai dire, moi aussi, mais j'ai remarqué qu'il était très souvent impossible de donner une date de naissance aux liturgies, certaines d'entre elles remontant à des époques où les sources sont floues et incertaines. Je m'avance donc le moins possible en parlant de la sorte.

Thersite a écrit :
Est-on sûr de la présence de haras publics à Athènes à l'époque hellénistique ? Ils sont attestés dans les monarchies hellénistiques, mais à Athènes ?


Après une (très) rapide recherche, je ne trouve pas trace de haras publics à Athènes. Sur ce point je n'ai fait que suivre votre discussion, car Athènes est intégrée aux monarchies hellénistiques comme a peu près toutes les cités grecques. Je pensais donc que vous aviez la preuve de leur existence, qui me semblait douteuse avant 317 (ce que j'ai simplement fait remarquer). Mais si l'hippotrophia continue d'exister, je doute en effet que les haras publics aient une utilité.


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Message Publié : 30 Juin 2011 10:01 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Là on est d'accord. Ce qui me dérangeait, c'était la dissociation entre le service dans la cavalerie et l'hippotrophia, alors qu'il ne s'agit que d'une seule et même obligation.

Ce service dans la cavalerie est-il ou non une liturgie, c'est un autre problème. Quelque part, je suis assez d'accord pour considérer ce service comme une liturgie, dans le sens où elle est imposée de force à la minorité riche, assez proche finalement de la triérarchie. Mais d'un autre côté, toutes les autres liturgies (la triérarchie, les chorégies, gymniasarchie, etc.) impliquent uniquement des dépenses, elles ruinent le responsable. A l'inverse, le service dans la cavalerie peut se révéler payant, du fait de la solde et de l'indemnité pour la nourriture du cheval, sans oublier la possibilité de faire fructifier pendant toutes les années de son service la katastasis : imaginons un cas classique d'un jeune noble qui possède déjà un cheval ; qu'il serve ou non dans la cavalerie, la dépense sera strictement identique, mais le service militaire le soulage assez fortement, d'autant que contrairement à l'infanterie, la cavalerie est un service annuel, la garantie de bénéficier de 365 jours de solde, et une solde tout à fait correcte. C'est peut-être une des raisons qui a poussé le jeune Alcibiade à jouer des coudes, afin de soulager ses frais et de bénéficier de revenus complémentaires réguliers et honorables. De même, je ne connais aucune autre liturgie pour laquelle on se battrait pour l'obtenir ! Je vois mal un triérarque ou un gymnasiarque trainé devant les tribunaux pour avoir "volé" la place à un autre ! Or c'est ce qui arrive à Alcibiade... Autant de points me semble-t-il qui différencient le service dans la cavalerie d'une liturgie. Tout dépend de ce qu'on entend par là. Mais la contrainte financière est ici discutable, au cas par cas. Bien sûr, pour ceux qui ne possèdent pas encore de cheval ou qui ont la folie des grandeurs, le service n'a aucun intérêt financier.


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Message Publié : 30 Juin 2011 13:10 
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Thucydide
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Inscription : 28 Juin 2011 18:17
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Thersite a écrit :
Mais d'un autre côté, toutes les autres liturgies (la triérarchie, les chorégies, gymniasarchie, etc.) impliquent uniquement des dépenses, elles ruinent le responsable.

J'espère que les intervenants m'excuseront, mais je vais m'éloigner pendant quelques lignes du sujet premier (le cheval) pour revenir sur cette phrase, car c'est un sujet qui m'intéresse de près.

Je travaille actuellement sur l'anthropologie du don, appliquée à la Grèce antique (de l'anthropologie historique en somme). J'essaye de définir l'ensemble des retombées positives dont pouvait bénéficier un riche athénien après avoir effectué une dépense publique, qu'elle soit initialement imposée ou volontaire (les liturgies entrent donc dans mon champ de recherche). N'ayant pas une simple approche économique des choses, je m'oppose assez vivement à ton propos.

Je suis entièrement d'accord avec ta description de la vie d'un cavalier lambda, il est certain que la guerre et l'entretien d'un cheval peuvent être sources de richesse (et la cavalerie étant moins exposée que l'infanterie, c'est aussi une source de longévité !). Mais je crois que l'exercice des liturgies est également source de richesse, d'une "autre" richesse, non pas économique mais sociale.

Deux remarques préalables : 1) les Anciens n'avaient pas le "sens" économique de nos contemporains, et faisaient parfois des choix qui nous sembleraient aujourd'hui aberrants, en se ruinant pour la gloire et le salut de leur cité ; et 2) il ne faut pas croire que l'administration athénienne ressemblait à celle de nos sociétés modernes : imposer une charge à un athénien était très compliqué.

- Nous avons la preuve qu'il existait des listes de triérarques, à partir desquelles on convoquait les riches athéniens astreints à cette liturgie. Il semble qu'il n'existait pas de listes pour les autres liturgies (Davies, Wealth and the power... : "lists of trierarchs certainly existed and were continuously kept up to date by the generals. In contrast, no such lists were kept of those liable to agonistic liturgies.").
L'archonte choisissait apparemment les chorèges et les gymnasiarques chaque année, mais cela devait se faire dans le "bazar" le plus total, et certains historiens pensent qu'une partie de ces liturges se proposaient volontairement avant les fêtes (c'est le cas de Davies). La machine fonctionne donc chaque année grâce aux bonnes volontés, et je pense que sans ça, il aurait été impossible de réunir assez de liturges.

- Il existe de nombreuses mentions de liturges "volontaires". On ne se battait certes pas pour "voler" la liturgie d'un autre, mais les volontaires se proposaient avant chaque nomination, ce qui réduisait le nombre de liturges à convoquer. Par exemple, Démosthène est triérarque volontaire (avec d'autres) en 358/7 (Dém., XVIII, 99) ; il est également chorège volontaire (Dém., XXI, 13) ; un client de Lysias affirme s'être présenté comme liturge volontaire (Lys., XVI, 17)...

- Il existe des exemples encore plus nombreux d'individus surenchérissant sur leur liturgie, dépensant des sommes exorbitantes, bien supérieures à ce que la cité attend d'eux. L'exemple le plus frappant est celui d'un anonyme client de Lysias, qui peut dépenser, pour deux chorégies similaires et à un an d'intervalle, 2000 et 5000 drachmes (il gagne le concours dans les deux cas) : le rapport est du simple au double ! (Lys., XXI, 1-5).

- J'essaye actuellement de montrer (le travail est en cours) qu'il existe des liens chronologiques entre les dépenses publiques et les étapes d'une carrière politique de certains individus : il semble par exemple que Démosthène se serve de ses dépenses publiques (y compris des liturgies) pour prouver son dévouement total à la cité, et ainsi accéder aux plus hautes charges électives (quand on est un habile politicien, il est possible de récupérer l'argent dépensé pour la cité au cours de l'exercice d'une charge publique, Démosthène et Eschine l'ont montré).

- Alors certes, les liturgies étaient coûteuses, voir ruineuses, mais il ne faut pas oublier que la société grecque condamnait la thésaurisation (l'apparition des banques au IVe siècle constitue pour cette raison un bouleversement majeur en Grèce ancienne), que pour Aristote un riche ne se définit pas par rapport à ce qu'il possède, mais par rapport à la manière dont il dépense sa fortune ; je crois qu'il apparaissait "normal" pour un riche athénien de dépenser sa fortune (dans la limite du raisonnable) au service de sa cité. Le corpus des orateurs attiques est plein d'individus ayant (prétendument ou véritablement, cela reste l'idéal de la société) choisi de se comporter de la sorte.

- Dernier point, on croit souvent que la liturgie était mal acceptée par les riches athéniens, car terriblement contraignante. Pour dire cela, on se base avant tout sur Xénophon (et Isocrate dans une moindre mesure) qui critique énormément les dépenses imposées par la cité d'Athènes à ses citoyens. Il ne faut pas oublier que Xénophon (comme Isocrate d'ailleurs) se situe complètement à contre-courant de la pensée dominante à Athènes au IVe siècle : on ne peut donc pas tirer de son discours une vérité générale sur les liturgies (et Vincent Azoulay l'a bien montré, dans Xénophon et les grâces du pouvoir, de la charis au charisme).

Peut-être me suis-je un peu perdu en route, j'essaye simplement de dire que l'exercice des liturgies apportait le prestige et l'honneur au riche athénien qui les exerçait, et que ces retombées étaient généralement préférées à la conservation du patrimoine financier. A ce titre, je n'éloigne pas autant que toi l'hippotrophia des autres liturgies athéniennes. Je les réunis même :)

Pour finir au sujet d'Alcibiade, je croyais qu'il avait été accusé de se glisser parmi les cavaliers avant un combat pour ne pas s'exposer au danger que connaît l'infanterie. Si je ne me trompe pas, il ne devait pas chercher ici les 365 jours de solde, n'étant même pas inscrit parmi les membres de la cavalerie.


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Message Publié : 30 Juin 2011 13:33 
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Pierre de L'Estoile
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Pour Alcibiade, il n'y a pas eu de combat dans cette campagne... L'accusation de lâcheté ne repose sur rien et n'est qu'un prétexte pour dénoncer les passes-droits de la jeunesse dorée d'Athènes, et s'acharner sur le fiston à l'hérédité symbolique.

Merci pour le petit développement sur les liturgies, ce pourrait être l'occasion d'ouvrir un sujet spécifique si le cœur t'en dit !

Mais ce que tu en dis me confirme dans mon refus d'amalgamer un service militaire à une liturgie, ou alors, il faut aussi considérer qu'un hoplite ou même un marin se plie lui aussi à une liturgie, ce qui me semble très excessif. Le cavalier a la responsabilité d'entretenir son cheval, hippotrophia, comme un hoplite sera responsable de son armement, mais il n'en subit pas la charge financière, la solde suffisant à nourrir l'homme, le cheval et le palefrenier, et même pour entretenir le matériel. A moins de faire des folies comme les jeunes coqs qui paradent sur des chevaux de prix et des armes clinquantes. La différence entre les différentes armes est surtout quantitative : un cavalier consacrera à l'armée une année entière, alors qu'un hoplite ou un marin ne servira que le temps d'une campagne, pour une durée très variable. C'est un investissement en temps, pas en espèce, comme les autres soldats, mais aussi comme les juges ou n'importe quelle magistrature tirée au sort.

Les exemples de liturgies volontaires (et l'inverse, les nombreux procès pour se décharger sur autrui de sa propre liturgie) que tu avances tranchent d'autant plus avec le procès d'Alcibiade, mais aussi à l'opposé l'attitude de Mantithéos (Lysias XVI.13) : J'avais été enrôlé comme cavalier par Orthoboulos, et l'opinion courante, à ce que je voyais, c'était que les cavaliers n'avaient rien à craindre, mais que les hoplites seraient exposés ; d'autres passaient dans la cavalerie sans avoir subi l'examen, illégalement; moi j'allais trouvé Orthoboulos et lui dis de me rayer de la liste, parce que c'était une honte à mes yeux, quand le plus grand nombre allait être en danger, de m'être ménagé pour cette campagne un poste de tout repos. Il suffit de demander pour être radié ! N'importe qui semble y rentrer ou en sortir selon son bon vouloir, apparemment ! Pour se défiler d'une liturgie, en général, c'est beaucoup plus compliqué et se solde par de longs procés... Ici, c'est l'inverse : celui qui y rentre sans être invité est traîné au tribunal, tandis que celui qui refuse cette charge est laissé tranquille !


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Message Publié : 30 Juin 2011 14:32 
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Thucydide
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Thersite a écrit :
Mais ce que tu en dis me confirme dans mon refus d'amalgamer un service militaire à une liturgie, ou alors, il faut aussi considérer qu'un hoplite ou même un marin se plie lui aussi à une liturgie, ce qui me semble très excessif.

En effet, si je vais au bout de mon raisonnement, exercent une liturgie dans le cadre militaire :
- le triérarque, qui est marin (fonction militaire) et fournit la trière et l'équipage,
- le cavalier, qui est cavalier (fonction militaire) et fournit le cheval,
- l'hoplite, qui est fantassin (fonction militaire) et fournit l'équipement,
- et on s'arrête là, car les thètes, qui sont rameurs ne fournissent pas leur équipement (c'est le rôle du triérarque).

Cependant, la classe liturgique était formée par les "riches" athéniens, le "peuple" en étant exempt. Il semble difficile d'y intégrer les hoplites, qui avaient certes le moyen de bien vivre, mais étaient loin d'être considérés comme l'élite économique de leur cité. Je pense qu'il faut poser ici une limite financière à ma définition, et considérer que les cavaliers et triérarques seuls sont liturges, car le coût de leur charge en fait par définition une élite économique (l'équipement hoplitique doit valoir environ 300 drachmes au IVe siècle, cf Jackson, « Hoplites and the Gods. The Dedication of Captured Arms and Armour » dans Hanson, Hoplites: The Classical Greek Battle Experience, p.229. Je ne connais pas le prix d'un cheval mais cela devait être bien plus important).

L'extrait de Lysias que tu as cité est intéressant. Mais la plupart des procès en antidosis que nous connaissons parlent de la triérarchie, seule vraie liturgie pour laquelle des listes d'Athéniens étaient utilisées. J'aurais donc tendance à penser que la vraie différence n'existe pas entre liturgies et hippotrophia, mais entre triérarchie et autres liturgies (dont l'hippotrophia).
Et puis s'il est vrai qu'on sort de la cavalerie comme on veut, ce devait tout de même être plus compliqué d'y entrer, parce qu'il fallait au moins se procurer un cheval : les fraudeurs étaient nécessairement une minorité.
En prenant en compte les contraintes financière et juridique, je schématiserais ces différences de la façon suivante :
Triérarchie >>>> liturgies ordinaires > hippotrophia

Je reconnais tout de même la difficulté de mon interprétation, qui n'est pas assez tranchante pour être incontestable. Et pour revenir au sujet premier, je me suis toujours demandé si Athènes (et les autres cités utilisant peu la cavalerie) laissait de côté le combat équestre par méconnaissance de ses avantages, par attachement sans bornes au combat hoplitique (qui avait pourtant été ébranlé dans son hégémonie par Thémistocle), ou bien parce que les combats que l'on menait en Grèce ne se prêtaient pas à l'utilisation de la cavalerie. Je ne connais pas la réponse, et je ne sais pas si la géographie montagneuse de la Grèce permettait ces combats (pourtant on se battait généralement en plaines). Quel est votre avis ?


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Message Publié : 30 Juin 2011 16:32 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Phormion a écrit :
Et puis s'il est vrai qu'on sort de la cavalerie comme on veut, ce devait tout de même être plus compliqué d'y entrer, parce qu'il fallait au moins se procurer un cheval : les fraudeurs étaient nécessairement une minorité.


Je ne pense tout de même pas que n’importe qui puisse y entrer, puisque l'hipparque prend la responsabilité de les rayer des listes (Mantithéos) ou de les adjoindre (Alcibiade), mais un pentacosiomedimne uniquement (sauf peut-être pour les archers à cheval?), et qui bien entendu arrive avec son matériel, faudrait pas pousser mémé dans les orties ! lol De toute façon, les possesseurs de chevaux sont bien plus nombreux que les 1000 cavaliers règlementaires… Une partie d’entre eux devaient alterner service dans la cavalerie et service dans les hoplites, comme Alcibiade justement, éventuellement entrecoupé par des services comme triérarque (comme Midias, qui opportunément se présente comme triérarque, démissionnant de son poste dans la cavalerie pour ne pas avoir à faire campagne…)

Phormion a écrit :
la plupart des procès en antidosis que nous connaissons parlent de la triérarchie, seule vraie liturgie pour laquelle des listes d'Athéniens étaient utilisées.

Il me semble que la principale différence, c’est que les fonctions militaires (cavaliers et hoplites) bénéficient d’une compensation financière, de sorte que leur participation ne leur coûte pas un copeck. Ils ont un manque à gagner, car leurs activités normales sont sans aucun doute bien plus enrichissantes, mais ils ne perdent pas d’argent, la charge n’est pas financière. Contrairement à la liturgie, qui ne consomme pas beaucoup de temps (en général, ils se contentent de filer du pognon à un professionnel qui organise l’ensemble pour eux) mais vide le porte-feuille. La différence me semble fondamentale. La triérarchie apparait à ce titre comme un cumul des deux, à la fois liturgie et service militaire (mais ce second aspect ira s’amenuisant avec les triérarchies partagées, qui n’impliquent donc plus la participation militaire de tous ses membres, qui peuvent même le cas échéant se faire remplacer par un professionnel, comme l’Egyptien embauché pour exercer le commandement à sa place par Midias). D’où l’établissement de listes des triérarques : ces listes sont dressées par les stratèges, car ils recensent des officiers susceptibles d’être mobilisés, comme existent des listes de cavaliers et d’hoplites, elles aussi dressées par les stratèges et leurs adjoints. Autrement dit, concernant les listes des triérarques, ce sont pas les liturges qui sont recensés, mais les capitaines: quand bien même il s’agit des mêmes, seul l’aspect militaire justifie le dressage de ces listes, d’où l’implication des stratèges. Ces derniers n’ont bien entendu aucun intérêt à dresser une liste de chorèges !

D’ailleurs, concernant ces listes : s’agit-il des triérarques désignés de l’année, susceptibles d’être mobilisés pour une campagne (ce qu'il me semble), ou bien, ce qui tu semble envisager, une liste des contribuables susceptibles d’être imposés dans les années à venir. Dans le second cas, en quoi les stratèges seraient-ils concernés ? Il me semblait que toutes les liturgies étaient réparties à partir des listes des pentacosiomédimnes, qui est une catégorie fiscale, contrairement aux listes des triérarques, des cavaliers, des hoplites, qui en sont une émanation militaire annuelle.

La triérarchie concerne chaque années plusieurs centaines de personnes, nombre qui ira croissant au fur et à mesure que la charge sera répartie. Les autres liturgies, chorèges § Co. ne concernent qu’une toute petite poignée d’individu ; logique donc que les cas d'antidosis conservés concernant les triérarchies se taillent la part du lion. Et si elles sont rarement développée, elles n’en restent pas moins connues pour les autres liturgies (les chorèges par exemple dans Xénophon, Economique, 6.3).

Et justement, j’en déduis des arguments juridiques qui confirme la différence de statut entre une authentique liturgie, soumise à l’antidosis, et une charge militaire où le coût monétaire n’entre pas en compte. Un hoplite ou un cavalier qui refuse de servir ne présente pas un procès pour antidosis, mais se fait porter pâle et est sommé de se justifier devant le tribunal par le stratège ou l’hipparque.

De plus, une liturgie ne sera jamais imposées deux années de suite, alors que le service dans la cavalerie ne semble pas obéir à cette règle et semble s’éterniser, puisque l’hipparque de Xénophon n’a qu’à « compléter les effectifs » « car si tu n’enrôles pas de nouvelles recrues, l’effectif se réduira de plus en plus, puisqu’il faut s’attendre que certains quittent le service en raison de leur âge et que d’autres l’abandonnent pour d’autres raisons. »


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Message Publié : 01 Juil 2011 8:27 
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Thucydide
Thucydide

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Notre désaccord reste le même : tu estimes que la compensation financière rembourse les frais engagés par le cavalier, alors que j'en doute, puisque je pense que l'hippotrophia est à sa charge (sinon pourquoi les accusés athéniens se vanteraient-ils d'avoir nourri leur cheval ?).

Le problème des listes de triérarques, c'est que nous n'avons, comme dit Corvisier, "aucune preuve irréfutable de leur existence" (Les Grecs et la mer). J'admets d'ailleurs que Davies s'est un peu emballé dans son analyse : il y a de fortes chances qu'elles aient existé, mais sans autre preuve, on peut en dire un peu ce que l'on veut. Par exemple, selon mon hypothèse il s'agirait d'une liste de contribuables, établie à partir de la timèma des riches Athéniens, transmise aux stratèges avant les conflits. C'est tout à fait satisfaisant, mais aurai-je un jour une preuve irréfutable de ce que j'avance ? Je préfère encore rester prudent (je ne l'ai pas vraiment été dans mes derniers messages, je m'en excuse).


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Message Publié : 01 Juil 2011 12:22 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Phormion a écrit :
sinon pourquoi les accusés athéniens se vanteraient-ils d'avoir nourri leur cheval ?

Les cavaliers reçoivent une solde double (Thu.V.47) ou triple (Démosthène, Première Philippique, 28) par rapport à l’hoplite : la différence représente l’indemnité de fourrage et la nécessité d’entretenir un palefrenier. Ils sont donc indemnisés pour l’entretien du cheval, l’hippotrophia ne consiste qu’en une obligation matérielle, pas financière. Pourquoi débourser une telle somme si comme tu l’envisages, il s’agit de pomper leur porte-monnaie ? L’hippotrophia est exigée des plus riches car eux seuls disposent des infrastructures (écurie) et de vastes prés pour le fourrage et l‘exercice : cette charge ne peut matériellement pas être exercé par un petit propriétaire ou un locataire. Mais le sitos couvre les frais : on utilise leur infrastructures, ils sont responsables de l’entretien et de la nourriture quotidienne de leur cheval, mais les frais induits sont à la charge de la communauté. L’entretien de la cavalerie est même une des principales dépenses publiques, « C'est cette loi qui règle la police générale ; c'est elle qui fournit l'argent nécessaire pour les assemblées du sénat et du peuple, pour les sacrifices, pour l'entretien de la cavalerie, et pour d'autres objets » (Démosthène, Contre Timocrate, 97), estimée à 40 talents par an par Xénophon, à une époque où la cavalerie est réduite à 600 hommes (Hipparque, 1.19).

Mais elle peut devenir ruinant, car certains tirent fierté, voire vanité, de parader sur des chevaux de grand valeur, déboursent des sommes colossales pour lui filer les meilleurs grains plutôt que de l’emmener à pâture, le plus riche équipement, acheter les meilleures étalons, de sorte qu’ils dépassent de très loin l’indemnité, qui est estimée bien sûr au plus juste. Et donc dans les procès, ils mettent en avant ce zèle, considérant cette dépense supplémentaire qui n’était pas exigée comme preuve de leur dévouement à la communauté : ils font plus que ce qu’on attendait d’eux, ils y ont mis de leur poche. C’est ce qui ressort des inquiétudes des parents et de la manière qu’utilise Xénophon pour les rassurer : pas de soucis, avec moi, ils n’achèteront pas des chevaux de luxe. Lorsque Lycophron se vante, ce n’est pas de nourrir un cheval, mais de le faire avec un soin minutieux et d’y mettre de sa poche, ce qui n’était pas une obligation.

Les liturgies sont une manière pour l’état de confier des dépenses publiques aux plus riches particuliers ; l’hippotrophia, l’entretien du cheval, est de la responsabilité du cavalier, mais aux frais de la cité. On ne paie pas pour rentrer dans la cavalerie, on est payé, et on peut même y faire carrière.

Par ailleurs, tu n’as pas réagis à mes objections juridiques : l’antidosis est un recours possible en cas de liturgie. Pas pour les devoirs militaires, cavalerie et hoplite. Leur statut juridique n’a donc rien de commun.
Pour la liste des triérarques (dont les témoignages aux IVe, en particulier grâce à Démosthène me semble difficilement attaquable, je me demande ce que Corbusier exige comme preuve supplémentaire…), j’avoue ne pas comprendre ce que tu proposes : à quoi rimerait de tirer une liste de contribuables d’une autre liste de contribuables et qu’est ce que les stratèges sont censés en faire, eux qui ne sont pas en charge des affaires financières ? En tirer une troisième liste, cette fois de mobilisables ?


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