Cette expédition d'Egypte reste de toute manière très mystérieuse : les trois versions conservées, même si la trâme est identique, varient beaucoup dans les détails, en particulier la chronologie et les effectifs (de 200 ou 300 trières athéniennes selon Thucydide et Diodore (Ephore) contre 300 perses, on passe à... 40 contre 80 d'après Ctésias ! Et personnellement, la version de Ctésias me semble bien plus réaliste, d'autant qu'Athènes est à cette date engagée un peu partout (à Chypre, dans le Péloponnèse, en Grèce centrale, à Egine, en Thessalie, en Acarnanie, etc... Ils sont partout présents militairement, luttent conjointement sur tous les fronts. Il est impossible qu'Athènes ait pu entretenir de tels effectifs aussi longtemps (6 ans !) et aussi loin !). Par ailleurs, si Athènes perd ses navires, les hommes parvinrent à s'échapper vers Cyrène, avec le soutien ou non de Megabyze : le désastre n'est pas aussi complet qu'on pourrait le croire. Les Athéniens semblent avoir monté en épingle ce désastre pour en faire une espèce de glorieux Thermopyles athénien.
Pour l'implication de Périclès dans ces expéditions lointaines, je n'y crois guère : les sources sont toutes muettes, il y avait déjà suffisamment de boulot à proximité pour un stratège (or sa participation à certaines campagnes en Grèce même sont mentionnés, comme en Béotie : il n'est donc pas en Egypte à cette date), et sa position n'est pas encore si stable que cela pour s'embarquer à l'autre bout de la Méditerranée jouer les gros bras; Cimon continue à montrer le bout de son nez, la réforme d'Ephialte est toute récente et ses héritiers dont Périclès mettent à profit l'ostracisme de Cimon pour réformer en profondeur les institutions dans un sens plus démocratique ; pour un orateur habile, ce n'est pas le moment de partir ! Et puis, Périclès ne domine pas la politique comme il le fera dans les années suivantes. Il faudrait préalablement mesurer son poids réel sur la politique athénienne dans les années 460-454. Ce qui ne sera pas facile.
Bref, il faudrait avancer au moins un début d'argument quant à son implication dans les affaires d'Egypte, ce qui ne me semble pas le cas. Par contre, l'impérialisme athénien de ces mêmes années ne fait aucun doute : est-ce de son fait ou flirte-t-il sur la vague ?
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