katode a écrit :
Persephone est qualifié de "fille au longues chevilles". En quoi le fait d'avoir de longue cheville est valorisé chez les grec?
L’expression est très courante en poésie, aux côtés d’autres analogues : « à la belle cheville », « à la cheville déliée », etc. Boarf, rien de particulier, nous dirions qu’elle a de belles guimbettes. A la rigueur, remarquons que les belles du VIIe ne montraient pas beaucoup plus que les chevilles… On fantasme sur ce qu’on peut, et on vante ce qu’on voit !
katode a écrit :
Que signifie l'expression: "les femmes aux larges ceintures"?
Rien de particulier là non plus ; la ceinture est le symbole de la femme (dénouer sa ceinture a un sens sexuel, ce qui donne un autre relief au travail d’Héraclès), de son mariage et de son statut ; les femmes y attachent une importance particulière d’un point de vue ornemental.
katode a écrit :
"Rhéa au bandeau brillant": Qu'elle est la symbolique du bandeau brillant?
Je ne pense pas qu’il soit là non plus nécessaire de chercher midi à quatorze heures un symbolisme particulier, d’ailleurs tu trouves des expressions analogues pour d’autres femmes, mortels ou immortels, dans le poème. Encore une fois, comme la ceinture, il s’agit d’un élément central de la toilette féminine.
katode a écrit :
Pourquoi Célée est il qualifié de "enfant chéri de Zeus"?
C’est une image, à ne pas prendre au sens propre. Il est simplement bourré de qualités, bénéficie d’une vie heureuse et a beaucoup de chance…
katode a écrit :
Pourquoi lors du rapt, Hadès est accompagné de "chevaux immortel"?
Les dieux sont accompagnés de chevaux divins : Hélios, bien sûr, mais aussi tous les autres dieux qui, comme dans l’Iliade, quittent l’Olympe sur leurs chars ; voir aussi les chevaux d’Achille, Xanthos et Balios, fils de Zéphyr et d’une harpye, cadeau de Poséidon qu’il récupéra à la mort du héros ; ils pouvaient même être doté de la parole et du don de prophétie, comme dans le cas de Xanthos.
katode a écrit :
l'expression "les hommes qui ont un language" designe-t'elle seulement ceux qui parlent le grec?
L’expression (
anthrôpos merops) est archaïque et se retrouve souvent dans l’
Iliade, dans Hésiode, etc. Son sens est obscur mais englobe de toute manière toute l’humanité :
- soit les hommes « qui ont un langage », « doués de parole » (racine *
ops)
- soit les hommes « mortels » (racine *
mar, mourir)
- soit les hommes « au regard intelligent » (racine *
smer, penser, et *
op, voir)
Perso, je reste plutôt sur l’idée de « mortels », car l’expression est souvent mise en relation avec la notion de génération, ou comme ici par opposition aux habitants de l’Olympe du vers suivant, par définition immortels.
katode a écrit :
Déméter cherche à rendre immortel Demophon en le cachant dans le feu ardent du foyer. Quel est le lien entre le feu et l'immortalité?
La flamme a un effet purificateur, elle débarrasse l’homme de son essence mortelle. D’autres légendes attestent de cette croyance : Héraclès devient dieu suite à sa combustion sur le bûcher qui détruit son enveloppe humaine, pour ne garder que son héritage divin ; selon certaines traditions, Thétis, avant d’avoir Achille avait eu d’autres enfants, tous morts peu après leur naissance. Inquiet, Pélée fut pris de soupçon à la naissance d’Achille et épia son épouse : Thétis qui haïssait son mariage et son mari, approchait déjà Achille de la flamme pour le débarrasser de l’héritage mortel de son père, traitement qui avait déjà entraîné la mort de tous ses frères ; Pélée eut juste le temps d’intervenir, Achille n’a été brûlé qu’au talon, qui fut remplacé par l’os d’un géant par les bon soins de Chiron, d’où sa rapidité à la course. A défaut d’immortalité, Thétis se contentera de l’invulnérabilité avec la trempette dans le Styx !
katode a écrit :
"Déméter au glaive d'or". il me semble que ce n'est pas habituelement le signe distinctif de Déméter.
Les épithètes divins sont incroyablement variés, et souvent originaux, locaux. Ici, chrysaor n’est pas tout à fait une surprise car :
- l’épithète est commun à de très nombreuses divinités, par exemples Artémis (Hérodote VIII.77), Apollon (hymne à Apollon, 395), mais aussi Zeus, Hermès, etc.
- Déméter peut avoir des attributs guerriers : ainsi en Béotie, Déméter est surnommée « porte-lance » ; dans le cadre des mystères d’Eleusis, on pense également au nom de Triptolèmos (tris, trois – ptolemos, combat, bataille)
katode a écrit :
De même que: "Déméter aux belles couronnes"
Divinité de la végétation, les couronnes de fleurs sont un des attributs essentiels de Déméter et font parties intégrantes du culte, en particulier je songe à la grande procession annuelle vers Eleusis, où les Athéniennes avancent toutes couronnées.
katode a écrit :
Pourquoi Déméter dit-elle que le vin rouge lui est interdit?
C’est lié aux Mystères. Je n’ai aucune idée de sa signification symbolique, et les quelques interprétations que j’en ai lu me laissent très dubitatif (le vin assimilé au sang, ce qui me semble une influence christique des commentateurs plus qu’autre chose ; en plus Déméter, toute agraire qu’elle soit, n’est pas hostile par nature aux sacrifices sanglants).
katode a écrit :
Pourquoi Hadès donne il le pépin de grenade comme fruit et non un autre?
On a déjà eu l’occasion d’aborder le sujet de la symbolique de la grenade dans le sujet consacré à
Les Immortels de l’armée perse.
La grenade semble liée en Grèce tout particulièrement à deux notions, qui comme par hasard se retrouvent imbriquées dans le mythe de Perséphone.
- La mort, peut-être lié à la couleur de son jus, mais aussi au fait que l’arbre reste vert toute l’année. Ainsi, il décore le tombeau de Ménécée, le fils de Créon, à Thèbes (Pausanias IX.25.1 : Vous voyez à Thèbes, auprès des portes Néïstes, le tombeau de Ménécée, fils de Créon, qui se tua lui-même, d'après un oracle rendu à Delphes, lorsque Polynice vint d'Argos avec une armée pour attaquer Thèbes. Il y a sur son tombeau un grenadier dont les fruits, lorsqu'ils sont mûrs, présentent, en les ouvrant, quelque chose qui ressemble à du sang. Le grenadier est un arbre toujours vert. ; signalé aussi par Philostrate, Livre des tableaux, II.29) ; Clément d’Alexandrie, Discours au Gentils, 19, dit que les Athéniennes « croient que la grenade est née du sang de Dionysos », Dionysos, le deux fois né, toujours ce lien avec le sang et la mort. Ovide, Métamorphose, V.532 en fait un fruit des Enfers : « Tandis qu'elle erre à l'aventure dans les jardins de Pluton, elle cueille une grenade »
- symbole de mariage: ainsi, le fuit est l’attribut d’Aphrodite (Athénée III.84c, citant Antiphanès : B. Mais voilà de bien belles grenades. A. Oh, oui! elles viennent du seul arbre qu’Aphrodite a elle-même planté dans l'île de Chypre.), mais surtout d’Héra, la déesse du mariage (Pausanias II.17.4, qui précise « elle tient une grenade d'une main et un sceptre de l'autre. Ce qu'on dit au sujet de la grenade étant un mystère, je ne me permettrai pas d'en parler. » ; Philostrate, Vie d’Apollonios, IV.28 ; Nonnos, Dionysiaques, XXX)
A l’inverse, le fruit est logiquement frappé d’interdit par Déméter à Eleusis (Porphyre IV.16 ; Clément d’Alexandrie,
Discours au gentils, 19), du fait de son rôle dans le mythe de Coré, mais aussi ailleurs, en Arcadie par exemple (Pausanias VIII.37.7).
katode a écrit :
Quelle est la symbolique du flambeau que porte Déméter pendant son errance?
Lié encore une fois spécifiquement au rite éleusinien où le flambeau est très présent, il doit être interprété uniquement dans ce cadre, mais je n’en sais pas plus, je n’ai jamais eu le courage de m’attaquer aux mystères des Mystères.