La piraterie a toujours été une pourvoyeuse importante d'esclaves, à tel point qu'hormis Athènes à l'époque classique, Rhodes à l'époque hellénistique ou Rome à l'époque romaine
(après -102 pour être plus sérieux), aucune autre puissance concernée par le commerce en Egée n'entreprit de campagne semblable, jugeant sans doute, et entre autre, qu'elle est était positive à ce niveau.
Les pirates pouvaient même servir d'intermédiaire entre les marchands et les sources d'approvisionnement éloignées (mer Noire, ...). Les marchands évitaient ainsi un voyage dangereux et gagnaient ainsi en sécurité, pour leurs biens, et pour eux... Les transactions se faisaient néanmoins discrètement.
Peu d'auteurs anciens dénoncent cette connivence, si ce n'est Strabon (Livre XIV, chapitre V, 2) lorsqu'il explique le renouveau de la piraterie au II° siècle avant par le besoin croissant de Delos en esclaves pour notamment servir l'Italie:
[color=#000080]C'est Coracésium qui marque l'entrée de la Cilicie Trachée. Bâti sur une espèce de promontoire rocheux et escarpé, Coracésium servit de place d'armes à Diodote, quand ce chef (plus connu sous le nom de Tryphon), après avoir soulevé la Syrie contre les rois [Séleucides], engagea contre eux une de ces guerres interminables, heureuses un jour, malheureuses le lendemain. Mais Antiochus, fils de Démétrius, réussit à l'enfermer dans une de ses forteresses, et il fut réduit à mettre fin lui-même à ses jours. C'est du reste autant à l'exemple donné par Tryphon qu'à l'incapacité absolue de cette suite de rois appelés alors à présider aux destinées communes de la Syrie et de la Cilicie, qu'on peut attribuer l'origine des associations de pirates formées par les Ciliciens. Il est constant, en effet, que l'insurrection de Tryphon donna à d'autres l'idée de s'insurger aussi, et que dans le même temps les luttes de frère à frère [au sein de la famille des Séleucides] livraient le pays sans défense aux attaques du premier ennemi venu. Mais ce fut surtout le commerce des esclaves qui, par l'appât de ses énormes profits, jeta les Ciliciens dans cette vie de crimes et de brigandages. Il leur était facile de se procurer des prisonniers de guerre, et tout aussi facile de les vendre, car à proximité de leurs côtes ils trouvaient un grand et riche marché, celui de Délos, qui pouvait en un jour recevoir et écouler plusieurs myriades d'esclaves, d'où le proverbe si souvent cité : «Allons, vite, marchand, aborde, décharge, tout est vendu». Et d'où venait le développement de ce commerce ? De ce que les Romains, enrichis par la destruction de Carthage et de Corinthe, s'étaient vite habitués à se servir d'un très grand nombre d'esclaves. Les pirates virent bien le parti qu'ils pouvaient tirer de cette circonstance, et, conciliant les deux métiers, le métier de brigands et celui de marchands d'esclaves, ils en vinrent proprement à pulluler. Ajoutons que les rois de Cypre, aussi bien que les rois d'Egypte, semblaient travailler pour eux en entretenant de perpétuelles hostilités contre les Syriens que les Rhodiens de leur côté n'aimaient pas assez pour leur venir en aide. Le commerce d'esclaves devint ainsi un prétexte, à l'abri duquel les pirates purent exercer avec impunité et continuité leurs criminelles déprédations. Ajoutons qu'à cette époque les Romains ne prenaient pas encore aux affaires de l'Asie exôtaurique autant d'intérêt qu'ils en prirent par la suite. Ils s'étaient contentés d'envoyer sur les lieux, pour étudier les populations et les institutions qui les régissaient, Scipion Emilien et après lui plus d'un commissaire encore, et ils avaient acquis ainsi la certitude que tout le mal provenait de la lâcheté des souverains du pays ; mais, comme ils avaient garanti eux-mêmes la transmission du pouvoir par voie de succession dans la famille de Séleucos Nicator, ils se faisaient scrupule de priver les descendants de ce prince de leurs droits. Malheureusement, cet état de choses, en se prolongeant, livra le pays aux étrangers, aux Parthes d'abord qui occupaient déjà en maîtres toutes les provinces d'au-delà de l'Euphrate, et, en dernier lieu, aux Arméniens qui poussèrent même leurs conquêtes dans la région exdtaurique jusqu'aux limites de la Phénicie, ruinèrent la puissance des rois de Syrie, exterminèrent toute leur famille et livrèrent aux Ciliciens l'empire de la mer. De nouveaux accroissements de la marine cilicienne finirent cependant par attirer l'attention des Romains, qui reconnurent alors la nécessité de détruire par la force des armes et par une guerre en règle cette puissance dont ils n'avaient pas cru devoir gêner le développement. Il serait difficile, au reste, d'accuser en cette occasion les Romains de négligence ; car, occupés alors d'ennemis plus proches et plus à portée de leurs coups, ils n'étaient vraiment pas en état de surveiller ce qui se passait dans les contrées plus éloignées.[/color]
Concernant la fréquence, tous les contrats maritimes athéniens du IV° siècle avant n'oublient jamais de faire mention de ce danger, tout aussi banal que le naufrage. D'autre part, il existe un certain nombre de décrets honorifiques d'époque hellénistique qui traitent des rachats de prisonniers non devenus esclaves (impossibilité de réduire les captifs en esclaves, possibilité de rançon intéressante, ...), preuve que tous les prisonniers ne devenaient pas esclaves et ce, dans une proportion notable (il existe aussi quelques témoignages littéraires).
Il faut enfin reconnaître qu'il n'était pas toujours facile de distinguer un marchand spéciialisé en main d'oeuvre servile d'un pirate.