Alain.g a écrit :
la démocratie athénienne (. . .) a dégénéré en haine des puissants et des riches en particulier avec un abus des proscriptions.
Pardon ? Des proscriptions à Athènes, voilà autre chose… Les carrières des Cimon, Périclès, Nicias, Conon, Phocion, pour ne donner que quelques exemple très célèbres, très riches et très puissants devraient suffire pour balayer ce soupçon de haine à l’égard des riches et puissants. La démocratie athénienne a au contraire souvent fait preuve d’une étonnante tolérance à l’égard des aristocrates, comme Phocion élu stratège 45 fois en dépit de ses idées politiques ostensiblement mise en avant par le concerné. Lors des grandes crises, les Athéniens ont le pardon très facile, avec le rappel systématique des exilés qui combattaient au coude à coude avec leurs compatriotes. Et après les graves révolutions oligarchiques, l’épuration s’est réduite au strict minimum, quasi personne n’a été exécuté ou exilé, l’amnistie a été proclamée, ce qui tranche avec la violence des Trente et des effets des guerres civiles dans la plupart des autres cités (je songe par exemple à Corcyre).
Alain.g a écrit :
Le peuple dédaigne d'exercer son devoir civique, il faudra le payer pour qu'il vote à l'ecclesia
Il ne faut pas confondre dédain et impossibilité matérielle. Participer à l’ecclésia ne se réduit pas à se pointer 5 minutes une fois tous les trente-six du mois pour glisser un caillou dans une urne. Il s’agit de débattre plusieurs heures, souvent toute la journée. Rares sont ceux qui peuvent s’offrir une journée chômée : il faut nourrir et nourrir sa famille. En conséquent, Athènes a mis en place un dédommagement, calculé au plus juste, inférieure à celle d’une journée de travail d’un ouvrier : il n’y a pas de gain, cela paie le repas, c’est tout, et cela permet aux plus démunis d’exercer leurs droits.
Tout ce qu'on demande à nos concitoyens, c'est de consacrer à la politique un quart d'heure un ou deux fois par ans ; seul une minorité qui se réduit d'élection en élection s'y soumet. Athènes exigeant plusieurs fois par mois de participer à ces délibérations interminables, exigeaient aux citoyens d'exercer tout un tas de responsabilité comme les centaines de bouleutes ou les milliers héliates tirés au sort, pour ne donner que les plus célèbres. Ce sont des 100aines d'heures par an que les Athéniens consacrent à leur cité. Et ils le faisaient, contre un dédommagement modique, un RMI... C'est un peu comique dans ce contexte d'entendre qu'ils dédaignent leur devoir civique...
Alain.g a écrit :
la justice est partiale
Ah bon. Ben il va falloir démontrer ce lourd jugement…
Alain.g a écrit :
la possibilité d'exiler qui tournera parfois au jeu de massacre des meilleurs dans le cas d'Aristide et de beaucoup d'hommes de grandes valeur.
Jeu de massacre ? Ben voyons… Il est fait ici allusion je présume à l’ostracisme, qui consistait lorsque un conflit entre deux personnalités politiques antagonistes devenaient trop dangereux, paralysant pour des raisons partisanes la bonne marche des institutions, et surtout menaçant pour la concorde entre les citoyens, pouvant mener dans le pire des cas à des guerres civiles ou des coups d’état. Dans ce cas, lorsque la situation devenait trop instable, les citoyens tranchaient entre les deux champions : l’un était exilé, et le second avait alors les coudées franches pour appliquer sa politique avec l’aval des citoyens. Le système a fait ses preuves, facteur justement de stabilité et d’évolution pour la cité. Les vaincus n’étaient pas déshonorés, n’étaient pas ruinés, mais ils étaient chassés de l’Attique. Cela peut sembler arbitraire, un homme étant condamné alors qu’il n’a commis aucun crime ; c’est vrai ; mais cela permettait de suivre des politiques efficacement à moindre frais, sans risque pour la cité. L’essentiel est de préserver la Concorde, vitale, l’essence même de la cité ; l’éloignement forcé d’un homme contre la paix sociale et des vagues de réformes, le jeu en vaut largement la chandelle. La situation se détériorera d’ailleurs lorsque l’ostracisme sera abandonné : un ostracisme voté entre Eschine et Démosthène aurait sérieusement renforcé Athènes contre Philippe, quelqu’ait été le vainqueur. Si le vote entre Nicias et Alcibiade s’était déroulé normalement, la face de la guerre du Péloponnèse aurait été changée. Bref les départs exigés étaient vitaux ; cruel pour le vaincu certes, mais aucun « massacre ». Chaque ostracisme a été l’occasion d’inflexion majeure de la politique athénienne. Pour reprendre l’exemple d’Aristide, il était le chef du parti oligarchique, son ostracisme en 483 assure le triomphe de Thémistocle et des impérialistes démocrates. Résultat des courses, Athènes se dote de la plus puissante flotte de Grèce la même année, pari sur l’avenir qui ne serait jamais passé avec Aristide. Et dès 480, suite à l’invasion perse, la sanction est levée et il est élu stratège : l’ostracisme n’est pas une souillure. Et il infléchira dorénavant sa politique dans un sens nettement plus démocratique et impérialiste, retenant les leçons du passé. En d’autre terme, son ostracisme a été vital à un moment clé de l’histoire athénienne, donnant à la cité ce souffle démocratique qui mènera à Ephialte, et surtout ce tournant impérialiste qui portera à bout de bras la démocratie athénienne pour près de 150 ans… et qui sauva Athènes en 480…
Alain.g a écrit :
Les magistrats n'étaient désignés que pour de courtes périodes, un facteur d'instabilité évident.
Pas forcément, les postes clés qui nécessite un savoir-faire ou un talent particulier sont élus et renouvelable, d’où l’importance des plus importantes, la stratégie chère à Périclès, et au IVe, la surintendance des revenus publique clé du pouvoir de Lycurgue. Mais la merveille athénienne est qu’un particulier peut influencer profondément et durablement sa cité sans exercer la moindre fonction publique, comme Démosthène. Comment parler d’instabilité de la démocratie athénienne, alors qu’au contraire la paix civile y a régné pendant près de deux siècles, mis à part les deux courts accidents de 411 et 404 ? Quelle autre cité grecque peut se prévaloir d’une telle stabilité ? Thèbes ? Mégare ? Syracuse ? Corinthe ? Corcyre ?