lucullus a écrit :
Ce serait tout de même paradoxal que les Grecs prononcent mal leur propre langue tandis que les Européens eux oui.
L'argument est vraiment sans valeur. D'abord parce qu'une langue est bien entendue évolutive, croire qu'elle a toujours été semblable et le restera éternellement est une gageure. Ensuite parce que les Latins de la Renaissance ont appris le grec non pas par l'intermédiaire de leurs contemporains byzantins, mais directement avec les manuscrits de Démosthène ; ils se sont donc posé la question de la prononciation du grec ancien, question que les Grecs eux-mêmes ne se posaient pas instinctivement. Pour reprendre le cas du êta, la lettre n'existe pas les premières inscriptions, et c'est alors un epsilon qui lui est substitué : la lettre se prononçait donc bien "é" à l'origine. Cependant, au IIe siècle après JC, l'épigraphie révèle pour la première fois des confusions entre le êta et l'iota, fautes révélatrices de l'évolution de la prononciation : le êta a commencé à se prononcer "i" au deuxième siècle (seulement ou dès, selon l'optique choisie). Ces questions ont été largement étudié, les arguments ne manquent pas, que ce soit les "fautes" d'orthographe de l'épigraphie, les variations plus ou moins prononcées en fonction des dialectes, les transcriptions dans des alphabets étrangers ou même directement par les remarques de grammairiens antiques, grecs, latins ou byzantins.
Que les jeunes Grecs lisent le grec ancien à la manière contemporaine est logique : ils ne vont pas vous faire désapprendre votre propre alphabet, surtout pour y suppléer une convention approximative. Les autres par contre apprennent un nouvel alphabet, ils apprennent donc en même temps une prononciation plus
proche de la période de référence des V-IVe athéniens (choix qui peut être discutable, en tout cas arbitraire, certes).