Je me demande s'il n'y a pas une confusion avec Philippe V... Tite Live, XL.21-22 (en juillet 181) : 21. Philippe ... s'était mis en tête de monter au sommet du mont Haemus, sur la foi de l'opinion généralement répandue, qu'on pouvait de cette hauteur embrasser d'un coup d’œil le Pont-Euxin, l'Adriatique, le Danube et les Alpes. Il pensait que cette vue lui serait de quelque utilité pour organiser son plan de campagne. Il consulta sur cette ascension les gens qui connaissaient le pays. Tous s'accordèrent à lui représenter la route comme impraticable pour une armée, et très difficile même pour une poignée d'hommes, légèrement équipés. Fort de ces renseignements, il s'adressa à son fils Démétrius, qu'il avait résolu de ne pas emmener avec lui, et, cherchant à le flatter par les marques de la plus intime confiance, il lui demanda d'abord s'il devait, en présence de difficultés si grandes, persévérer dans son entreprise ou y renoncer. ... Démétrius ne s'y trompa pas. Il comprit qu'on redoutait sa présence au moment où l'on choisirait sur les lieux mêmes le chemin le plus court pour gagner l'Adriatique et l'Italie, et où l'on déciderait le plan des opérations. Mais il sentit aussi la nécessité de se soumettre, et même d'applaudir à la détermination de son père, de peur qu'on ne le soupçonnât d'obéir à regret. ... 22. Philippe, après avoir traversé d'abord la Médique, puis les déserts qui séparent cette contrée de l'Haemus, arriva enfin, en sept jours de marche, au pied de la montagne. Il s'y arrêta un jour entier pour choisir ceux qu'il comptait emmener avec lui, et se mit en route le surlendemain. On gravit d'abord sans beaucoup de difficultés les collines inférieures. Mais à mesure qu'on s'élevait, le terrain devenait plus boisé et souvent impraticable. On arrive ensuite à un fourré si épais, qu'on pouvait à peine apercevoir le ciel à travers le feuillage serré des arbres et leurs branches entrelacées les unes aux autres. En approchant du sommet, on fut témoin d'un phénomène fort rare partout ailleurs; la montagne était enveloppée d'un tel brouillard qu'on ne marcha plus qu'en tremblant comme dans l'obscurité de la nuit; enfin le troisième jour on parvint à la cime. Les voyageurs, à leur retour, ne démentirent point l'opinion reçue; mais je pense qu'ils voulurent épargner à leur amour-propre le ridicule d'une vaine entreprise; car il est peu probable qu'ils aient aperçu du même point des mers, des montagnes et des fleuves placés à une grande distance les uns des autres. Ils souffrirent tous des fatigues de la route, et le roi plus que les autres, parce qu'il était d'un âge plus avancé. Après avoir élevé deux autels, l'un à Jupiter, l'autre au Soleil, et y avoir immolé des victimes, Philippe descendit de la montagne. Au lieu de trois jours qu'il avait mis à monter, il n'en employa que deux; il craignait surtout la fraîcheur des nuits, qui au lever de la canicule, sont aussi froides que les nuits d'hiver. On y reconnait la patte de Polybe, soucieux de ridiculiser Philippe et de défendre son fils Démétrius, ami des Romains. Strabon VII.5.1 fait allusion à ce passage dans Polybe, mais dément la légende qui a trompé Philippe Pomponius Mela (II.2) continue à la colporter cependant : L’Haemus est si élevé que de son sommet on aperçoit l’Euxin et l’Adriatique. Pour Philippe II, ça ne me dit rien du tout.
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