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 Sujet du message : Re: Parlez-moi de Pyrrhus.
Message Publié : 23 Sep 2012 17:04 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 24 Mars 2010 16:23
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Mouais, elle a pas l'air très vieille sur la gravure cette Argienne... De toutes façons, ce genre de mort est toujours à prendre avec prudence : pareil pour Richard Coeur de Lion (le chevalier devient cuisto chez Riddley Scott lol ). On ne peut pas vraiment savoir : ce qui paraît à peu près certain, c'est qu'il meurt au combat, pendant le siège d'Argos. Peut-être dans les rues de la ville mais de là à en faire un abruti se battant à cheval dans les ruelles... :rool: Après ce n'est que ma première impression, peut-être est-ce vrai et que Pyrrhus s'est bien fait assomé par une mémé lol

Mais votre rappel est intéressant : que diriez-vous de discuter davantage autour des circonstances de sa mort ? Sont-elles plausibles ? Quelles sont les sources ?

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Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

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 Sujet du message : Re: Parlez-moi de Pyrrhus.
Message Publié : 23 Sep 2012 18:29 
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Tite-Live
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Inscription : 07 Mai 2009 19:59
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On peut relever en tout cas que les femmes d'Argos étaient connues pour leur esprit combattif. Déjà au 5e s. elles avaient contribué à la victoire de leur cité contre Sparte. Voir Télésilla http://users.tellas.gr/~sarbonne/poesie6.htm#telesilla

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 Sujet du message : Re: Parlez-moi de Pyrrhus.
Message Publié : 23 Sep 2012 18:43 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Au contraire, la légende de Télésilla a été créé tardivement en milieu argien, elle a troqué son souvenir de poétesse lyrique du milieu du Ve en une farouche Amazone de la fin VIe-début Ve, qui permet de gommer une des pages les plus humiliantes de l'histoire argienne. Le parallèle avec la mésaventure de Pyrrhus est à mes yeux un indice qui permet de dater l'apparition de cette tradition après la mort de Pyrrhus. Les deux épisodes sont étroitement liés.
Voir le sujet La poétesse Télésilla d'Argos.


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 Sujet du message : Re: Parlez-moi de Pyrrhus.
Message Publié : 24 Sep 2012 17:01 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 11 Juin 2007 19:48
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Citer :
que diriez-vous de discuter davantage autour des circonstances de sa mort ? Sont-elles plausibles ? Quelles sont les sources ?

J'ai un peu zapé la question... donc j'y reviens.
Globalement, il n'y a pas vraiment de débat, la version est a peu près admise par tout le monde : il s'est prix un truc sur le crâne, une tuile ou une pierre, et les Argiens prétendent que c'est une femme qui l'a lancé. Maintenant, les sources originelles ne sont pas précisée, on ne sait pas ce que Timée, Philarque ou Hiéronymos racontaient ; mais il n'existe aucune version alternative. Certes, les détails varient (une tuile ou une pierre ? au pied des remparts ou dans la ville même près du tombeau de Lycinios ? voire, volontaire ou accidentel?). Cela s'explique tout simplement par le contexte, en plein champs de bataille, c'est un vrai foutoir, la retraite est en train de mal tourné à cause d'un cafouillage dans la transmission des ordres. Dans les faits, personne n'a vu grand chose, si ce n'est peut-être le soudard qui l'a achevé, qui a rapporté sa tête à Antigone et fait son rapport. Or Hieronymos de Cardia en tant qu'historiographe officiel devait raconter cette version. Manque de bol, on l'ignore, mais Pausanias précise qu'il donnait une version différente des vers de l'Argien Lycéas; mais Lycéas en a fait des tonnes, et finalement on ne sait à quel degré Hiéronymos différait, et on ne peut pas en déduire qu'il ne parlait pas de cette tuile et de cette femme. En tout cas, les Argiens veulent y voir la main d'une femme, et cette version est devenu canonique. Plutarque donne une version très détaillé et très romancée, mais d'où sort-t-elle ? Bon, elle est jolie, mais est-elle authentique... La disparition des sources contemporaines peut nourrir le doute, mais la relative homogénéité de la tradition la rend plausible.

Plutarque, Vie de Pyrrhus, 34.1-6 :
34. Pyrrhus voyant cette tempête qui frappait sur ses troupes avec tant de violence, ôte la couronne qui distinguait son casque, et la donne à un de ses amis : se fiant à la bonté de son cheval, il se précipite au milieu des ennemis qui le serraient de près, et reçoit à travers sa cuirasse un coup de javeline, dont la blessure ne fut ni profonde ni dangereuse. Il se tourne à l'instant contre celui qui l'a frappé : c'était un Argien obscur, fils d'une femme vieille et pauvre, qui, comme les autres femmes de la ville, regardait le combat de dessus un toit. Dès qu'elle voit son fils s'attacher à Pyrrhus, effrayée du danger qu'il court, elle prend à deux mains une tuile, qu'elle jette sur Pyrrhus. La tuile lui tombe sur la tête au défaut de l'armet, et de là glissant sur le cou, elle lui rompt les vertèbres. Aussitôt sa vue se trouble, les rênes lui échappent des mains, et il tombe de cheval près de la sépulture de Lycinios, sans être reconnu de la foule. Mais un soldat d'Antigonos, nommé Zopyros, et deux ou trois autres, étant accourus en cet endroit, le reconnurent et le traînèrent sous une porte, comme il commençait à reprendre ses esprits. Zopyros avait déjà tiré son cimeterre pour lui couper la tête, lorsque Pyrrhus lança sur lui un regard terrible ; Zopyros, effrayé et la main tremblante, voulut cependant l'achever; mais, dans le trouble et l'effroi où il était, au lieu de frapper juste, il lui porta au-dessous de la bouche un coup mal assuré qui lui fendit le menton, et il ne parvint qu'avec peine à lui séparer la tête du corps.

Strabon, VIII.6.18 :
Argos, après avoir repoussé Pyrrhus, qui périt même, dit-on, sous ses murs, d'une tuile lancée de la main d'une vieille femme, subit le joug de différents princes.

Pausanias, I.13.8 :
7 Antigonos se disposait à passer de l'Argolide dans la Laconie, lorsque Pyrrhos vint lui-même à Argos ; et ayant encore été vainqueur, il entra dans la ville avec les fuyards, ce qui rompit, comme cela était naturel, son ordre de bataille. Le combat s'étant alors engagé de tous les côtés, vers les temples, vers les maisons, dans les rues et dans les différents endroits de la ville, Pyrrhos se trouva seul et reçut un coup à la tête. 8 On dit qu'il fut blessé par une femme qui lui jeta une tuile : mais les Argiens prétendent que ce fut par Déméter sous la figure de cette femme ; et Lycéas l'un des exégètes du pays, raconte cette mort dans ses vers, de la même manière que les Argiens. D'après les ordres de l'oracle, un temple fut érigé à Déméter, à l'endroit où Pyrrhos fut tué, et il est enterré dans ce temple. 9 Il est assez étonnant que plusieurs des Eacides aient terminé leurs jours à peu près de même par la vengeance des dieux. Achille fut, suivant Homère, tué par Apollon et par Alexandre, fils de Priam ; la Pythie ordonna aux Delphiens de tuer Pyrrhos, fils d'Achille, et l'on vient de voir comment les Argiens et Lycéas dans ses vers racontent la mort de Pyrrhos fils d'Eacide. Leur récit diffère cependant de celui d'Hiéronymos de Cardia, mais tout homme qui s'est attaché à un roi, est obligé d'écrire ce qui lui est agréable, et si on a cru pouvoir excuser Philistos de ce que l'espoir d'être rappelé à Syracuse, lui a fait garder le silence sur les plus grands forfaits de Denys, ne doit-on pas, à plus forte raison, pardonner à Hiéronymos de n'avoir écrit que ce qui pouvait plaire à Antigonos ? La puissance des Épirotes finit avec le règne de Pyrrhos.

Polyen, VIII.68 :
68. LES ARGIENNES. Pyrrhus, roi d'Epire, appelé par Aristéas d’Argos, entra dans Argos, dans le dessein de s'en rendre maître. Les Argiens se rassemblèrent en armes dans la place publique, et leurs femmes étant montées sur les terrasses des toits, jetaient de là des pierres et des tuiles sur les Épirotes, et les contraignaient à faire retraite. Pyrrhus, ce grand et fameux général, périt en cette rencontre d'un coup de tuile qu'il reçut à la tête. Ce fut une grande gloire, parmi les Grecs, pour les Argiens, que Pyrrhus, un des plus grands guerriers qu'il y ait eu, ait été tué, non pas par les hommes, mais par les femmes argiennes.

Zonaras, VIII.6.8 :
Now Pyrrhus, who had made a most distinguished record among generals, who had inspired the Romans with great fear, and had left Italy in the fifth year to make a campaign against Greece, not long afterward met his death in Argos. A woman, as the story runs, being eager to catch a glimpse of him from the roof as he passed by, made a misstep, and falling upon him, killed him.

Justin, XXV.5.1 :
5,1 Repoussé par les Spartiates, Pyrrhos se dirige vers Argos; tandis qu'il s'efforce d'y atteindre Antigone qui s'était enfermé dans la ville, il est frappé par une pierre jetée du rempart pendant qu'il combat avec rage dans la mêlée et est tué . 2 Sa tête est apportée à Antigone qui, adouci par la victoire, renvoya dans son royaume son fils Hélénos, qui avait capitulé avec les Épirotes, et lui remit les restes de son père, privé de sépulture, pour qu'ils soient rapportés dans sa patrie.

[Aurelius Victor], De viris illustribus, 35.10 :
Alors Pyrrhus revient en Grèce, et, au siège d'Argos, il est tué d'un coup de tuile. On rapporta son corps au roi de Macédoine Antigone, qui le fit ensevelir avec magnificence.

Orose, IV.2.7 :
While he was in Greece at Argos, a flourishing city of Achaia, he was struck by a rock and died.

Ovide, Ibis, 301-302 :
Puisses-tu mourir . . . par une tuile lancée par une main féminine, comme ce descendant d'Achille qui portait avec gloire un si grand nom !

Quintilien, V.11.10 :
Si donc on veut exhorter un homme à faire une action courageuse, l'exemple d'Horace ou de Torquatus sera moins puissant que celui de cette femme qui tua Pyrrhus de sa main.

Tite Live, XXIX.18.6 :
Toutefois, après cela, il ne lui arriva jamais rien d'heureux; et, chassé de l'Italie, il tomba d'une mort obscure et sans gloire, pour être entré de nuit, imprudemment, dans Argos.


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