Narduccio a écrit :
Mais ces sociétés étant moins complexes, elles n'ont pas besoin d'un droit donc les codes tiennent sur plusieurs volumes très épais.
Et encore sur ce point on pourrait aussi discuter longuement.
En tout cas, à lire certains, on a l'impression que les décennies d'études anthropologiques n'ont pas servi à grand chose.
Alain.g a écrit :
L'antiquité gréco-romaine a bien changé l'histoire de l'europe en apportant de nouveaux concepts, mais on peut en dire autant d'autres grands moments qui ont marqué le cours des évènements comme la Mésopotamie, l'Egypte ancienne ...
Sinon, pourquoi les enseigner et en entretenir le souvenir.
Voilà le risque ; une Histoire se nourrissant des "grands moments", une Histoire perçue comme l'accumulation des innovations du génie humain marchant vers le progrès, la liberté, la science, le discernement, s'opposant résolument à la barbarie, l'ignorance... C'est un point de vue très ancien, très daté et très en lien avec un certain sentiment de suffisance de l'Occidental dominant le monde, se sentant l'aboutissement du processus de civilisation. Sur cette question j'aime à me rappeler ce que disait Desproges : "Parmi ces besogneux du progrès, ces gagne-petit de la connaissance qui ont contribué sans bruit à faire progresser l’humanité de l’âge des cavernes obscurantiste à l’ère lumineuse de la bombe à neutrons". Ce n'est peut être pas de l'Histoire, mais au point où nous en sommes cela me semble un contrepoint important aux saillies émotionnelle sur les vertus des modèles de civilisation.
L'Histoire de l'humanité est plus affaire de contraste, de réaction contre l'organisation précédente, qu'une suite de découvertes menant vers l'idéal. Si vous prenez l'exemple de la Renaissance il me semble qu'il est délicat de l'étudier en en occultant ses aspects structurant. On pense immédiatement à l'Humanisme, au goût pour l'antique, au développement des Etats, au faste des cours princières, au fourmillement artistique... choses sur lesquels on s'étend à loisir. L'autre versant est moins agréable, tissé de fanatisme religieux, de violences, de massacres, de longues guerres pour des appétits de conquête, de chasse aux sorcières... Quand les lignes bougent dans une société donnée il me semble bon de souligner certes ce que nous percevons comme progrès, mais en occulter d'autre me semble plus que dommageable. Cela conduit l'esprit à imaginer une courbe linéaire de l'Histoire. Un de mes professeurs de licence avait d'ailleurs insisté sur un point connexe ; celui de la structuration de la monarchie française. A regarder son évolution rapidement on est conduit à penser que ce qui en marque l'évolution c'est la centralisation vers un absolutisme. Or c'est fouler au pied toutes les réactions très vives de l'aristocratie et d'autres groupes qui auraient pu mener l'évolution de ce principe monarchique vers d'autres cieux (la Fronde, les Guerres de Religions...). Il me semble que la "marche de l'Histoire" suit aussi cette "règle" implicite. Rien n'est acté et ce n'est pas parce qu'on peut se sentir à l'aise dans notre société et la vivre comme un aboutissement que c'est pour autant une vérité structurante de l'Histoire humaine.