Bonjour,

Il semble qu'Hissarlik soit maintenant plus ou moins reconnu comme le site de Troie. Cependant, je me pose tout de même quelques questions. Quelles preuves définitives font pencher les historiens pour cette hypothèse ? Et même de manière plus général, est-ce que "rechercher Troie" a du sens en terme historique ? Puisque l’Iliade est un récit quasi mythologique, peut-on prétendre la vérifier par l'archéologie ?

Le site archéologique de Troie a été reconnu officiellement par l'UNESCO, qui l'a inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité en 1998.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

En fait dès le début du XIXe Hissarlik est envisagé comme site possible en raison de l'existence d'un sanctuaire dédié à Athéna Ilias (Ilion = Troie en grec, Ilos étant le fils de Tros). A l’époque les spécialistes hésitent à placer Troie entre deux sites : Hissarlik et Bournabashi. Homère cite deux sources proches de la cité : l’une froide et l’autre chaude, or à Bournabashi il y en a 34 ! Dans L’Iliade, les Grecs et les Troyens se déplaçaient de la cité de Priam au camp situé au bord de la mer où étaient ancrés les navires grecs or Bournabashi est à près de trois heures de marche de la mer. De plus, la colline d’Hissarlik sépare les cours du Scamandre et du Simoenta, exactement comme le décrit Homère. Comme Schliemann prenait à la lettre le texte d'Homère, il fouilla à Hissarlik, d'autant que Franck Calvert, consul britannique qui avait lui-même commencé quelque fouilles sommaires de repérage sur le site, lui suggéra de concentrer ses fouilles sur cette colline.

En fait il n'y a aucune preuve archéologique qu'Hissarlik=Troie mais un faisceau d'indices que cette cité correspond à la source d'inspiration d'Homère... Quant à savoir si "rechercher Troie" a du sens en terme historique, c'est une vraie question dans une acception contemporaine mais vu l'importance du poème homérique dans l'histoire de la Grèce et dans une moindre mesure dans notre civilisation occidentale (au XIXe la lecture des classiques grecs et latins est un des fondements de la culture de l'honnête homme), cela ne paraissait pas incongru au XIXe. Il fut un temps où l'archéologie d'un rêve ne paraissait pas si fantaisiste (idem pour Cnossos, voire l'Atlantide...)

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Bonjour


C'est vrai. Maintenant, on sait aussi qu'il y a des enjeux politiques et économiques qui sous-tendent les classements de l'UNESCO.

Merci de votre réponse détaillée Clio. J'en profite pour demander, mais il me semble avoir lu quelque part qu'Homère lui-même ne parle pas de Troie mais d’Ilion (d'où le titre de l'épopée), Troie venant simplement de la région "Troade". C'est à vérifier, mais dans ce cas quand a-t-on utilisé le terme de "Troie" au lieu "d'Ilion" ?


Bien sûr. Je me demandais simplement où en était la recherche actuellement, il y a toujours des fouilles à Hissarlik, mais cherche-t-on encore Troie, ou en tout cas celle qu'Homère nous décrivait ?

L'ennui c'est que Schliemann a foutu un tel bazar dans la stratification que toutes les interprétations ultérieures seront entachées d'un doute sur la fiabilité des données avant toute interprétation. Ce doit être très décourageant pour un archéologue. Je ne sais pas s'il y a encore des fouilles (faire une recherche sur Google en anglais). Quand j'y suis passé en 1995, de mémoire il y en avait encore, des Italiens je crois. Les sites aussi importants ne sont jamais exempts de fouilles ultérieures.

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L'an dernier, il me semble avoir vu un reportage (sérieux) sur Arte qui montrait qu'on avait récemment découvert au pied de la colline d'Hissarlik, une ville gigantesque, de dimension vingt fois plus grande (sinon plus) que le site actuel. La colline ne serait que la forteresse ou l'acropole, d'une mégalopole encore infouillée...

Bonjour à tous,
Passionnant ce post, avec un arrière goût de madeleine de Proust pour moi... Je me souviens d'un livre de vulgarisation quant aux travaux de Schlieman, les photos surtout étaient superbes. J'ai encore en mémoire, celle de la femme de Schlieman avec les "bijoux d'Hélène". Il me semble que tout ce trésor a disparu pendant la bataille de Berlin.
Cordialement.
Alain.

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La mémoire est la sentinelle de la sagesse.

De ce que j'ai entendu, il ressort qu' on estime à présent que Schliemann a bien probablement découvert le site de Troie, mais qu'il se serait trompé de couche pour la Troie homérique, parmi les nombreuses couches d'habitat superposées, ce qui a amené les archéologues à évoquer ses erreurs.
Par ailleurs, j'ai vu aussi un reportage TV sur une Troie beaucoup plus étendue, située tout autour de la découverte de Schliemann, mais en contrebas.
Cet archéologue a également fouillé le palais de Mycènes, les fameuses tombes royales, et comme à Troie mis à jour des trésors artistiques spectaculaires remis à des musées.
J'ai vu Mycènes, site assez restreint, et son palais situé sur une hauteur, mais pas la Troie supposée, ayant opté pour Constantinople-Istambul, et la côte hellénistique: Ephese, Phasélis, Pergame, Aphrodisias ..

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Voici un schéma produit un numéro spécial de L'Histoire (n°389, Juillet/Août 2013) qui illustre bien vos propos sur l'étendue de la ville trouvée à Hissarlik. Ce sont les fouilles de Korfmann, de 1998 à 2003, qui ont confirmé l'ampleur du site pressentie par les successeurs de Schliemann.



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Bonjour,

Il semble que la question soit plus complexe. Korfmann a prétendu avoir trouvé une immense métropole, mais tous ne sont pas d'accord avec ses affirmations.

http://www.nytimes.com/learning/teacher ... esday.html

Étant donné que ces échanges se sont effectués pour la plupart en allemand, c'est assez difficile de démêler le tout.
On peut trouver quelques articles intéressants ici : http://www.uni-tuebingen.de/troia/eng/kontroverse.html

Squall, ce sont des sites qui datent de 2001 et 2002, c'est un peu dépassé.
Le reportage que j'ai vu, était de l'année dernière et le magazine de L'histoire date de cette année...