Cette année encore le capes et l'agreg en histoire ancienne portent sur l'Orient hellénistique. Il serait bon en tant que petite révision de refaire le point sur les différentes sources littéraires encadrant le sujet. Qui sont donc les historiens anciens s'étant penchés sur de cette époque? Etaient ils grecs ou latins? Contemporains des évenement ou au contraire plus tardifs? Comment juger la véracité historique des Polybe, Appien, Flavius Josèphe ou autre Tite Live? Quel est l'étendu de leur oeuvre? Partageons nos savoirs et discutons en. Ce forum servira, je pense, à beaucoup de monde.

Polybe est sans doute le plus important d'entre eux. Historien grec né à Mégalopolis en Arcadie vers 203 av JC (Mégalopolis quand il nait fait partie de la confédération achéenne) il est le fils de Lycortas, personnage important, souvent stratège de la ligue quand le grand Philopoemmen ne l'est pas lui même. Polybe, très attaché à sa patrie, fera lui aussi partie de la classe dirigeante de la confédération lorsque les Achéens aux côtés des Macédoniens se feront battre par les romains à Pydna (168). Il sera l'un des 1000 otages alors emmenés en Italie mais aura lui la chance grâce à sa culture et son savoir, d'atterrir à Rome dans le cercle dirigeant et très fermé des Scipions: il devint le précepteur des deux fils du général romain Lucius Aemilius Paulus. Le second fils fut d'ailleurs célèbre sous le nom de Scipion Emilien. Ils étaient tous les deux des amis très proches et le suivit même lors de ces campagnes africaines en 146. Cette même année son pays devint province romaine après une guerre meurtrière pour les siens: les Achéens. Amertume, fatalité, haine envers les classes dirigeantes suicidaires de son pays partageaient surement ses pensées d'alors. Il se mit ensuite à la rédaction d' "une Histoire universelle" en 40 volumes. Il voulait montrer comment et pourquoi les nations civilisées du monde tombèrent sous la domination de Rome. Il y narre donc la vie politique et les succès militaires de Rome. L'histoire couvre la période entre 220 et 146 avant JC (146 étant la date de la chute de Corinthe). Les cinq premiers livres seulement sont arrivés jusqu'à nous en entier. Il n'essaya pas seulement de faire une liste de faits et d'événements, mais d'en trouver les causes et tirer des leçons pour l'avenir. Il aima Rome, admira sa constitution dont il vanta les mérites mais était à la fois d'une profonde culture hellénique. L'amour pour sa vieille "Achaïe" (en fait de la jeune confédération achéenne) peut se lire en filigrane tout au long de son oeuvre. On peut le considérer comme un historien précis et rigoureux même si dans certains passages il n'est pas dénoué de certains préjugés et laisse place à son entière subjectivité (comme tout le monde quoi...):
- c'est un aristocrate assez réactionnaire, il n'aime pas les mouvements populaires.
-il a souvent tendance à défendre les Romains envers et contre tout.
-il éprouve une haine plus que viscérale envers les Etoliens et possède quelques préjugés raciaux tels que "les Crétois sont des voleurs" (ou trucs du style...)

Voilà ce que je peux dire sur ce -néanmoins- immense historien. Si quelqu'un a d'autres informations qu'il juge importante à donner qu'il n'hésite surtout pas...ni n'hésite à me me corriger si j'ai dit des "conneries"...
Enfin, si dans ce forum un volontaire pouvait à chaque fois faire un petit topo comme ceci sur chacun des historiens concernant notre période, ça serait cool... Merci d'avance.
C'est tellement plus sympa de réviser ainsi en partageant nos connaissances.

Sur les tout débuts de l'époque hellénistique, et plus précisément les luttes entre Diadoques jusqu'en 301, l'auteur incontournable est Diodore de Sicile. Celui-ci est généralement considéré comme un assez médiocre compilateur (on pourrait cependant comparer sa médiocrité avec celle de Justin, laquelle me parait beaucoup plus apparente: Diodore, lui, s'il ne fait guère preuve d'originalité, ne tombe ni dans les invraissemblances, ni le simplisme de Justin, abréviateur de Trogue-Pompée). Le texte de Diodore nous permet de suivre année après année les différents épisodes de ces luttes, et notamment de comprendre les motivations des différents acteurs: je pense notamment à la politique d'Antigone le Borgne, personnage que je trouve particulièrement intéressant, et notamment à sa fameuse proclamation de Tyr, relativement à la "liberté des cités grecques" (les guillemets sont de rigueur quant à cette "liberté") ainsi qu'à l'utilisation dans le discours politique d'un tel protagoniste des "nains politiques" qu'étaient pourtant dans les faits le roi Alexandre IV (fils du conquérant) et sa mère Roxane.
De 301 jusqu'au début du récit de Polybe, la trame évènementielle de l'époque hellénistique nous est connue de façon relativement partielle, certaines périodes et évènements apparaissant particulièrement obscurs: par exemple la seconde guerre de Syrie, ou la guerre de Chrémonidès. On voit par là le "manque" crée par la perte de l'oeuvre de Diodore postérieure à 301, même si la documentation épigraphique permet plus ou moins de "boucher les trous", sans parler bien-entendu de l'importance de cette dernière quant à notre connaissance de la vie quotidienne à cette époque.

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"Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Paul Valéry

"C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar". Gustave Flaubert