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 Sujet du message : La "mentalité" grecque
Message Publié : 23 Avr 2005 11:26 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Bonjour, je suis nouveau ici.

A supposer qu'il existe un objet d'etude qu'on pourrait qualifier de "culture grecque". Une sorte d'"esprit d'un peuple".
Je voudrais m'adresser a ceux qui ont une connaissance affirmee de cette culture, et leur demander comment ils la caracterisent, et pourraient caracteriser eventuellement son evolution.

Pour etre plus concret, il me semble que l'evolution de la culture romaine, par exemple, est plus lisible, ou du moins operationnalisable.
La Royaute et la Basse Republique semblent se caracteriser, du point de vue des "mentalites", par une pression sociale extremement dense portee sur l'individu. La Pax Deorum, par exemple, telle que la concoivent les Romains, fondee sur un respect particulierement strict des rituels -on connait des cas ou le magistrat repete 30 fois de suite le meme rituel jusqu'a atteindre une sorte de perfection, ce qui le designe comme un homme particulierement pieux aux yeux de ses contemporains- fonde un Ordre social/naturel particulierement contraignant -ou qui, par nous, pourrait etre defini comme contraignant.

L'evolution semble aller dans le sens d'une emergence de l'individu en tant que sujet et objet, comme pourrait le demontrer, parmi bien d'autres faits, la naissance et le developpement d'un droit des gens (jus gentium).
Evolution qui se double neanmoins constamment d'un effort, voire d'un volontarisme parfois -tel que la reaction augustienne- pour rendre vie a cette "culture" traditionnelle. Ce qui constitue sans doute le socle de cette faculte tout a fait propre a la civilisation romaine d'incorporer des elements allogenes "utiles".

Ce schema est sans aucun doute reducteur, mais peut-etre peut-il faire sens pour Rome.
Le probleme me semble different en ce qui concerne la Grece. Athenes me semble aller bien plus loin que Rome dans l'affirmation de l'individualite. On dit facilement que la culture antique, et singulierement grecque, est en effet une culture de l'immobilisme, de l'ordre, de la perennite, de la replication du meme. Et pourtant, il me semble y avoir un monde entre la recherche de l'harmonie esthetique d'un Pythagore qui parait caracteriser une sorte de premiere periode, et l'isonomia de Clisthene. Ou peut-etre pas ? Du moins ai-je du mal a trouver des liens logiques, operationnalisables.
Je vous remercie pour vos eventuels eclaircissements.


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Message Publié : 28 Avr 2005 10:51 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Bien, je suppose que la question est bien trop large.
Je m'en excuse, je travaille actuellement sur un sujet duquel l'histoire n'est que connexe, et je manque tres certainement de connaissances pouvant etayer ma demarche. Je ne suis pas tres difficile, je suis interesse a tout commentaire, ou meme a des renvois bibliographiques, mon probleme etant que justement, le sujet est bien vaste, et je ne sais pas trop ou chercher.

Je vais tenter de reformuler par quelques question plus precises :
Que sait-on de la representation du monde que se faisaient les grecs ? Non pas les philosophes, mais le "tout-un-chacun". En savons-nous d'ailleurs quelque chose ? Existe-t-il un livre qui fasse la somme des connaissances actuelles par l'etude des inscriptions funeraires ?
Merci...


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Message Publié : 28 Avr 2005 11:49 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 11 Avr 2005 9:03
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Salut

Je vais sans doute dire une grosse bêtise, mais ne peut-on pas se faire une idée, en se référant à la mythologie Grecque ? il me semble que cela devrait donner une idée peut être vague, de leurs visions de l'au-delà et du surnaturel.

voir lexique sur le site : http://www.ai.univ-paris8.fr/corpus/lurcat/dara/


Le Vieux qui n'aide sans doute pas beaucoup.

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S'occuper des grands problèmes de ce monde c'est bien, s'asseoir sous un arbre et regarder les nuages passer c'est très bien aussi (L.V.)


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Message Publié : 28 Avr 2005 11:54 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
Message(s) : 1940
Localisation : Paris
Effectivement, votre question est bien vaste. Je ne peux que vous renvoyer à des ouvrages qui sont eux-mêmes fort nombreux.

Citer :
Que sait-on de la representation du monde que se faisaient les grecs ? Non pas les philosophes, mais le "tout-un-chacun".

Je ne suis pas convaincu qu'il faille distinguer les philosophes du tout-un-chacun: tous sont Grecs et ont donc des valeurs communes.
Quant à leur représentation du monde, je vous renverraie à deux très grands et beaux ouvrages que sont Le miroir d'Hérodote de François Hartog (ouvrage qui traite de la perception de l'altérité dans la littérature grecque) et à La raison de Rome de Claudia Moati (livre qui, comme sont nom l'indique, est centré sur le rationalisme romain mais qui, justement, montre comment cette "mentalité" romaine, très ouverte, s'oppose à la "mentalité" grecque, refermée et érigeant en valeur absolue l'autochtonie).

Mais de manière plus générale, si vous souhaitez étudier les "mentalités" grecques, le prélable indispensable me semble être la lecture des nombreux mais non moins excellents ouvrages de Jean-Pierre Vernant. Vous y trouverez de nombreux textes traitant des sujets qui vous intéressent.

Enfin, je me permet de vous conseiller d'éviter d'employer le mot "mentalité" qui est aujourd'hui très décrié par les historiens.

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 30 Avr 2005 11:37 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
Message(s) : 3091
D'ailleurs l'ouvrage "L'Homme grec", sous la direction de J.P. Vernant contient un chapitre qui étudie le rapport des Grecs anciens avec le religieux, autour des cultes civiques, et aussi des cultes à mystères. Je vous en recommande la lecture pour le sujet qui vous intéresse.


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Message Publié : 20 Mai 2005 10:43 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
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Avec du retard, merci beaucoup pour ces informations et ces conseils de lecture.

La question epistemologique qui consiste a discuter la legitimite ou la validite de la production intellectuelle ou artistique, non seulement comme fait historique, mais egalement comme fait socio-historique, voire psycho-socio-historique, est a mon avis bien epineuse et aventureuse. Mais ce serait un sujet de debat interessant.


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Message Publié : 20 Mai 2005 11:14 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 11 Avr 2005 9:03
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Localisation : Liege
Salut

Sans aucun doute, ce serait intéressant, une réflexion, toutefois, me vient à l'esprit.

Il me parait toutefois assez difficile de faire des généralités , la mentalité devait certainement changer d'une cité à une autre, je n'en veux que pour exemple, la différence entre Sparte, ou l'individu passait après la communauté, et Athènes plus individualiste.
Sans compte, que la période de la Grèce antique est très étalée, ce qui contribuera certainement à des dispositions d'esprits fort différentes suivant l’époque étudiée.

Bon, je suis un ignare en la matière et peut être ai-je dit des énormités ?

Le Vieux,

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Message Publié : 20 Mai 2005 21:29 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Avr 2005 10:54
Message(s) : 604
C'est d'abord a cette phrase de Florian que je reagis : "Je ne suis pas convaincu qu'il faille distinguer les philosophes du tout-un-chacun: tous sont Grecs et ont donc des valeurs communes."

Qu'est-ce qui est, dans la production, de l'ordre du social, qu'est-ce qui est de l'ordre de l'individuel, voila une question sur laquelle butent tellement les sciences dite de l'Homme qu'elles ont choisi de ne pas choisir, et fonder des disciplines scientifiques qui approfondissent chacun des multiples termes de cette alternative qui n'apparait duelle qu'en surface.

La question se pose de facon encore plus aigue en ce qui concerne une production individuelle, par exemple intellectuelle, qui a traverse les siecles. Cette perennite, et par consequent, la consecration de son a-temporalite qui est au fond tout SAUF "normal" n'est-elle pas deja en soi le signe que quelque chose distingue forcement cette oeuvre du reste de sa production contemporaine ?

Que dit donc l'oeuvre philosophique, pour continuer sur cet exemple, de son temps ?
Le philosophe a-t-il d'abord pour ambition d'inscrire sa pensee dans une contemporanite ? Est-il neanmoins "malgre lui" sujet a l'environnement culturel ? Quelle est exactement la part de cette "culture" que l'education enseigne, et comment se definit-elle ? Cette part est-elle necessairement differente selon les environnements ou constitue-t-elle un fond culturel commun ? etc. etc.

Pour prendre un exemple, de quels philosophes peut-on dire qu'ils ont reellement marque leur temps, au point que leur oeuvre ne fut pas sans influence sur le cours de l'histoire positive ?
Marx, sans doute. Rousseau, surement. Et pas grand-monde d'autre.
Or, j'ai lu tout recemment une etude de l'oeuvre de Rousseau par un psychanalyste. Non seulement, ca apporte forcement un autre regard sur l'oeuvre elle-meme, bien entendu. Mais par extension, la methodologie analytique eclaire a quel point toute oeuvre, toute theorie, aussi rationnellement construite soit-elle, en dit sans doute bien plus sur son auteur lui-meme que sur quoi que ce soit d'autre.
Ce qui ne veut pas dire que, ce faisant, elle ne dise rien "des autres" :)

Maintenant, pour revenir a cette question connexe des "mentalites", Le Vieux, il existe effectivement une tradition de la pensee politique qui oppose Athenes a Sparte, opposition fondee sur le clivage societes ouvertes / societes fermees que formalise par exemple K.Popper.
Mais si vous en avez l'occasion, et ne serait-ce que pour l'anecdote, je vous propose la lecture de l'etude (courte) qu'un anthropologue feru d'hellenisme du nom de Georges Devereux a consacre a Sparte. Il introduit une nouvelle perspective qui deplace le lieu de ce fameux rapport entre social et individu, en theorisant les societes "pathogenes" : Selon lui, Sparte est le modele de la societe "folle" dans laquelle, pour survivre, il faut etre fou ou s'efforcer/pretendre de l'etre.

Enfin bref. Tout cela pour dire que cette question est celle-la meme qui fonde une eventuelle interdisciplinarite entre les sciences humaines, sociales et ici, l'histoire. Elle est donc tres riche de perspectives sans doute, mais aussi... foisonnante.


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Message Publié : 24 Mai 2005 3:51 
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Plutarque
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Inscription : 03 Juin 2004 23:06
Message(s) : 129
Localisation : Québec
Il me semble (je suis loin d'être un expert) que pour étudier les traits commun du "peuple" de l'hellade il faut le mettre d'abord en contexte avec son environnement naturel et ses besoins d'ou découle (la plupart du temps) sa religion et sa production.

_________________
Il n'est donc pas, hélas, un mortel qui soit libre! L'un est esclave de ses biens, l'autre du sort. (Euripide, Hécube)


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