Si je n'ai pas donné de détails, c'est que la discussion ne porte pas sur l'alimentation en eau des villes romaines en général ou de la ville de Nîmes en particulier mais sur la question d'une éventuelle décadence de l'empire romain. J'ai demandé si, à partir d'une certaine époque, est constatée une dégradation générale des équipements publics dans l'empire romain, en mentionnant l'exemple de l'aqueduc de Nîmes, construit au cours du premier siècle, qui a fourni une eau claire jusqu'au milieu du troisième puis une eau trouble probablement impropre à la consommation ensuite. Pedro a répondu que non : si certains équipements se sont dégradés, d'autres ont été mis en place ou améliorés et l'on ne peut discerner de déclin général. Cette réponse me satisfait et il n'y a pas matière à aller plus avant dans une étude technique de l'aqueduc de Nîmes dans le cadre d'une discussion sur la décadence de l'empire romain.
Des indications de Pedro, je déduis qu'il y a eu modification des besoins, par exemple est apparu un besoin de fortifications de certaines villes, ainsi que modification des attentes des citadins et de leur mode de vie, par exemple ils allaient moins aux thermes et plus à l'église, mais que ces changements ne peuvent s'interpréter objectivement sur une échelle de valeurs. En effet, si le modèle est la Rome du temps d'Auguste, on peut certes observer une dégradation, mais, selon un critère religieux, moins de thermes, lieux de débauches, et plus d'églises, cela va au contraire dans le sens de l'amélioration. En outre, si l'argent ne manquait pas, qu'il était simplement dépensé autrement, on ne peut pas parler de dépression économique.
Il me semble que certains ouvrages ont eu des durées de vie plus courtes, et furent remplacés.C'est juste. Des aqueducs alimentant Rome qui ne remplissaient plus leur fonction correctement ont été remplacés tandis que l'aqueduc de Nîmes n'a pas été remplacé. Dans un cas le service public a été maintenu à niveau, dans l'autre on l'a laissé se dégrader.
Un ouvrage peut se dégrader de plusieurs façons.Ce n'est pas ce qui nous intéresse dans la présente discussion. Ce qui nous intéresse est de savoir si l'on pallie ou non, peu importe comment, à une dégradation de l'ouvrage ou si on le laisse tomber en ruine.
Cela dit, s'il vous paraît indispensable d'aller vérifier si je n'ai pas proféré une sottise en affirmant que les Nîmois se sont contentés d'une eau de mauvaise qualité au bout d'un certain temps, vous pouvez lire les ouvrages suivants :
Pont du Gard : l'eau dans la ville antique. Guilhem Fabre, Jean-Luc Fiches, Philippe Leveau, Jean-Louis Paillet ; CNRS éditions, 1993.
L'aqueduc de Nîmes et le Pont du Gard. Guilhem Fabre ; Jean-Luc Fiches ; Jean-Louis Paillet ; CNRS éditions, 1993, 2000
L'aqueduc de Nîmes et le Pont du Gard, Archéologie, géosystème et hostoire. Guilhem Fabre ; Jean-Luc Fiches ; Jean-Louis Paillet ; Conseil général du Gard ; 1991
Le Pont du Gard, l'aqueduc antique de Nîmes. Guilhem Fabre ; Equinoxe ; 2001, 2017
ainsi qu'une présentation des deux premiers accessibles à l'adresse suivante :
https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1994_num_103_577_13798