Ce n'est pas ce que je dis.
Le livre de Pierre Grimal est excellent, avec les quelques limites qui sont induites par l'affection que l'auteur porte à son sujet.
Bien évidemment, Cicéron n'a jamais été un des membres de la faction optimate au sens strict, comme l'étaient en revanche Caton, Domitius Ahenobarbus et ceux qui seront aux avant postes pour déclencher la guerre civile en 50 et 49 alors que Cicéron, bien qu'absent de Rome sauf à la fin de cette période fatidique, tentera toujours de parvenir à une conciliation entre César et Pompée.
Cependant, il faut distinguer 2 phases dans la carrière de Cicéron. Et en gros, le point d'inflexion se situe entre 64 et 63, c'est-à-dire entre son élection au consulat et l'exercice de son consulat.
Avant ce point d'inflexion, Cicéron se pose comme un modéré assez progressiste. A la fois par opportunisme et par conviction, il appuie Pompée et certaines des mesures fortes portées par les tribuns de la plèbe populares.
Il est notamment le pourfendeur de la corruption de la noblesse.
En revanche, et la correspondance avec son frère nous le montre clairement, à partir de 64, il décide de se rallier à la noblesse conservatrice pour assurer son élection au consulat et pour se faire accepter comme un des "leurs".
C'est pour cela qu'il attaqua si violemment non seulement Catilina mais aussi Antonius Hybrida, qui fut pourtant son collègue au consulat et avec qui il s'entendit finalement plutôt bien.
Ce qui est particulier, c'est que, alors qu'avant 63 le tiers parti "centriste" ou modéré dont Cicéron était une figure de proue semblait fort, après 63, il semble éclaté.
Certains mettent en avant la répression de Catilina comme cause de cette polarisation nouvelle de la vie politique romaine. D'autres attirent aussi l'attention sur le rejet de la proposition de loi de Rullus, en réalité proposée en sous-main par César. Ce projet de loi qui visait à faire donner à la plèbe la quasi-totalité de ce qui restait d'ager publicus a été repoussée grâce principalement à l'action du consul Cicéron. Mais ainsi, Cicéron se serait coupé du soutien d'une large partie du peuple.
Cicéron est ressorti assez fortement affaibli politiquement de son consulat.