Caesar Scipio a écrit :
Tu cites là une source qui est certainement la moins objective sur Catilina : l'excellent consul de 63 qui a réprimé la conjuration.
Non, je ne cite pas Cicero mais Salluste!
Or certains auteurs disent que Salluste, dont la "débauche" lui valu une exclusion du sénat, était un proche des partisans de Catilina...
Ce qui est certain, c'est qu'il (Salluste), n'aimait pas Cicero.
Il avait épousé Terentia qui venait d'être répudiée par l'orateur, ce qui a fait dire à Saint Jérôme:
"
Au sortir d'une maison ou elle aurait du puiser la sagesse dans sa source la plus pure, elle n'eut pas honte d'aller se jeter dans les bras de Salluste, ennemi de son premier époux ".
Du reste, Salluste était un protégé de César et un ami de Clodius, autant de bonnes raisons pour ne pas être un proche de Cicero...
Pour en revenir à Catilina, voici ce qu'en pense un historien dont je ne connaît pas le nom:
"
Le portrait qui est fait de Catilina aux jeunes étudiants est souvent peu flatteur, comme s'il était l'émule du jeune frère malveillant de Judas Iscariote.
Malheureusement, l'historien doit toujours se rappeler que les vainqueurs ont souvent le privilège de réécrire l'histoire en rendant au silence les vaincus.
Les accusations portées contre Catilina étaient (et sont encore) des lieux communs en politique et doivent donc être tempérées.
Ainsi, si le portrait que dresse Salluste de Catilina est peu reluisant, il est facile de trouver encore aujourd'hui des exemples aussi peu flatteurs chez nos politiciens, qu'ils soient Américains, Anglais, Français, Italiens ou Grecs.
Regardez simplement les nouvelles durant les élections et vous comprendrez ce que je veux dire.
La politique romaine de cette époque rappelle étrangement l'ambiance qui prévalait dans le Chicago des années '20. Cicéron et ses supporteurs eurent ainsi recourent aux mêmes méthodes peu enviables dont on accusait justement Catilina (souvenez-vous de Pro Milone).
Ayant un appui non négligeable au sein du Sénat romain, Catilina, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'était pas uniquement entouré de canailles.
Par exemple, Jules César semble avoir été si favorable à l'agenda de Catilina qu'il fut même soupçonné d'avoir participé à la conjuration. Cicéron lui-même a appuyé Catilina dans le passé avant de l'accusé de conspiration contre l'État.
Rappelons aussi que Catilina fut généralement acquitté de la plupart des accusations portées contre lui au cours de son existence.
Ces quelques faits sont d'une grande importance puisqu'ils contribuent à nuancer le portrait sombre que Cicéron et d'autres historiens dresseront de Catilina.
La nature exacte de la conjuration ne m'est pas tout à fait claire à la lecture des sources.
La vue plutôt simpliste de Salluste qui résume l'action de Catilina à une volonté de refaire son patrimoine cache peut-être une volonté de valoriser les actions de Cicéron.
Sources anciennes
Voici les sources que vous devez consulter pour en savoir plus sur Catilina:
· Appien, Bellum Ciuile II
· Asconius 82 ff.
· Cicéron
o Orationes in Catilinam I-IV
o Oratio pro Caelio
o Oratio pro Murena
o Oratio pro Sulla
o passim
· Dion Cassius XXXVII
· Plutarque
o Jules César 7
o Cicéron 10-22
o Sylla 32
· Salluste, La Conjuration de Catilina, en latin Bellum Catilinae
· Suétone, Jules César 9, 14
L'oeuvre de Salluste est bien sûr la source principale en plus d'être une lecture plaisante.
Comme complément à Salluste, le Cicéron de Plutarque donne une analyse passablement détaillée de la conjuration.
Appien, quant à lui, reprend pour l'essentiel l'ouvrage de Salluste. Cicéron, dans ses Catilinaires, apporte beaucoup d'informations utiles.
On peut trouver plusieurs réflexions personnelles de Cicéron sur la conjuration dans les autres ouvrages mentionnés.
Suétone donne, quant à lui, des détails inédits que l'on ne retrouve pas ailleurs. Enfin, Catilina est mentionné sur certaines inscriptions. "
Je suis globalement d'accord, à une réserve près: je ne vois pas pourquoi "
la vue plutôt simpliste de Salluste/.../cache peut-être une volonté de valoriser les actions de Cicéron"
Comme je l'ai dit, Salluste était de notoriété publique un adversaire de Cicero.
Il n'avait donc aucune raison de valoriser l'action de ce dernier.