Maumo a écrit :
Mais, j'ai toujours du mal avec votre interprétation des faits. Pour vous, payer tribut aux barbares c'est une victoire romaine ? Avec de telles victoires, on comprend que l'empire ait sombré.
Vous avez du recul pour le dire, recul que n'avait pas les romains de l'époque, et la notion d'appartenance à une "nation romaine" n'etait pas une réalité à l'époque. Ceci dit vous avez en partie raison de soulever le problème du tribut; Le problème s'est posé aussi aux carolingiens, à partir du moment ou il ont accepter de verser du Danegueld ils ont sombrés.
Il faut se poser la question " à partir de quand, l'empire devient un pourvoyeur de tribut ?". Difficile à dire. Jules César utilisent bien des auxiliaires germains à qui il paie une solde ou à qui il donne l'autorisation de se servir sur l'ennemi. Comment passe t'on d'une solde ou une autorisation de piller, à un tribut ?
J'en viens à me demander si tout cela n'est pas plutôt un problème de communication :
Un état fort emplois des auxiliaires salariés
Un état faible délègue son pouvoir régaliens à des milices privées
mais la frontière est faible entre les deux.
Je serait assez tenté de faire un parallèle entre empire romain et carolingien sur ce sujet.
Pour maintenir le prestige d'un état fort, je pense qu'il faut des chefs charismatiques qui refusent (il ne s'agit que de communication évidemment) toute compromission avec l'ennemi.
Payer tributs ou livrer des otages est impensable pour Jules César (du moins ce qu’il en dit dans la guerre des gaules)
Il est évident que Charlemagne a dus de temps en temps payer tribut à un duc aquitain ou à un émir Sarazin un peu récalcitrant mais les clercs n’en parlait pas.
A partir du moment ou les tributs vont être prélevés sur le peuple ou sur la richesse de l’église on va voir une campagne de dénigrement systématique de la part de l’église qui va participer à l’effondrement impérial au profit de pouvoir nouveaux (royaume barbare / ordre féodal)
De plus un certain culte de la violence est nécessaire pour faire taire les oppositions. Régulièrement il faut marquer les esprits par une population à décimer (les Hélvètes pour Jules, les saxons pour Charles).
Pour éviter d’avoir à payer tribut il suffit aussi d’être le plus fort par soi même. En maintenant une armée populaire, avec un recrutement par conscription ou censitaire (comme pour les carolingiens) et pour entretenir une telle armée, pour la rendre attractive, pour que les soldats accepte la discipline, il faut un empire en expansion (même topo avec les carolingiens).
Une des cause de la décadence (outre la professionnalisation de l'armée à la fin de la république) serait surtout la réforme d'Hadrien. L’enrôlement des unités, légions et troupes auxiliaires de l’armée impériale se fait désormais strictement au niveau local, non seulement dans les provinces où ils tiennent garnison, mais au sein des agglomérations civiles annexées aux camps des frontières. Cette transformation entraîne la fixation des armées provinciales et la disparition de leur mobilité primitive.