Evidemment, les gagnants ont toujours raison et les perdants toujours tort !
Quant à M. Aemilius Lepidus, c'est plus ambigu : lui-même n'a accédé au consulat que grâce au support de Pompée. Et Sylla d'apostropher ce dernier, après l'élection (Plut.,
Pomp., XV) :
"Je te vois, jeune homme, joyeux de ta victoire. N'est-ce pas vraiment un bel et noble exploit d'avoir fait proclamer consul, avant Catulus, le meilleur des citoyens, Lepidus, le pire de tous, grâce à la manière dont tu as su disposer le peuple ? Cependant, le moment est venu de ne pas t'endormir et de te montrer vigilant, car tu as fortifié contre toi ton adversaire."
Lepidus a nettement cherché à annuler la législation syllanienne par le retour à une politique marianiste, mais lorsqu'il fut relégué dans ses provinces proconsulaires gauloises, il n'a pas rechigné à marcher sur Rome. Cicéron, en 63, le range dans ses Catilinaires au rang des usurpateurs de la république, Catilina étant celui du moment (et le pire, selon lui). De ce fait M. Lepidus ne me semble pas être un bon exemple de ces sénateurs guindés sur leur Libertas et sur l'absolue préservation du compromis républicain. Ce serait même plutôt un marianiste en retard et qui a sévèrement échoué.