Au dela de savoir si la civilisation romaine a disparu ou s'est effondrée (notion de chute), sujet qui passionne aujourd'hui les collapsologues, déclinologues et autres grandremplacementologues, il y a la question subsidiaire, dont certains historiens se sont emparés qui est de savoir si la fin de cette civilisation et son remplacement par une autre fut un drame ou une catastrophe. Par exemple, Claire Sotinel a écrit dans son ouvrage "Rome, la fin d'un empire" (Belin, 2019) que c'était "la fin d'un monde, non la fin du monde". Lançon est aussi de cet avis, appartenant au courant "continuiste" : pour lui ni chute ni effondrement, la civilisation romaine a perduré bien au delà de 476.
Paul Veyne a vu lui une tragédie dans la fin de l'empire (catalogue de l’exposition du Palazzo Grassi, 2008) reprenant ainsi les thèses de Ward-Perkins : régression technique et économique , diffusion de l'illettrisme, bref il conclut à "une clochardisation collective, clochardisation matérielle et sans doute aussi morale. "
Veyne sur les barbares :
Citer :
On sait bien que les «Barbares» au Ve siècle viennent, non plus en ennemis et en pillards, mais en immigrés... Ce ne sont pas des agresseurs, ce sont des amis envahissants. Cela dit, il ne faut pas oublier pour autant la part de violences individuelles d’une soldatesque toute-puissante. Ces immigrés sont des amis brutaux et sans gêne. [...] Ils viennent en immigrants qui s’installent de force ou que le pouvoir romain doit finir par accepter et par caser dans une province, parce qu’il ne peut pas s’en débarrasser. Cela dit qui a des armes à la main et a sous la main des villas et des domaines à prendre les prend. Tout ce qu’on peut dire est que cette violence n’entrait pas dans un plan prémédité et idéologique. [...]
Mais Paul Veyne rejette la notion de décadence et reprend donc à son compte celle d'un effondrement, sous les coups des raids barbares.