CNE_EMB a écrit :
A moins que monsieur Balyre ait défini précisément ce qu'il entendait par libéralisme antique romain et socialisme antique romain, étant entendu que ça n'aurait donc quasiment rien à voir avec l'acception de libéralisme et de socialisme qui sont fondamentalement liées aux sociétés occidentales du XIXe siècle ou d'après (et donc qu'il aurait tout aussi bien pu utiliser d'autres termes dont l'acception n'aurait pas été critiquée, que ce soit a priori ou a posteriori)
Je le dis dès l'introduction de mon livre : j'utilise les définitions telles qu'entendues par Friedrich Hayek dans son oeuvre de philosophie politique, à travers laquelle il a aussi forgé les concepts d'ordre spontané et de rationnalisme constructiviste. Je crois l'avoir aussi rappelé dans cette conversation, mais apparemment personne ne relit mes interventions précédentes, donc on tourne en rond. Raison pour laquelle je ne vais pas insister plus longtemps, puisque je pense avoir répondu à tout.
Citer :
je pense ici que l'anachronisme n'est pas qu'une erreur méthodologique, c'est aussi une faute déontologique.
Et moi je pense qu'il y a décidément beaucoup de gens qui parlent d'anachronisme sans savoir ce que cela veut dire. Personne ne contesterait qu'il soit pertinent d'appliquer des concepts de la science économique à l'Antiquité pour mieux comprendre les données observables (inflation, loi de l'offre et de la demande, système des prix...). Par contre, dès qu'il s'agit d'employer des concepts de philosophie politique (état de droit, étatisme, liberté individuelle), voilà que tout à coup l'on crie à l'anachronisme, à l'erreur méthodologique, à la faute déontologique.
L'on admet qu'au temps de Titus comme celui de Jean-Michel, la raréfaction des biens entraîne une hausse de leur prix et leur abondance une baisse des prix, mais ils n'auraient pas eu la même réaction fasse à une législation garantissant la propriété et à des fluctuations de fiscalité ? L'on accepte l'idée que la société de Titus comme celle de Jean-Michel se soient prémunies contre le vol par des dispositions pénales, mais on ne saurait constater une équivalence entre l'exigence de garanties légales de Titus face au pouvoir du magistrat, et la même exigence par l'homme européen du XVIIIe siècle ?
Admettre que l'homme antique et l'homme moderne aient pu, sur un certain nombre de points, raisonner de la même manière, emprunter des sentiers logiques similaires et arriver à des conclusions identiques, et admettre que, agissant de la même manière en vertu de raisonnements et d'impulsions similaires, ils soient parvenus à des résultats semblables, ce n'est pas de l'anachronisme, c'est du bon sens.
Alors, évidémment, celui qui analyse emploie les mots qui désignent les choses dans sa propre culture pour désigner les choses similaires qu'il trouve dans d'autres. Mais se baser sur ce détail formel pour crier à l'anachronisme et estimer ainsi tout un argumentaire valablement discrédité, c'est le degré zéro de la réflexion historique, et cela ne donne vraiment pas envie de discuter plus longtemps.