Résumé des siècles précédents sur la détermination de l'itinéraire d'Hannibal dans les Alpes:
Les partisans de Polybe appuyaient la supériorité du récit de leur champion sur le fait que cet auteur était allé sur place, qu'il avait révélé l'existence des Allobroges et que Tite-Live le second en titre dans cette affaire n'était qu'un vulgaire copieur.
Le premier argument ne pèse guère dans la balance, à partir du moment où Polybe est totalement muet sur la localisation, la nature et la teneur des témoignages reçus sur place .
Il est assuré qu 'il est bien allé des deux cotés des Alpes, mais sa proposition de début de traversée des Alpes, répétée successivement dans son récit, amène irrémédiablement à situer l'entrée des Alpes par Hannibal, le long du Rhône entre l'Isle Crémieu et le Jura méridional.
En second il n'y a aucun rapport entre le fait que Polybe est annoncé le premier l'existence des Allobroges et la véracité de son récit sur la traversée des Alpes par Hannibal. Le fait qu'un élément soit exact n’entraîne pas que les autres le soient nécessairement.
Néanmoins, pour les tenants de Polybe, cet argument de la révélation des Allobroges est capital.
Enfin, l'affirmation de copie des textes de Polybe par Tite-Live ne résiste pas à l'examen; le texte de l'auteur romain est plus détaillé et plus précis que celui de l'auteur grec, de plus si Tite-Live a mieux reproduit des documents qui ont servi à Polybe, on ne situe pas où serait le plagiat allégué [d'autant que son raccord avec les textes des sources originales est totalement différent].
Voila pour la théorie, mais dans la pratique les choses se présentent différemment car on constate que la quasi majorité des tenants de Polybe s'écarte de la ligne officielle [ la remontée maximum du Rhône de l'armée carthaginoise pour pénétrer dans les Alpes], en privilégiant une entrée dans ces massifs par d'autres endroits, le tout pour différents motifs, incluant entre autres, une erreur possible de la part de Polybe.
Dans tous les cas de figure d'exposé de tracé de la route d'Hannibal, la démonstration exigeait, cela allait de soit, une étude sur le terrain, avec sur les lieux d'investigation, emport obligatoire du livre de Polybe et était assujettie à une relation de tracé d'itinéraire très détaillée presque stade par stade avec calendrier de progression de l'armée carthaginoise pratiquement jour par jour.
Il est évident que de telles précisions géographiques, topographiques et journalières ne peuvent que forcer le respect et fermer par avance le bec de tout contradicteur; mais ce n'est que la procédure à l'identique dont a usé Polybe [être allé sur place] pour asseoir son récit et ses prétentions à l'exactitude historique.
Maintenant, il nous est exposé la version dernier cri [on est au XXI siècle!] de cette position constatée au long de ce fil par le leitmotiv suivant: Polybe était crédule et il a été abusé lors de ses visites sur place: confer l'aveu sans appel: «
Pour Polybe je fais l'hypothèse qu'on lui a raconté des bêtises et qu'il y a cru» !!!!!!!!!!!!!!!!!
Maintenant pour les besoins de sa cause, on nous soutient que Polybe aurait été plus ou moins trompé, par les mêmes dont l'historien grec [
je parle avec assurance] invoquait les témoignages pour justifier son raccord d'itinéraire à partir de la confluence Rhone-Isère avec les textes laissés par les accompagnateurs de l'armée d'Hannibal.
On comprend dés lors la nécessité évidente d'aller sur place [où?] pour vérifier [?] s'il y a eu bêtise racontée [?] et si Polybe y a cru [!].
Le fait que Polybe ait été abusé implique que suivant les circonstances cet auteur puisse avoir été abusé à des degrés différents mais aussi que Polybe, selon les circonstances puisse s'etre également trompé, confer:«
C'est bien là l'erreur de Polybe : attribuer aux Allobroges cette première attaque» là il a été abusé, dans telle autre circonstance non, et dans d'autres ciconstances il s'est trompé ce qui permet de justifier toutes les acrobaties de l'auteur grec et les tracés de route que l'on veut imposer ensuite à Hannibal.
La méthode de Triage des Lentilles par Téléphone, éminemment subjective, révélée sur ce forum continue donc de plus belle sur la base nouvelle d'un Polybe abusé ou non, se trompant ou non dans ses différentes séquences du parcours hannibalien en milieu alpin, avec, cela va encore de soi, recherches en montagnes sans savoir ce que l'on recherche.
S'agissant dans un premier temps, de vérifier, contrôler, comprendre des textes transmis depuis plus de deux millénaires, la démarche en la circonstance ne paraît pas devoir briller par sa pertinence.
A l'inverse d'un Polybe qui n'aurait pas en dernière heure inventé le bidon de cinq litres [« qu'on lui a raconté des bêtises et qu'il y a cru»] l'examen de son texte nous oriente vers un Polybe, hôte des Scipions pendant plus d'une décennie, qui pour ne pas déplaire à cette famille patricienne, à concocté une histoire de la traversée des Alpes visant à blanchir le comportement des frères Scipions.
En effet, les frères Scipions envoyés expressément pour arrêter Hannibal au Rhône, n'avaient pas pris position sur le terrain, s'étant arrêtés sur la cote méditerranéenne pour se prélasser ou se détendre.
Du fait de ce laxisme avéré, il fallait trouver des excuses rétroactives aux Scipions: la vitesse de déplacement de l'armée d'Hannibal en l'espèce était toute indiquée, vitesse également qui pouvait expliquer après le franchissement du Rhône que les Scipions n'aient pu la rattraper.
Tout autant il fallait faire ressortir surtout que la manœuvre initiale d'Hannibal était de remonter le fleuve très haut, ce que, selon Polybe, le Carthaginois aurait fait, donnant ainsi raison a posteriori aux Scipions de n'avoir pas tenté la poursuite.
Polybe, excipant [sans en donner la teneur!] de l’existence de témoignages recueillis sur place, très haut sur le Rhône, d'un passage d'une armée carthaginoise [qu'il ne cherchât pas à identifier], avait en main tous les éléments pour faire gober ses affabulations.
Ajoutez à cela en entrée un dénigrement de tous ses devanciers, un ton péremptoire pour chaque plat assorti de détails inventés avec autant de coups de pouce ainsi qu'au dessert un long paragraphe de défense d’être dans le vrai pour faire passer l'addition, et vous avez la trame du récit de l'Arcadien.
Pour faire bonne mesure et pour les besoins du scénario établi par l'auteur grec, le crédit personnel d'Hannibal se devait d'en prendre un sacré coup avec la peinture d'un chef carthaginois au comportement caractériel marqué d'irrésolution dés le franchissement du Rhône et se perpétuant pendant tout le reste de la traversée avec en apothéose, un Hannibal forcené faisant périr plus de 9500 soldats carthaginois pendant la descente du col vers le sol italien.
A partir de tous ces éléments, il est malvenu de penser que Polybe était un crédule et une victime, victime crédule qui dans la construction de son récit essaye en permanence et de manière répétitive et plutôt appuyée d'imposer ce qu'il veut faire passer.
On est dans la droite ligne du «Qui nimium probat, nihil probat» et non d'en l'hypothèse d'un délit d'abus de faiblesse.
Que Polybe ait été abusé, qu'il se soit trompés ou qu'il est menti ne change rien au fait que l'on ne peut que prendre acte d'un manque certain de fiabilité de la part de cet auteur dans la relation de la traversée des Alpes par Hannibal.
Nous avons alors de sérieuses raisons de ne pas tenir compte du raccord d'itinéraire présenté par Polybe, ainsi que de ses clichés sensationnalistes et de ses jugements à courte vue lesquels parsèment son récit sur la traversée des Alpes par Hannibal.
Il ne reste plus à retenir, dans son texte, que ses emprunts en forme concise aux sources originales[les accompagnateurs de l'armée carthaginoise], sources originales que l'on retrouve telles quelles dans le récit du champion du couper-coller: l'historien romain de Padoue, Tite-Live.
Dans cette perspective [les emprunts aux sources originales décelables dans les deux récits] débarrassée des commentaires personnels de deux historiens qui ne savaient rien du déplacement d'Hannibal dans les Alpes, il est possible de retrouver le profil de route suivi par Hannibal à l'occasion des descriptions topographiques des endroits ayant donné lieu aux incidents [les deux embuscades] et en tenant compte du calendrier de leur réalisation.
Pour le moment, la rencontre des chefs gaulois avant la seconde embuscade ne sera pas prise en compte du fait de son défaut de mention de caractéristiques topographiques et pareillement le « rocher blanc» cité [par le seul Polybe] lors de la seconde embuscade ne sera pas retenu, cette évocation ne concernant en rien la planimétrie du site de ce piège [Polybe ne lui accorde aucune part dans le déroulement de l'action mais le rattache à la situation personnelle d'Hannibal] .
Il faut convenir alors que nous pouvons disposer, par ce biais, d'une base nette, commune aux deux textes, issue des sources originales, et base pouvant permettre, dans un premier temps, des analyses plus objectives, pouvant laisser la place ensuite à l'émission d’hypothèses, qu'il faudra bien entendu vérifier.
Rambelaid
http://hannibal-hautes-alpes.fr.pn/