Almayrac a écrit :
Pédro a écrit :
Je ne cesserais néanmoins pas de penser que l'état des structures politiques en Gaule ont nettement facilité la tâche non pas tant de la conquête que de l'assimilation ; les petits Etats en construction ont fourni un maillage de futures civitates servant d'ancrage au système romain, ce qui était absent en Germanie et que les Romains se sont justement attelé à réaliser avant la défaite de Varus. Les découvertes archéologiques indiquent ces travaux d'ampleur visant à asseoir une domination qui s'accordait assez mal avec l'administration romaine
En fait se serait la géographie locale qui s'opposerait à la conquète romaine. Une structure de civilisation stable avec des village et des oppida et surtout des voies de communication entre ces éléments serait plus facile à conquerir et à intégrer à l'empire qu'une civilisation nomade, sans village fixe dans une géographie de forêts et d'agriculture nomade sur brulis.
En effet, la civilisation gauloise pâtit de son état "intermédiaire". Je mets des guillemets car je n'aime pas dire qu'il y a gradation ou évolution entre les différentes organisations, mais ça aide à fixer les idées.
D'une part, avec un habitat fixe autour des oppidums, des routes - dont les voies romaines reprendront le tracé - et des sites fixes d'exploitation des ressources comme le fer, elle présente un aspect assez organisé pour fournir des cibles à la machine de guerre romaine.
D'autre part, elle n'est pas assez centralisée pour mobiliser des forces suffisantes pour faire face à cette dernière, comme ont pu le faire les empires Parthes et Perses Sassanides. Chaque élément du maillage territorial a sa diplomatie propre, et se défend au début avec ses seules forces.
Ceci dit, la centralisation du commandement sous Vercingétorix, forcée par les défaites, et la mise en place d'une stratégie de terre brûlée donne de bons résultats. S'il n'y avait pas eu Avaricum / Bourges, César aurait été en difficulté pour maintenir en campagne toutes ses légions.
Citer :
A l'inverse cela peut-il nous donner des clés sur la "chute" de l'empire. Une intégration forcée de ces population réfractaire à la conquête avec une forte culture nomade à entrainé une modification de la géographie de l'empire qui s'est germanisé avec des nomades à l'interieur de l'empire.
C'est une façon de voir intéressante : la germania comme limite de conquètes (Limes) et aussi comme point de non retour d'une évolution vers autre chose...
C'est une idée qu'on retrouve chez Pierre Chaunu : l'empire romain s'est arrêté aux Germains non parce qu'il a été vaincu militairement, mais parce qu'il ne trouvait pas les structures sur lesquelles s'appuyer. Faute de ville à conquérir, il devait les construire lui-même en installant des colons, ce qui excédait ses possibilités démographiques. Il ne pouvait pas non plus imposer son organisation administratives aux guerriers Germains : ceux-ci étaient attachés aux accords interpersonnels, et considéraient qu'un traité de paix devenait caduque dès lors que les chefs qui l'avaient contracté étaient décédés. En période de rotation rapide des empereurs romains
, comme la crise du 3e siècle, cela posait quelques problèmes.
Les accords passés entre Romains et Gaulois, avec livraison d'otages par ces derniers, devaient être plus stables.