Claude était-il le débonnaire et mal assuré que l'Histoire a consigné ?

_________________
Quidquid latine dictum sit, altum sonatur

Non si on estime d'abord qu'il a joué le "simplet" pour échapper à la violence qui frappait ses proches (on ne craint pas les simples d'esprit), "aidé" par sa démarche bancale et son bégaiement.
Arrivé au pouvoir il n'hésita pas à faire appel à la répression lorsqu'il estimait qu'elle était nécessaire.
Et il a, dans son CV, la conquête de la Bretagne, d'où le nom de "Britannicus" donné à son fils.

Lorsqu'on regarde une (excellente) fiction historique comme "I, Claudius" on a l'image effectivement de quelqu'un plutôt gauche et "bon enfant" (surtout en comparaison avec Tibère et Caligula).

_________________
- "Heil Hitler !"
- "Heil Myself !"

"To Be or not To Be" - Ernst Lubitsch (1942)

De ce que j'ai pu lire, il était assez effacé par rapport à Germanicus, qui avait tout pour réussir, il ne s'était pas préparé à gouverner, et préférait de loin la nature, il avait même un goût pour l'écriture.

Mais en dehors de cet air débonnaire, il ne faut pas oublier que Claude souffrait de béguemment, qu'il était un peu le rejeté de la famille, on l'avait placé à part, c'est une des raisons pour lesquelles il ne fût pas tué lors de l'assassinat de caligula et de sa famille. Il était je pense facilement manipulable, et sa femme je pense en profita de façon excessive jusqu'à l'empoisonner pour imposer Néron comme empereur et fils adoptif, tout en écartant britannicus.

Claude était peut-être faible d'esprit, il a toujours subi avant de monter sur le trône, et même en accédant au trône il a continuait de subir, de là doit peut-être venir son côté complaisant. Et n'ayant pas été préparé à devenir auguste, il a cherché à plaire aussi.

J'ai lu plusieurs fois que Claude prenait plaisir à observer le visage des gladiateurs en train d'agoniser.

_________________
- "Heil Hitler !"
- "Heil Myself !"

"To Be or not To Be" - Ernst Lubitsch (1942)

13 octobre 54 : l'empereur Claude meurt lors d'un banquet, intoxiqué, peut-être empoisonné, par un plat de champignons...

En 41, Caligula est assassiné. Contre toute attente, c'est son oncle, Claude, qui est immédiatement proclamé empereur par la garde prétorienne. La légende noire nourrie par les récits de Suétone et Dion Cassius rapporte que, terrifié par la mort de Caligula, Claude se serait caché derrière une tenture d'où un soldat l'aurait tiré.

Le quinquagénaire faisait figure d'outsider : bègue, claudiquant - d'où son nom -, effacé... On comprend que les puissants Romains aient hésité à le mettre à la tête de l'empire, d'autant que ses troisième et quatrième épouses, Messaline et Agrippine, lui avaient quelque peu volé la vedette. Même son fils Britannicus inspira par la suite les tragédiens. Mais Claude...

La capitale de la Gaule lyonnaise est le berceau du premier empereur né hors d'Italie, le 1er août de l'an 10 av. J.-C.
Claude, fils de Drusus l'Aîné et d'Antonia la Jeune, cultivé et même érudit, est longtemps tenu à l'écart de la vie publique même s'il est intégré par sa haute naissance à de tortueuses stratégies matrimoniales. A la mort de Tibère, en 37, on lui préfère encore le jeune Caligula. C'est ce dernier qui, enfin, le fait entrer au sénat. Et auquel il succède, quatre ans plus tard.

Son règne a pourtant compté. Le territoire de l'empire s'accroît - notamment du sud de l'Angleterre, ce qui vaut à ses descendants le surnom de Britannicus. Il mène une politique active de grands travaux urbains, dont la construction d'Ostie, le plus grand port du monde romain pour l'approvisionnement en blé. La découverte à Lyon des « tables claudiennes » a montré aussi son souci politique au sens le plus large. Ces plaques de bronze portaient la mémoire du discours fameux que Claude avait prononcé en 48 à Rome : il y plaidait pour l'admission des patriciens gaulois aux magistratures romaines.

_________________
Le passé change parce que nous changeons

Merci de rappeler ces éléments factuels.
Les sources historiques étant évidemment orientées, les historiographes étant soit ennemis personnels de l'empereur, partisans du Sénat ou de la dynastie des Antonins, je me demande si on ne peut pas poser une grille de lecture sur les principaux travers dénoncés.

• L'empereur est un mou ce n'est pas une grande gueule comme son prédécesseur Caligula et son successeur Néron
• Il est indécis Il associe le Sénat à ces travaux, mais confie des postes aux affranchis - autrement dit des hommes de confiance qui lui doivent tout - comme ses prédécesseurs et successeurs : tenant la balance entre les différents partis, il louvoie sans prendre ouvertement parti pour l'un d'eux.
• Sa vie privée est ridicule hormis la conquête de la Bretagne qu'il n'accomplit pas en en personne, il accomplit surtout un travail administratif. Faute d'événements épiques, les historiographes glosent sur sa vie privée pour vendre du papier.
• Il est bègue habitué aux travaux intellectuels dans son bureaux, et arrivant au pouvoir à la cinquantaine, il n'est pas à son aise en travaillant avec des sénateurs rompus à l'art oratoire qui devaient le mettre en difficulté dans les discussions publiques

Qu'en pensez-vous ?

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

Bonjour

J'ai récemment lu la biographie de Claude de Pierre Renucci. Je la recommande, c'était très intéressant.

On y voit notamment l'application minutieuse de la justice par Claude, la mauvaise interprétation, voir la mauvaise fois des auteurs antiques...
Rien de révolutionnaire car l'ouvrage reprend les données déjà évoquées par les participants à ce fil mais en beaucoup plus détaillé bien évidemment.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser il y eu des exécutions sous son principat, mais surtout en début de règne et rien d'excessif,
le nécessaire pour calmer les ardeurs de hauts personnages pas toujours très bienveillants...

L'empereur a peut être eu la maladie de Little, ce qui expliquerais la cohabitation de troubles physiques et une incontestable intelligence.
En outre l'auteur signale le fait que cette affection a tendance à diminuer avec les années. Ce qui expliquerais en partie l'accession au trône de Claude une fois devenu un homme mûr.

J'ai l'impression qu'"on" (les auteurs contemporains ou ceux du temps des flaviens) a voulu présenter les Julio-Claudiens comme étant affectés de maladies mentales... Caligula, Claude, Néron : tous plus ou moins fous... Et même Tibère sur la fin.
Je crois qu'aujourd'hui, les jugements sont plus nuancés.

_________________
Le passé change parce que nous changeons

On lit souvent cet aphorisme, que je pense faux, selon lequel ce sont les "vainqueurs" qui écrivent l'histoire. Or, cet exemple montre qu'en réalité, et durant de longs siècles, ce sont les lettrés qui écrivent l'histoire. Et on a eu du mal à mettre en concordance les sources écrites avec ce que trouvaient les archéologues. Ainsi telle période décrite par les sources écrites comme étant décadente, montre une très grande vitalité économique et sociale. Tandis que certaines périodes présentées comme des périodes de grandeur montrent des bilans plus contrastés.

Il faut bien se rappeler que les sources écrites dont nous disposons sont soit le fruit d'un hasard, soit celles qui ont été sélectionnées par les lettrés des diverses époques.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie