J'ai abordé cette question dans un autre fil mais je pense qu'il est pas mal de le citer ici :
Almayrac dans Rome, du libéralisme au socialisme. La raison de sa chute a écrit :
Avec l’émergence et la généralisation progressive du Christianisme, on assiste à une redéfinition complète des notions de citoyenneté et d’extranéité. Les Chrétiens ne sont pas de ce monde (Ps 39.12) : « je suis un étranger chez toi (Dieu), un habitant comme tous mes pères ». Ce sont des pèlerins en transit de la cité terrestre (civitas terrena) vers la cité de Dieu (civitas Dei) décrite par Saint-Augustin. « Personne n’est citoyen, écrit saint Jean Chrysostome, personne n’a de cité (polis) ; car la cité est en haut ». L’accueil de l’advena, de celui qui vient ou ad-vient, est un devoir sacré, car l’étranger figure un alter Christus. Au jugement dernier, c’est à cette aune que se décidera le salut ou la damnation (cf. Matt 25.35 : « j’étais étranger et vous m’avez accueilli »).
Alors que le barbare fraichement intégré dira plutôt :
Citer :
« Francus ego cives romanus miles in armis », « Franc, je suis citoyen romain car je porte les armes en tant que soldat ».
Abandon volontaire de la citoyenneté des romains convertis au christianisme correspondant à une revendication barbare à la citoyenneté.
Sur quoi Pédro m'avait répondu :
Pédro a écrit :
Imaginer que chaque communauté ait pu avoir la moindre unanimité de pensé est un peu naïf. Tous les chrétiens n'ont pas eu les mêmes sentiments, les mêmes pratiques, les mêmes conceptions du culte, de dieu... Entre un soldat converti devant la grandeur de Constantin, un moine d'Egypte, un théologien de la trempe d'Augustin et un petit commerçant de Bretagne les divergences sont profondes et finalement leur commune appartenance au christianisme n'est guère déterminent pour les mettre tous dans un grand sac estampillé d'un sceau unique. On juge trop souvent les comportement potentiels humains à travers le prisme déformant de notre rationalité pourtant la part du paradoxe n'est pas étrangère à notre mentalité. Ainsi être chrétien et se définir comme citoyen romain n'est pas impensable vu que "tu ne tueras point" le sera avec la fonction de soldat...
L'encastellement, sans chercher l'apocalypse peut s'expliquer nettement mieux par des phénomènes de psychose dans les mentalités craignant la possible arrivée des barbares. Quand on lit les textes, même des auteurs païens, et qu'on voit avec quelle verve pathétique ils décrivent les incursions germaniques on comprend mieux quelles ont pu être les sentiments d'une population qui pourrait y être soumise.
Bref, généraliser ne mène pas bien loin et faire de la doctrine chrétienne une idéologie incompatible avec d'autres sentiments d'appartenance cause quelques soucis pour expliquer les périodes futures ; ainsi quid du gallicanisme si "les chrétiens ne sont pas de ce monde".