Et encore un sujet sur la fin de l'Empire romain... on doit avoir la plus belle collection du web.
Jerôme a écrit :
Une étude que l'Histoire qualifiait de " polémique" en 2014. Je ne suis pas défenseur par principe de l'histoire officielle faisant des Barbares de gentils garçons et voudrait avoir l'opinion du forum (ou plus exactement de ses membres qu il''auraient lu) sur cet ouvrage .
"Histoire officielle", "polémique", on a l'impression d'être sous un régime autoritaire. Depuis 1999 Andrea Giardina a lancé un gros pavé dans la mare de l'Antiquité tardive un peu trop édulcorée (principalement de Peter Brown) mais si vous voulez on en est encore à voir les barbares comme de sympa petits gars. De toute façon expliquer encore une fois qu'il était nécessaire de nuancer les thèses apocalyptiques anciennes et que l'historiographie ne se comprend que dans un contexte, ne servira à rien puisqu'on va une nouvelle fois dériver sur des thèmes maintes fois soulevés. Cet ouvrage est sorti en 2005 et il a l'avantage de prendre le contre-pied des idées soulevées par Brown et ses disciples ; il insiste sur la rupture, essentiellement dans la culture matérielle, entre époque romaine et transition barbare. On assiste à la disparition d'un Etat centralisé, fondé sur une certaine idée du confort, sur des échanges intenses... donc nécessairement il est évident qu'il y a eu des transformations profondes. Néanmoins l'école de Brown n'est pas pour autant discréditée, simplement parce qu'ils montrent d'autres éléments, liés aux permanences qui sont eux-aussi bien réels. En clair Bryan Ward-Perkins axe davantage le propos sur des questions matérialistes ; c'est à mon sens très de notre temps qui a érigé le confort comme idéal, la consommation comme profession de foi... Bref, c'est très actuel. Est-ce parfaitement objectif? Même avec la meilleur volonté du monde on reste guidé par notre culture, notre parcours, nos idées... Le fait est que la profusion des points de vue, même celui des gars qui voient les barbares comme de "gentils garçons" participe de la compréhension de cette période complexe. Je ne m'en remettrait en tout cas pas à un seul historien pour me faire une idée.
D'ailleurs j'en profite pour rajouter que si on admet les thèses de Ward-Perkins on est forcé d'abandonner l'idée de décadence romaine pour les siècles précédents puisqu'il insiste sur la rupture civilisationnel entre avant et après la chute.