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Message Publié : 02 Mars 2015 9:26 
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Inscription : 02 Déc 2011 10:16
Message(s) : 316
Merci vraiment pour vos critiques constructives. Je retiens principalement la nécessité d'exposer clairement la différence entre un imperator et un empereur. Et évidemment, le fait que mon plan soit beaucoup trop axé autour de l'armée.

Si vous deviez les énoncer, quelles seraient dans le détail ces différences ?
Évidemment l'aspect purement politique qui me semble-t-il est absent de la figure de l'imperator. Peut-être détailler ses attributions ? Il est le premier à parler au Sénat et de toute façon, un simple avis de sa part fait force de loi. À partir de Vespasien, il peut signer des traités et déclarer la guerre alors qu'auparavant seul le Sénat avait cette prérogative. De même il a l'imperium pro consulaire qui le rend tout-puissant dans les provinces impériales.

Pensez-vous que j'aurais dû parler de l'aspect religieux ?

Par contre, je tiens vraiment à cette omniprésence militaire car elle est fondamentale et indissociable de ce phénomène de concentration des pouvoirs. Pour moi, rien mais alors rien du tout, ne se serait passé sans les armées.

En tout cas, merci encore.

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur


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Message Publié : 02 Mars 2015 10:37 
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Hérodote
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Inscription : 27 Jan 2014 18:02
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furtif a écrit :
Si vous deviez les énoncer, quelles seraient dans le détail ces différences ?

C'est malin comme question, je pense qu'un ouvrage de 600 pages n'y répondrait probablement que succinctement, et la question a déjà été abordé de nombreuses fois.
Dans le détail elles s'opèrent par la prééminence de l'empereur sur le Sénat et le corps législatif et civique romain, alors que l'Imperator en est un des acteurs. La place centrale de l'Empereur, relève non plus seulement de son imperium, mais bien de la réunion de tous les pouvoirs. C'est cette auctoritas aux allures de royauté,mais bien monarchique qui donne lieu à la mise en place du Principat, et la possibilité de reconnaissance du pouvoir impérial.

L'appareil militaire, bien que restant la pièce maîtresse de l'échiquier politique, n'en est plus l'unique atout. La gouvernance de certaines provinces, la qualité de chef religieux, le patrimoine extraordinairement étendu favorise la conservation du pouvoir, et sa transmission.

furtif a écrit :
Évidemment l'aspect purement politique qui me semble-t-il est absent de la figure de l'imperator.

Et bien si c'était le cas, et que l'imperator n'était qu'un chef de guerre sans conscience politique, les guerres civiles n'auraient probablement pas eu l'impact qu'on leur connait, il ne serait que le bras armé d'une entité hiérarchique lui étant supérieure. L'imperium conféré a de tout temps était synonyme d'agrandissement du pouvoir politique, biensûr en conférant les responsabilités militaires qui lui étaient associées. Il faut le voir comme une arme supplémentaire dans l'ambition politique, l'imperium conférant durant le temps accordé une puissance étendue aux limites de l'importance de l'appareil militaire rassemblé.

furtif a écrit :
Peut-être détailler ses attributions ?

Cela me semble évident, enfin particulièrement si vous entendez établir une différence entre l'un et l'autre de ces titres.

furtif a écrit :
Pensez-vous que j'aurais dû parler de l'aspect religieux ?

Oui c'est un point important, la religion dans l'antiquité est un des pivots de la vie civique, militaire et politique... cela ne serait évidement pas hors sujet. Prenez l'exemple d'Auguste qui refusa d'éliminer Lépide alors sous la protection sacerdotale du Grand Pontificat. La légitimité religieuse et rituelle rendre évidemment en ligne de compte du statut de l'Empereur. Peut être souligner que les mêmes obligations ne s'applique pas à l'imperator, c'est une des dimensions qui sépare justement l'un de l'autre.

furtif a écrit :
Par contre, je tiens vraiment à cette omniprésence militaire car elle est fondamentale et indissociable de ce phénomène de concentration des pouvoirs. Pour moi, rien mais alors rien du tout, ne se serait passé sans les armées.En tout cas, merci encore.

Elle n'est pas omniprésente. Elle est centrale car confère tant à l'imperator que l'Empereur, la puissance nécessaire respectivement à l'accession au pouvoir impérial, ou bien à son maintien. Cette présence militaire est essentielle dans votre discours mais ne doit pas être l'unique objet des caractéristiques étudiées pour développer ce sujet.

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Si vis pacem para bellum
Mon Site sur l'Histoire en générale et l'Antiquité en particulier : http://unehistoirepourtous.over-blog.com/


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Message Publié : 02 Mars 2015 11:04 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Bonjour.

Que vous abordiez les différents aspects, y compris religieux, c'est très bien, mais il est aussi essentiel que vous fassiez ressortir une problématique et que votre composition soit structuré autour d'un propos que vous illustrez. Au final, quelle est votre réponse à la question qui est posée par ce sujet ?

Il ne faut pas seulement dire quoi, mais aussi pourquoi et comment.

Je sais qu'il y en a plein d'autres, mais si vous voulez reprendre une analyse concise et lumineuse, ce bon vieux Ronald Syme n'a de mon point de vue pas pris une ride.

L'imperator, ce n'est pas tant le général en chef que le général en chef victorieux, celui qui a remporté une très grande bataille de si belle manière que ses troupes lui décernent cetta appellation honorifique dont il retire un prestige supérieur à tous les autres. Théoriquement, l'imperator de la république, c'est le consul ou proconsul "premium", celui qui a mérité un méga triomphe.

Si on se réfère à Scipion le 1er africain pendant sa campagne d'Espagne, imperator est la plus haute distinction à laquelle puisse aspirer le général en chef. Et cela marque un événement. C'est ainsi que Sylla a pu faire frapper des monnaies avec l'inscription "imperator iterum".

De mémoire, César est le 1er à intégrer dans sa titulature, de manière permanente, le titre d'imperator qui devient un praenomen supplémentaire pour lui. Et Auguste se donne lui aussi "imperator" comme praenomen : confèrent les fastes consulaires notamment.

Entre les deux, que se passe-t-il ? Plusieurs phénomènes contradictoires et complémentaires. D'abord la fameuse réduction du 1er cercle de ceux qui peuvent prétendre aux honneurs suprèmes dans la compétition aristocratique : l'apparition de dynastes surpuissants bouleversant l'équilibre même de la cité aristocratique : Marius puis Sylla, qui conduit à la 1ère guerre civile et à une restauration d'une cité aristocratique par Sylla. C'est hors de votre période mais c'est le décor : les principaux acteurs de la période suivante ont été formés par cette période fondatrice qui va grosso modo de 100 à 80.

Marius, c'est du jamais vu : avec lui, pour la 1ère fois, imperator prend une autre dimension. Il s'est imposé plutôt contre le coeur de l'oligarchie romaine, avec l'appui des chevaliers et d'une bonne partie des alliés italiens.
Mais c'est la guerre qui l'a fait grand, et Marius veut rester le seul et l'unique détenteur de sa position de prestige exceptionnelle.
C'est pour éviter l'émergence d'un concurrent, en la personne du très talentueux Sylla, que Marius, certes sans l'avoir imaginé, déclenche de fait la 1ère guerre civile en faisant adopter un plébiscite via Sulpicius Rufus qui prive Sylla du si convoité commandement de la guerre contre Mithridate.

Avec Pompée et César, on rejoue le match avec Pompée dans le rôle de Marius et César dans le rôle de Sylla. Alors que selon toute vraisemblance César n'aspire qu'à atteindre le sommet des honneurs et donc à égaler Pompée dont par ailleurs il cherche par tous les moyens à conserver l'alliance, Pompée, pour reprendre la fameuse phrase, ne supporte pas d'avoir un égal et mène un jeu de bascule qui conduit à faire exploser le système fin 50-début 49, comme il a explosé en 88.

Et à côté, on a un autre dévoiement de la notion d'imperator avec, à la toute fin de la république, notamment la faction optimate du Sénat qui décerne le titre d'imperator à n'importe quel quidam. Même Cicéron se voit salué du titre d'imperator pour son bref proconsulat Cilicie (qu'on pourrait qualifier de proconsulat de convenances) juste avant la guerre civile. On court vainement après le rééquilibrage des rapports de force au sein de l'aristocratie.

La conclusion de tout cela, comme le résume remarquablement Syme, c'est que (en version originale) : "The dynasts had to go".

Et pour faire le travail, il en faut bien un, de général en chef, qui mette à bas tous les autres et qui régule la compétition aristocratique et jugule tout risque de violence militaire utilisée à des fins de guerre civile en établissant un quasi-monopole de l'autorité militaire à un seul.

La toile de fond, ce sont aussi les valeurs et les modes de pensée de la société romaine. Rome est une cité aristocratique et guerrière. La quintessence du citoyen, c'est le citoyen en armes. L'armée romaine en campagne, c'est l'avant-garde de la cité, ceux qui assurent le maintien et l'extension de l'empire, ceux qui font bouillir la marmite, et qui estiment à ce titre, à partir du 1er siècle, poussés en ce sens par des généraux particulièrement ambitieux et talentueux (sans talent, pas d'ambition tenable), avoir un mot prépondérant à dire dans les affaires de la cité.

Vous trouverez d'autres éléments dans de vieilles discussions de ce forum en faisant une recherche par mot-clé.


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Message Publié : 02 Mars 2015 23:49 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 25 Mai 2004 21:35
Message(s) : 806
Localisation : Paris
Sans entrer vraiment dans le fond, il y a un problème formel dans votre plan. Vous ne pouvez pas commencer par une partie qui s'appelle "Tableau". Ce n'est pas un cours ou un manuel, mais une argumentation. Le mot "tableau" ne doit JAMAIS figurer dans aucune dissertation pour le restant de vos jours!

C'est surtout une question de rhétorique, mais pas uniquement. Il faut changer le titre et également transformer le contenu de cette partie en quelque chose de plus dynamique, moins statique qu'un tableau. Surtout pour un sujet intitulé "les mutations" : on ne fait pas une partie sur avant la mutation, sinon c'est du hors sujet.
Ainsi, le programme commence en 70. On est juste après Sylla. La République "idéale" du début du IIe siècle ne fonctionne déjà plus, or c'est elle que vous semblez décrire dans cette première partie. Sylla a essayé de redonner tout son pouvoir à l'aristocratie, mais il a surtout renforcé les problèmes : 70, c'est l'année du procès de Verrès, une créature de Sylla qui s'est bien gavée lors des proscriptions et a continué ses abus dans les provinces ensuite. On est donc en pleine mutation, on est à la suite d'une réaction aristocratique qui est en train de dégénérer complètement. C'est là-dessus qu'il faut insister.


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Message Publié : 03 Mars 2015 5:58 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Oui, l'angle de questionnement évoqué par Hélios est en effet important.

Sur la borne haute du sujet que vous avez choisi, Rome est grosso modo en train de sortir de 20 ans de guerres civiles pour dire la chose rapidement (de 91 avec le début de la guerre sociale à 71 avec la liquidation de la guerre contre les marianistes). Le choc des imperatores a conduit à la 1ère guerre civile de 88 et l'imperator finalement victorieux a mené une entreprise de restauration par la force de la république aristocratique.

Un des problèmes, c'est l'exemple donné par ce même Sylla, et pourtant un Gruen a montré de manière tout à fait convaincante que les commandements extraordinaires mis en place dans le courant des annees 70 et des annees 60 n'étaient pas incompatibles avec le bon fonctionnement de la république oligarchique mais constituaient une réponse pragmatique aux difficultés du moment.
Et aussi, il y a aussi cette dimension de la compétition pour les honneurs qui est source de tensions et dans laquelle certains aristocrates tendent à voiler autant que possible se réserver l'accès aux honneurs. Quand je dis "certains, c'est d'abord surtout Pompée. Vous avez ensuite la période du 1er "triumvirat" où une coalition d'aristocrates se réserve l'accès aux grands commandements et donc aux honneurs (surtout de 59 à 53).

La république oligarchique meurt en partie de son incapacité à traiter de manière adéquate la question que lui pose l'existence de plusieurs imperatores et la compétition entre ces imperatores dans un monde Romain où le poids des provinces, des ressources et des clientèles provinciales est devenu déterminant.


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