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Message Publié : 01 Mars 2015 13:03 
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Inscription : 02 Déc 2011 10:16
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Je vous propose de travailler sur ce sujet potentiel de l'agrégation de la semaine prochaine…
(les non agrégatifs sont bienvenus et même désirés)

Voici ce que je crois être pas mal.

Des imperatores à l’empereur : les mutations du pouvoir politique romain et ses conséquences dans le monde romain (73 av. n. è. – 70 de n. è.)


En introduction je peux parler des grandes expansions de l’empire des deux siècles précédents en mettant le projecteur sur la montée des imperatores (Marius Sylla). Après je parle de la guerre sociale qui m’amène directement sur la problématique suivante : l’expansion de l’empire rendait -il nécessaire les mutations du pouvoir politique romain et pourquoi ?

I/ Un tableau du pouvoir politique sous la république

1) SPQR, l’esprit des lois. Ici j’explique que les institutions romaines sont la résultante des luttes internes de pouvoir de son Histoire, la crainte d’un retour à la royauté qui va avec la place de la noblesse, j’explique le rôle du cens pour le Sénat et la chevalerie.
2) Diriger l’empire depuis Rome. Les magistratures (y compris celles d’exception), le Sénat et les comices.
3) L’empire délègue. Les gouverneurs, le droit romain/latin, l’importance de l’armée.



II/ La montée en force de la figure de l’imperator et la concentration des pouvoirs
1) Jules César entame ce qu’Auguste achève. Le dévoiement des institutions républicaines.
2) Le rôle croissant de l’armée , ici on parle de la dotatio à l’intronisation de chaque empereur, le rôle des prétoriens (exemple de Claude), les vétérans qu’il faut canaliser et cette armée rémunérée bien pratique pour les coups de force (César Auguste)
3) L’acmé pendant l’année des quatre empereurs, l’empereur se confond littéralement avec l’imperator.

III/ L’empereur au service de la pax Romana

1) Les révoltes signes du caractère inapproprié des institutions. Boudicca, Takfarinas, Arminius, Vindex
2) Le rôle de Claude dans l’attribution du droit romain aux élites de l’empire. Les tables Claudiennes, le rejet de la réforme par les sénateurs
3) Mais la dimension « soif de pouvoir » n’est pas à négliger. Voir tacite sur Auguste.



Et je conclus en montrant que l’augmentation du territoire et la nécessité d’adhésion au modèle des sujets du monde romain passait presque naturellement par la nécessité de concentration des pouvoirs.

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur


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Message Publié : 01 Mars 2015 13:37 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2015 14:52
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Sans avoir vraiment travaillé le sujet, pourquoi ne pas évoquer aussi un certain nombre de notions liées au pouvoir de l'Empereur: l'auctoritas, la dignitas, et regrouper les parties IIB et IIC sur l'armée

L'ensemble du plan me parait trop centré sur "guerre" et "paix" et les problèmes liés à l'armée, mais pas assez sur la perception du pouvoir, son expression et sa dimension

Pour les sources et exemples, les Res Gestae et la lex de imperio Vespasiani doivent apparaître quelque part; une brève allusion à la constitution mixte de Polybe pour le I-A; pour la gestion des provinces, les édits de Cyrène; pour son rôle d'arbitre dans les débats entre cités, par exemple le Papyrus de la Boulè CPJ 150
Et en accroche, le fait que "Imperator" devienne le prénom de l'Empereur dès le règne de Néron, avec défintion des termes dans la foulée

C'était juste quelques remarques en passant, de la part de quelqu'un qui ne passera jamais l'agreg ;-)

En espérant avoir rendu modestement service.


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Message Publié : 01 Mars 2015 15:38 
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Hérodote
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Inscription : 27 Jan 2014 18:02
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furtif a écrit :

Des imperatores à l’empereur : les mutations du pouvoir politique romain et ses conséquences dans le monde romain (73 av. n. è. – 70 de n. è.)


En introduction je peux parler des grandes expansions de l’empire des deux siècles précédents en mettant le projecteur sur la montée des imperatores (Marius Sylla). Après je parle de la guerre sociale qui m’amène directement sur la problématique suivante : l’expansion de l’empire rendait -il nécessaire les mutations du pouvoir politique romain et pourquoi ?

I/ Un tableau du pouvoir politique sous la république

1) SPQR, l’esprit des lois. Ici j’explique que les institutions romaines sont la résultante des luttes internes de pouvoir de son Histoire, la crainte d’un retour à la royauté qui va avec la place de la noblesse, j’explique le rôle du cens pour le Sénat et la chevalerie.
2) Diriger l’empire depuis Rome. Les magistratures (y compris celles d’exception), le Sénat et les comices.
3) L’empire délègue. Les gouverneurs, le droit romain/latin, l’importance de l’armée.



II/ La montée en force de la figure de l’imperator et la concentration des pouvoirs
1) Jules César entame ce qu’Auguste achève. Le dévoiement des institutions républicaines.
2) Le rôle croissant de l’armée , ici on parle de la dotatio à l’intronisation de chaque empereur, le rôle des prétoriens (exemple de Claude), les vétérans qu’il faut canaliser et cette armée rémunérée bien pratique pour les coups de force (César Auguste)
3) L’acmé pendant l’année des quatre empereurs, l’empereur se confond littéralement avec l’imperator.

III/ L’empereur au service de la pax Romana

1) Les révoltes signes du caractère inapproprié des institutions. Boudicca, Takfarinas, Arminius, Vindex
2) Le rôle de Claude dans l’attribution du droit romain aux élites de l’empire. Les tables Claudiennes, le rejet de la réforme par les sénateurs
3) Mais la dimension « soif de pouvoir » n’est pas à négliger. Voir tacite sur Auguste.



Et je conclus en montrant que l’augmentation du territoire et la nécessité d’adhésion au modèle des sujets du monde romain passait presque naturellement par la nécessité de concentration des pouvoirs.


Bonjour,

Je ne vais pas passer au crible chaque propos de votre plan, mais vous avec le commentaire de rdchr qui rend bien compte qu'une introduction un peu plus poussée aux notions de pouvoirs politiques et sociales seraient le bienvenu dans votre plan. En le parcourant il apparaît que vous interprétez l'évolution de l'Imperator à l'Empereur comme une notion principalement militaire. C'est vrai dans une certaine mesure, mais justement le passage de l'un à l'autre s'établit par un basculement des pouvoirs. L'aspect économique et sociale rentrant largement en ligne de compte de cette mutation.

- Soit dans votre première partie, soit dans votre troisième, l'introduction de la place de la colonisation et son impact sur le développement de la romanisation rentre en ligne de compte de l'emprise impériale sur les provinces.

- Dans votre troisième partie, la Pax Romana s'établissant jusqu'à la fin du IIe siècle, je ne pense pas que limiter chronologiquement votre étude sur une période et la dépasser dans la terminologie soit une excellente idée.

- De manière générale je verrais plus une observation précise des institutions, des pouvoirs et du contexte qui marque la différence précise entre l'imperator et l'empereur. Qu'est-ce qui distingue l'un et l'autre. Quelle légitimité et quelle place dans la société romaine ? La ou l'Imperator est un général victorieux, l'Empereur est-il nécessairement un combattant et militaire aguerri ?
L'Empereur a une supériorité sur le Sénat, en est-il de même pour l'Imperator ?

L'Imperator semble désigner un candidat à l'Empire, mais quand est-ce que cette notion d'Empire apparaît-elle ?
Auguste qui fût le premier Empereur s'identifie comme le Princeps, premier des citoyens, l'Imperator qu'il était se percevait-il différemment ?
L'objet d'une telle étude porte à des horizons bien plus lointain que la question du pouvoir militaire, de la domination sur le champ de bataille et sur la réprimande des insurrections. Ce n'est pas non plus un exposé des institutions de la république et leur différence avec la centralisation impériale. Il faut prendre du recule, et prendre le parti de répondre à une problématique très précise sur chaque sous-partie, en abordant en filigrane tous les éléments qui différencient un Imperator d'un Empereur. Qu'on arrive en fin de dissertation avec le sentiment de distinguer très clairement l'un de l'autre !

Voilà, je ne suis pas non plus un prétendant à l'agrégation, mais j'espère avoir ouvert quelques voies d'interprétation d'un sujet aussi passionnant.

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Si vis pacem para bellum
Mon Site sur l'Histoire en générale et l'Antiquité en particulier : http://unehistoirepourtous.over-blog.com/


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Message Publié : 01 Mars 2015 16:55 
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Hérodote
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Bonjour.

Simple étudiant (qui ne s'essaiera pas non plus à l'agrégation avant quelques années), et pas spécialement calé en histoire romaine antique, votre plan me semble avoir une approche assez militaro-institutionnelle. Le "monde romain" ne peut-il pas regrouper une dimension culturelle (et économique?).
Auguste se met en scène et utilise une véritable propagande monumentale (Ara Pacis,...), comme des imperatores ont pu le faire avant lui, c'est vrai, preuve qu'il n'y a pas seulement mutation, mais aussi continuité. De plus, l'empereur possède en propre certaines provinces (au moins l'Egypte me semble-t-il).

C'était tout pour moi :)


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Message Publié : 01 Mars 2015 17:50 
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Jean-Pierre Vernant
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S'il me semble pertinent d'insister sur la sclérose des structures traditionnelles des institutions de la République, ouvrant un boulevard aux imperatores je reste dubitatif devant votre troisième partie. Comme il a été dit le fait qu'elle franchisse la tranche chronologique est une maladresse qui n'est guère appréciée. D'ailleurs je ne vois pas trop ce que vous mettez dans votre a) ; en quoi les institutions romaines préparent les révoltes?

Le plus gros manque me semble à moi également dans la définition précise de la dignité impériale, sa construction pléthorique et ce qu'elle recoupe, en quelque sorte le changement dans la continuité, la genèse d'un Etat centralisé en maintenant l'illusion de la collégialité.

T.Seb@stien a écrit :
La ou l'Imperator est un général victorieux, l'Empereur est-il nécessairement un combattant et militaire aguerri ?


Sur ce point il convient évidemment d'insister ; combien de généraux ont vu leur campagnes tronquées par un empereur gêné de tels succès? Cela pose la question de la nature même du pouvoir de commandement militaire de l'empereur. Il le tire du vieux pouvoir d'imperium qui qu'il coiffe désormais de son leadership. Le droit au triomphe est révélateur d'un accaparement de ces fonctions.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 01 Mars 2015 17:58 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2015 14:52
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Ne pas oublier non plus que l'Empereur ne s'appelle jamais "Imperator" dans les textes; ce titre, en tête de sa titulature, devient son prénom, mais il est "princeps"; ce n'est qu'un abus médiéval, daté de Charlemagne, qui a entraîné la confusion des termes

Il ne faudrait donc pas de focaliser sur le lien imperator (général victorieux, détenteur de l'imperium) / empereur mais élargir. L'Empereur tient son prestige de son auctoritas, pas de son imperium (voir à ce sujet Magdelain, un peu ancien mais toujours intéressant)


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Message Publié : 01 Mars 2015 18:15 
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Jean-Pierre Vernant
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Ce n'est pas si simple ; c'est son imperium qui le rend maître de la force armée et par la même commandant absolu. Sans ce rapport à l'armée et à la direction des légions on passe à coté de l'essentiel, à savoir comment est-on passé d'une République à un pouvoir de type "monarchique"? C'est par ce biais que vient le déséquilibre du régime et c'est par lui qu'il se reconstitue. Auguste en fit démonstration dans sa partition des provinces avec le Sénat ; il garde toutes celles qui comptent des troupes... L'auctoritas est plus simple à imposer quand on dispose de la haute main sur les armée.

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Message Publié : 01 Mars 2015 18:33 
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Eginhard
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rdchr a écrit :
Ne pas oublier non plus que l'Empereur ne s'appelle jamais "Imperator" dans les textes; ce titre, en tête de sa titulature, devient son prénom, mais il est "princeps"; ce n'est qu'un abus médiéval, daté de Charlemagne, qui a entraîné la confusion des termes

Je pense qu'il y a beaucoup de textes où on trouverait le mot imperator employé pour désigner l'empereur régnant. Je ne sais pas si cette recherche a déjà été faite, sinon il faudrait la faire : comment les Romains, dans les textes littéraires, désignent-ils la personne qui dirige, que nous aujourd'hui appelons l'empereur? Je pense qu'imperator reviendrait plus souvent que princeps, ou alors Caesar ou Augustus, mais je n'ai ni chiffres ni exemple, je dis ça à vue de nez.


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Message Publié : 01 Mars 2015 19:52 
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Polybe
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Helios a écrit :
rdchr a écrit :
Ne pas oublier non plus que l'Empereur ne s'appelle jamais "Imperator" dans les textes; ce titre, en tête de sa titulature, devient son prénom, mais il est "princeps"; ce n'est qu'un abus médiéval, daté de Charlemagne, qui a entraîné la confusion des termes

Je pense qu'il y a beaucoup de textes où on trouverait le mot imperator employé pour désigner l'empereur régnant. Je ne sais pas si cette recherche a déjà été faite, sinon il faudrait la faire : comment les Romains, dans les textes littéraires, désignent-ils la personne qui dirige, que nous aujourd'hui appelons l'empereur? Je pense qu'imperator reviendrait plus souvent que princeps, ou alors Caesar ou Augustus, mais je n'ai ni chiffres ni exemple, je dis ça à vue de nez.


Si on prend Suétone, "imperator" est utilisé dans la titulature, ou pour qualifier les exploits militaires; sinon, c'est "Princeps" ou "César"; "imperator" est très rarement usité dans le sens d'Empereur. Dans tous les cas, le "princeps" est un "imperator", puisqu'il est salué "imperator" (= général victorieux) lorsqu'il accède au trône (première salutation) et qu'il est détenteur de l'imperium.

En grec, il n'y aucun équivalent réel à "imperator"; l'Empereur est qualifié d'"autocratôr", dont l'étymologie est différente, puis de "basileus" (="roi") mais seulement au IIIe siècle, titre que reprendront d'ailleurs les empereurs byzantins jusqu'à la chute de Constantinople (ce qui fait par exemple des empereurs byzantins des "Rois" d'un point de vue lexical, et non des "Empereurs", comme en Occident)

Par ailleurs, toutes les institutions sont celles du "Princeps"; on parle de "l'auctoritas Principis", et le conseil de l'Empereur s'appelle "Consilium Principis".


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Message Publié : 01 Mars 2015 20:18 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2015 14:52
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Je n'ai pas pu éditer assez tôt; désolé de faire un double post
Dans la littérature juridique, évidemment la plus fiable, l'Empereur est toujours qualifié de Princeps; on se souviendra de l'adage d'Ulpien "Quod Principi placuit legis habet vigorem" (ce qui plaît au prince [=Empereur] a force de loi).


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Message Publié : 01 Mars 2015 22:19 
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Jean-Pierre Vernant
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Il est normal de le désigner par le titre qu'il lui sied selon les circonstances. En contexte civile la notion d'imperium est largement moins employée que dans le contexte militaire. Or dans énormément de cas de cette seconde proposition on retrouve l'emploie d'imperium. Je ne me suis pas amusé à faire un florilège mais si vous regardez dans itinera electronica faites la recherche par terme de vocabulaire et on retrouve un grand nombre de mentions, pas toujours pour l'empereur il est vrai mais cela délimite bien un aspect de leur pouvoir. Frontin le mentionne même en titulature : Imperator Caesar Domitianus Augustus. Chez Pline on retrouve indifféremment les deux emplois, parfois dans un même passage :

Nam laudabilia multa etiam mali faciunt; ipse laudari, nisi optimus, non potest. Quare non alia maior, imperator auguste, gloria tua, quam quod agentibus tibi gratias nihil uelandum est, nihil omittendum est.
C'est le prince, en effet, que je veux louer, non les actions du prince. Des actions louables, le plus méchant peut en faire; un éloge personnel, l'homme vertueux peut seul le mériter. C'est done le comble de votre gloire, auguste empereur, qu'en vous adressant des remerciements nous n'ayons rien à déguiser, rien à omettre.


rdchr a écrit :
Dans la littérature juridique, évidemment la plus fiable


Il faut faire attention à cette apparence d'objectivité simplement parce que les lois procèdent d'un pouvoir qui a souci de communiquer. Princeps cela fait très chic et moi dérangeant que d'autres termes. On comprend vite pourquoi il fut ainsi généralisé. Est-ce que les contemporains en étaient dupes? J'en doute fort. En tout cas les choses vont finir par devenir davantage claire avec l'évolution de l'Empire et de la dignité dans l'Antiquité tardive puisque le terme dominus s'impose de plus en plus.

Je viens de jeter un oeil chez Ammien et chez lui imperator est quasiment synonyme de Prince. J'ai ai passé d'autre même remarque.

Chez Ulpien également :

2. Beneficio principali latinus civitatem
Romanum accipit, si ab imperatore
jus Quiritium impetraverit.

Hoc amplius principalibus constitutionibus
concessum est mulieri, in hoc
donare viro suo, ut is ab Imperatore, lato
clavo, vel equo publico , similive honora
honoretur

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Message Publié : 01 Mars 2015 22:51 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2015 14:52
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Imperator débute toutes les titulatures, les inscriptions comme les papyrus en témoignent ("Autocrator" dans les textes grecs), mais il ne s'agit pas de son titre! Entre les règnes de Néron et Hadrien, "Imperator" est même devenu le prénom de l'Empereur (au sens de praenomen des tria nomina) et on trouve dans les titulatures "imperator" puis plus loin une seconde fois "imperator" suivi d'un numéro, qui correspond au nombre de salutations impériales (en l'occurrence, nombre de fois où l'Empereur fut salué vainqueur)

Son titre est princeps; par ce titre, il est le "premier parmi les sénateurs" au sens littéral. On parle d'ailleurs du "Principat", et non de l'"Empire". La littérature juridique, Ulpien en l'occurrence, n'est pas une littérature de propagande, mais de jurisprudence, fidèle à la réalité des institutions et au droit. A ce titre, je vous invite à consulter les manuels d'histoire du droit romain (par exemple ceux de Jean Gaudemet ou de Michel Humbert) qui définissent précisément ce qu'est le principat et le titre de princeps. Etre princeps entraîne de facto d'être imperator, mais ce n'est pas son titre.

Le passage de Pline, que vous citez, est issu du Panégyrique, et il s'adresse directement à Trajan, qui a obtenu son adoption de par ses victoires militaires; la traduction proposée ici "empereur" n'est vraisemblablement pas la bonne, et Pline semble s'adresser plutôt à l'Imperator vainqueur de batailles.

Pour les textes d'Ulpien, il faudrait les références et les contextes, sans omettre que le Digeste est une compilation dont les interpolations byzantines coupent les cheveux en quatre des commentateurs; sans contexte, impossible de traduire. Pour Ammien Marcellin, la période change!


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Message Publié : 01 Mars 2015 23:27 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
Mais je ne dis pas le contraire, je note simplement que la question de l'emploi n'est pas aussi simple que vous semblez le dire. Le terme de Princeps désigne évidemment sa fonction mais la réalité objective là derrière est assez ténue. On peut gloser à volonté sur des questions étymologiques mais dans le cas présent si j'insistais sur la notion d'imperator ce n'était pas pour souligner le titre officiel mais pour montrer quel élément de la dignité est la plus représentative des mutation qui s'amorcent entre République et Empire et force est de constater que ce n'est pas le domaine civile qui est le plus concerné.

rdchr a écrit :
La littérature juridique, Ulpien en l'occurrence, n'est pas une littérature de propagande, mais de jurisprudence, fidèle à la réalité des institutions et au droit.


Mais de qui provient le droit? Vous pensez sincèrement que la façon d'y appeler l'empereur est neutre et correspond à une définition parfaitement objective?

rdchr a écrit :
Le passage de Pline, que vous citez, est issu du Panégyrique, et il s'adresse directement à Trajan, qui a obtenu son adoption de par ses victoires militaires; la traduction proposée ici "empereur" n'est vraisemblablement pas la bonne, et Pline semble s'adresser plutôt à l'Imperator vainqueur de batailles.


je l'ai prise pour noter la diversité des emplois et à ce titre on pourrait aussi commencer à se poser la question de l'emploie d'Auguste et de César qui de nom vont finir par devenir plutôt envahissant parmi la multitude des qualificatifs différents dont l'empereur est nimbé. Mais là ce trouve justement le sens profond de ce compromis impérial qui semble tant vous tenir à coeur. Il y a là derrière un véritable empilement de pouvoirs d'essence républicaine qui composent la complexe dignité. Princeps n'est qu'un de ces versants et je vous avoue que la fiction qu'il contient me laisse particulièrement songeur. On l'aura compris, la crainte du pouvoir monarchique les a amené à creuser dans les qualificatifs existants un qui ne froisse pas trop leur sensibilité et qui dans le même temps le place un parmi les autres. La réalité là dedans reste des pouvoirs illimités assurés par l'imperium suprême, la puissance tribunicienne, le pouvoir de pontife...

La période change avec Ammien mais n'oubliez pas non plus la masse des archaïsmes dont est émaillée sa prose. Vous y chercheriez en vain certains indices de la mutation de l'armée romaine par exemple. Je crois qu'il faut éviter de trop systématiser avec les Romains ; la complexité inhérente à cette composition politique rend la chose difficile à appréhender et je répète que je trouve un peu artificiel ce recours à Princeps.

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Message Publié : 01 Mars 2015 23:42 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2015 14:52
Message(s) : 79
Pédro a écrit :
Mais je ne dis pas le contraire, je note simplement que la question de l'emploi n'est pas aussi simple que vous semblez le dire. Le terme de Princeps désigne évidemment sa fonction mais la réalité objective là derrière est assez ténue. On peut gloser à volonté sur des questions étymologiques mais dans le cas présent si j'insistais sur la notion d'imperator ce n'était pas pour souligner le titre officiel mais pour montrer quel élément de la dignité est la plus représentative des mutation qui s'amorcent entre République et Empire et force est de constater que ce n'est pas le domaine civile qui est le plus concerné.

rdchr a écrit :
La littérature juridique, Ulpien en l'occurrence, n'est pas une littérature de propagande, mais de jurisprudence, fidèle à la réalité des institutions et au droit.


Mais de qui provient le droit? Vous pensez sincèrement que la façon d'y appeler l'empereur est neutre et correspond à une définition parfaitement objective?

rdchr a écrit :
Le passage de Pline, que vous citez, est issu du Panégyrique, et il s'adresse directement à Trajan, qui a obtenu son adoption de par ses victoires militaires; la traduction proposée ici "empereur" n'est vraisemblablement pas la bonne, et Pline semble s'adresser plutôt à l'Imperator vainqueur de batailles.


je l'ai prise pour noter la diversité des emplois et à ce titre on pourrait aussi commencer à se poser la question de l'emploie d'Auguste et de César qui de nom vont finir par devenir plutôt envahissant parmi la multitude des qualificatifs différents dont l'empereur est nimbé. Mais là ce trouve justement le sens profond de ce compromis impérial qui semble tant vous tenir à coeur. Il y a là derrière un véritable empilement de pouvoirs d'essence républicaine qui composent la complexe dignité. Princeps n'est qu'un de ces versants et je vous avoue que la fiction qu'il contient me laisse particulièrement songeur. On l'aura compris, la crainte du pouvoir monarchique les a amené à creuser dans les qualificatifs existants un qui ne froisse pas trop leur sensibilité et qui dans le même temps le place un parmi les autres. La réalité là dedans reste des pouvoirs illimités assurés par l'imperium suprême, la puissance tribunicienne, le pouvoir de pontife...

La période change avec Ammien mais n'oubliez pas non plus la masse des archaïsmes dont est émaillée sa prose. Vous y chercheriez en vain certains indices de la mutation de l'armée romaine par exemple. Je crois qu'il faut éviter de trop systématiser avec les Romains ; la complexité inhérente à cette composition politique rend la chose difficile à appréhender et je répète que je trouve un peu artificiel ce recours à Princeps.


Le droit ne provient pas forcément de l'Empereur; il y a plusieurs sources du droit sous l'Empire; les constitutions impériales en sont une expression (rescrits, édits, mandata, decreta, décisions interlocutoires, lettres...) mais la jurisprudence, le droit prétorien ou les édits préfectoraux sont également des sources du droit. Par ailleurs, Ulpien a écrit (entre autres) des ouvrages de doctrine, élevés au rang de droit positif à l'époque chrétienne, mais qui n'en sont pas au IIIe siècle lorsqu'il les rédige.

je suis entièrement d'accord avec vous sur le fait que le princeps cumule l'ensemble des différentes attributions et pouvoirs de la république de manière fictive. Mais le débat se situait autour de la notion d'"imperator" et de "princeps". Un princeps est imperator, mais aussi revêtu de la puissance tribunicienne (puisque en tant que membre du sénat il ne peut pas être tribun de la plèbe, donc on lui accorde une "équivalence"), pontifex maximus..
Pour le terme d'Auguste, il qualifie l'Empereur régnant, et est directement en lien avec sa sacralité religieuse; c'est un titre fondamental de sa titulature (Sebastos en grec, lié à Eusebeia, la piété); Caesar est son nom de famille (gentilice).


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Message Publié : 02 Mars 2015 0:19 
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Jean-Pierre Vernant
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Localisation : Limoges
rdchr a écrit :
Mais le débat se situait autour de la notion d'"imperator" et de "princeps".


L'intitulé du sujet est plus précisément de l'imperator à l'empereur ce qui signifie davantage que de cerner l'étymologie de sa titulature, définir les grands processus de constitution de cette nouvelle dignité. Je suis bien d'accord avec vous sur les notions que vous avancez qui montrent bien cet édifice étrange que le rassemblement de pouvoirs anciens dans les mains d'un seul homme. Si l'on prend comme prémisse l'idée d'imperator et que l'on réfléchit ensuite à son évolution c'est que l'on attend justement que l'on note les évolutions de ce pouvoir essentiellement militaire et qu'on le reporte à son "aboutissement" impérial. C'est à ce tire que j'insistais sur l'importance de ce pouvoir dans la constitution de ce que l'on nomme la dignité impériale. Dans le développement de furtif je n'ai donc pas été choqué par son traitement très axé sur cet aspect bien qu'il faille sans doute aussi en signifier la complexité. Evidemment être empereur ne revient pas à seulement assumer des pouvoirs militaires, les choses on l'a vu ayant été légèrement plus compliqué.

rdchr a écrit :
Le droit ne provient pas forcément de l'Empereur; il y a plusieurs sources du droit sous l'Empire; les constitutions impériales en sont une expression (rescrits, édits, mandata, decreta, décisions interlocutoires, lettres...) mais la jurisprudence, le droit prétorien ou les édits préfectoraux sont également des sources du droit. Par ailleurs, Ulpien a écrit (entre autres) des ouvrages de doctrine, élevés au rang de droit positif à l'époque chrétienne, mais qui n'en sont pas au IIIe siècle lorsqu'il les rédige.


Je voyais les choses un poil plus monolithique mais je ne suis spécialiste du droit. ;)

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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