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Message Publié : 06 Mars 2015 21:29 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 05 Oct 2005 20:39
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Localisation : Lyon-Vénissieux
Quels étaient les arguments philosophiques utilisés par les opposants au christianisme dans l'Empire Romain ?
(si on a des sources)

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


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Message Publié : 06 Mars 2015 23:21 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 01 Mars 2015 16:36
Message(s) : 14
Pour Libanius/Libanios (sophiste du IVe siècle), c'est une religion de femmes et d'esclaves (ce n'est déjà pas particulièrement valorisant...). Pire, les chrétiens nient l'existence des dieux (gravissime) et adorent un homme qui est mort de manière honteuse (crucifixion). Il pointe du doigt l'hypocrisie des moines et, dans son discours XXX Pro templis, dénonce les chrétiens qui abattent les temples.

L'université Paul Valéry de Montpellier a un site internet vraiment bien pour mieux appréhender le personnage.
En ce qui concerne d'autres philosophes je n'en ai aucune idée, mais j'imagine que pour les philosophes païens plutôt anti-chrétiens, les arguments doivent être à peu-près similaires...


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Message Publié : 07 Mars 2015 2:13 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
On leur reproche aussi les malheurs des temps ; ils se sont détournés des Dieux qui avaient fait la grandeur de Rome et ont ainsi provoqué sa ruine. Par exemple Julien, Lettre à Atarbius :

Car c'est à cause de la folie des Galiléens que tout à failli être bouleversé, tandis que la bienveillance des dieux nous a tous sauvé.

Saint Augustin écrira quelques pages pour défendre la foi chrétienne dans le contexte postérieur du sac de Rome dans la Cité de Dieu :

Ainsi, pour la plupart, ont échappé à la mort ces calomniateurs de notre âge chrétien qui imputent au Christ les maux que Rome a soufferts, et ce bienfait de la vie dont ils sont redevables au nom du Christ, ce n'est pas à notre Christ qu'ils l'attribuent, mais à leur destin; tandis qu'avec un peu de droiture, ils sauraient, dans ce qu'ils ont enduré de misères, reconnaître cette Providence qui se sert du fléau de la guerre pour corriger, pour broyer la corruption humaine; qui, exerçant par de semblables afflictions les âmes justes et méritantes, les fait passer, au sortir de l'épreuve, à une destination meilleure, ou les retient encore sur la terre à d'autres desseins.

Il retient l'argument que les Barbares n'ont pas saccagé les lieux sacrés :

Car ces adversaires du nom de Jésus-Christ, ne sont-ce pas ces mêmes Romains que les barbares ont épargnés au nom de Jésus-Christ! J'en atteste les monuments des martyrs et les basiliques des apôtres, qui, dans cette désolation de Rome, ont ouvert leur sein à tout ce qui venait s'y réfugier, fidèle ou étranger à la foi. Jusqu'au seuil sacré, l'ennemi furieux se baignait dans le sang; mais à cette barrière expirait la rage du meurtre.


Mais leurs adversaires évoquent avec force la rupture avec la tradition, élément fondamental des civilisations antiques, qui ne cesse de revenir sous la plume de Julien. Il est bien entendu un des contradicteurs les plus féroces dont l'oeuvre nous est en partie parvenu. Il y voit de l'absurdité. Par exemple dans une lettre à Photin :

Si nous obtenons l'assistance de tous les dieux et déesses, des Muses et de la Fortune, nous montrerons ses faiblesses [de Diodore, un chrétien] et combien il dénature les lois, les doctrines et les mystères des Hellènes ainsi que des dieux infernaux ; nous ferons voir que son nouveau dieu Galiléen, à qui ses fables prêtent l'éternité, se trouve en réalité, par l'ignorance de sa mort [pendu sur une croix] et de sa sépulture, exclu de la divinité que Diodore invente pour lui.

Il y a ici une critique théologique ; Julien aborde l'épineuse question de la sépulture si importante pour les Anciens. Devant les Alexandrins il montre qu'autrefois les Hébreux, dont il note le lien avec les "Galiléens", avaient été esclave en Egypte et que dès lors c'est le peuple hellénisé, victorieux des Egyptiens, qui entre dans l'esclavage volontaire de ces croyances (lettre 111).


Julien leur fait grief d'une chose particulière quand il leur interdit d'enseigner ; il ne peut admettre qu'ils transmettent ce en quoi ils ne croient pas.

En tout cas la question est ample.

_________________
Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 07 Mars 2015 7:45 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
peut etre devrait on distinguer deux périodes : jusqu'au IIIè siècle, les penseurs paiens ne s'interessent pas aux chrétiens. Seuls les penseurs juifs discutent le sujet. Mais avec l'extension de la nouvelle religion, un effort d'appréhension philosophique apparait et debouche sur des polémiques.

il me semble aussi que le christianisme adolescent fait face à un paganisme renouvelé par le néo platonisme (Jamblique, Plotin, etc ...) - lequel néo platonisme s'éloigne sensiblement du paganisme authentique pour proouvoir une religion rationnelle.

A l'époque de Julien : le champ de bataille est simplifié : neo platonisme contre christianisme.

Ai je trop simplifié moi même ?


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Message Publié : 07 Mars 2015 8:24 
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Tite-Live
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Inscription : 02 Déc 2011 10:16
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Il faut lire Celse.

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur


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Message Publié : 07 Mars 2015 11:58 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
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furtif a écrit :
Il faut lire Celse.

Et Origène après :wink:


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 07 Mars 2015 12:53 
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Inscription : 02 Déc 2011 10:16
Message(s) : 316
Epsilon a écrit :
furtif a écrit :
Il faut lire Celse.

Et Origène après :wink:


Cordialement, Epsilon

Oui surtout qu'on ne le connaît qu'à travers Origène.

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur


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Message Publié : 07 Mars 2015 14:06 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
Jerôme a écrit :
A l'époque de Julien : le champ de bataille est simplifié : neo platonisme contre christianisme.

Ai je trop simplifié moi même ?


Oui c'est beaucoup trop simplifié ; le néoplatonisme n'est de toute façon pas monolithique. Il existe plusieurs courant et le mysticisme dans la veine de Jamblique que professe Julien est assez différent de celui de Plotin. Au delà, cette forme de religion philosophique s'accorde complètement avec les religions traditionnelles et Julien n'a de cesse de réaffirmer sa volonté de restaurer et de promouvoir ces formes de culte, quitte à les structurer à la manière de l'Eglise chrétienne pour leur donner plus de force. Dans ses textes il fait énormément mention aux dieux, aux Muses... ; ce sont des manifestations du passé, de la tradition, ce à quoi les mentalités antiques sont très sensibles. Il fera beaucoup de sacrifices, surtout pendant sa campagne persique, à tel point que même son admirateur Ammien Marcellin finira par trouver cela excessif. Il s'adonne beaucoup par ce biais à la lecture des signes divins et montre en cela un attachement très vif aux anciennes forme de piété.
Tout le monde n'est certes pas Julien, mais n'oublions pas que les thèses néoplatoniciennes ne s'adressent qu'à une élite et même sa forme la plus mystique est loin d'être une religion de masse. Les populations, elles, sont très attachées par tradition à leurs anciens cultes locaux, surtout en Occident évidemment et il existe tout une période de transition où l'Empire devenu chrétien et l'Eglise auront à composer avec la survivance de rites locaux indécrottables que l'on fardera sous le culte des saints pour les rendre supportables.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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