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 Sujet du message : Les Grecs vus par les Romains
Message Publié : 19 Mai 2015 19:22 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 19 Mai 2015 19:17
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Bonjour,
Ma question est dans le titre et à vrai dire je suis un peu bloqué sur celle-ci : comment les Romains perçoivent-ils les Grecs?
Merci.


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Message Publié : 19 Mai 2015 19:35 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
Message(s) : 2683
Romagreco a écrit :
Bonjour,
Ma question est dans le titre et à vrai dire je suis un peu bloqué sur celle-ci : comment les Romains perçoivent-ils les Grecs?
Merci.



Réponse : de façon ambigüe. D'un côté ils respectaient la culture grecque (littérature, architecture, etc ...) qu'ils admiraient au point de l'imiter assez fidèlement et même d'employer le grec comme langue (comme Marc Aurele) et d'envoyer les enfants de sénateurs se former à Athènes. D'un autre côté, ils méprisaient le tempérament des grecs qu'ils jugeaient lâches, obséquieux, manipulateurs, jouisseurs, dépourvus de vertus militaires.

Un détail révélateur : aucun empereur ne fut d'origine grecque avant la partition définitive de l'empire ...


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Message Publié : 19 Mai 2015 20:22 
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Tite-Live
Tite-Live
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Inscription : 10 Mai 2015 14:12
Message(s) : 363
Localisation : Isère
Il y avait une certaine rivalité aussi. Les grecs sont de réputation noble (les héros de la guerre de Troie!), mais quand Rome devient puissante, elle doit démontrer que ses origines sont aussi glorieuses que ces derniers. D'où cet ouvrage de propagande qu'est "L'Eneide"! D'une certaine façon il devaient être au fond quelque peu "jaloux" de ce passé si glorieux que possédait la Grèce, centre de la culture, des idées, d’innovations, des idées...

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Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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Message Publié : 19 Mai 2015 21:00 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 24 Mars 2010 16:23
Message(s) : 1054
Localisation : Paris
Il est extraordinairement difficile de savoir ce que les "Romains" pensaient des Grecs : comme Aigle l'a très justement fait remarquer à travers ses exemples, la vision change radicalement selon les époques et les milieux (au sein même de l'aristocratie, inutile, je pense, de citer les cas de Scipion ou de Caton).

_________________
Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere


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Message Publié : 20 Mai 2015 0:45 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5716
Localisation : Limoges
Il y a plusieurs éléments de réponse à cette épineuse question dans cet article : http://www.class.ulg.ac.be/ressources/vision.pdf

_________________
Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 20 Mai 2015 10:03 
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Polybe
Polybe

Inscription : 11 Fév 2015 14:52
Message(s) : 79
Une suggestion de lecture récente
E.Gruen, Rethinking the Other in Antiquity, Princeton, 2011 (qui ne se limite pas seulement aux Grecs et aux Romains). Voir aussi les anciens travaux de Ramsey MacMullen, notamment "Roman attitudes to Greek love", Historia 31, 1982, p.484-502.

Pour faire très simple, comme dit précédemment par les autres forumers, il règne entre Grecs et Romains une sorte "d'amour vache". Les Romains incarnent le pouvoir et les valeurs militaires, les Grecs la philosophie et le passé prestigieux. On trouve de sincères admirateurs dans les deux camps, mais aussi une vraie rivalité: les Romains seraient rustres pour les Grecs, pour les Romains les Grecs sont teintés de mollesse.
Il faut ensuite différencier les époques et les milieux. Par exemple, côté grec, Philostrate qualifie les noms de "Lucilius" ou "Fabius" de "noms barbares". Dion de Pruse raille à Olbia ceux qui se rasent la barbe "pour faire romain". Côté romain, on se gausse des amours du gymnase et de la faiblesse militaire des Grecs (Alexandre le Grand est en revanche bien évidemment épargné).
Le meilleur auteur pour juger l’ambiguïté des relations est à mon sens Plutarque, particulièrement dans ses Moralia.


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Message Publié : 20 Mai 2015 10:04 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
Message(s) : 1659
Sur le fait qu'il n'y ait pas eu d'empereur, il me semble que c'est Paul Veyne qui expliquait, dans l'empire gréco-romain, que le fait que les grecs se trouvaient au sommet de la pyramide culturel dans le monde romain expliquait qu'ils aient toujours été barrés de l'accès à la pourpre impériale (avant Byzance).

Les grecs ne s'assimilaient pas parce qu'autonomes. La classe dirigeante de l'empire aurait plus ou moins estimé que l'empire cesserait d'être romain/latin au sens culturel le jour où les grecs tiendraient le volant, leur sentiment de supériorité culturel les aurait conduit à une sorte de séparatisme.

Pour ce qui est de la vision que les aristocrates romains de la république avaient des grecs, je pense qu'il faut vraiment distinguer leur vie privée et leur vie publique. Dans la vie publique, il y avait des postures qu'un "homme politique" devant briguer les suffrages de la plèbe romaine était contraint de prendre, qu'elles correspondent ou non au fond de sa pensée personnelle.

Il était de bon ton de railler les moeurs ramollies de ces grecs qui n'avaient pas l'antique virtus des citoyens romains. C'était aussi un outil de contrôle social, notamment via le rôle des censeurs.


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Message Publié : 20 Mai 2015 13:36 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5716
Localisation : Limoges
Je ne suis pas sûr que cela soit aussi mécanique et aussi tranché ; les Grecs avaient clairement le sentiment de leur supériorité culturelle ce qui explique sans aucun doute le bilinguisme de l'Empire. Mais de là à courir au séparatisme j'avoue ne pas tellement y croire. Et puis définissons donc ce que cela signifie être grec ; une culture, à quel degré de "pureté", un "sang"... La culture est évidemment plus porteur. En cela l'empereur Julien en incarne une bonne illustration. Il définit d'ailleurs son ancrage identitaire, se faisant Thrace de naissance mais Grec de culture. Il venait clairement du monde de l'élite intellectuelle grecque, ayant fréquenté plusieurs "écoles" à Athènes et plus largement dans l'Orient. Pourtant porté à la pourpre son action s'est coulée dans le moule de ses prédécesseurs tout en idéalisant sa charge en prenant pour modèle Marc Aurèle et bien entendu Alexandre. On en était à une période de fusion culturelle davantage prononcé qu'on le pense souvent. Libanios, qui se range dans les rangs des plus sceptiques concernant les "Romains" suit les voies légale dans ses revendications identitaires et s'insurge contre le succès du latin en Orient... mais n'est-ce pas là un élément montrant que sa pensée devient à contre-courant? Ammien Marcellin et Claudien délaissèrent leur langue maternelle au profit du latin...

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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