Fastoche. On était sous une autre dynastie : celle des Antonins.
Et donc il était de bon ton de débiner ces méchants julio-claudiens qui n'étaient vraiment pas de bons républicains puisqu'ils avaient fait de la république la chose privée d'une famille. Alors qu'au contraire, les Antonins, c'est bien connu, avaient rétabli le bon principe d'adoption du meilleur parmi les citoyens romains nobles.
Bon, c'est vrai que quand on creuse un peu, le baratin antonin ne tient pas longtemps vu que les Antonins n'ont rien fait d'autre que ce qu'ont fait les Juilo-Claudiens : adopter l'un de leurs plus proches parents mâles à défaut d'avoir eux-mêmes un fils, jusqu'à ce que le sublissime Marc Aurèle confirme la règle que les exceptions masquaient, à savoir que dès qu'on a un fils c'est bien sûr lui qui succède à son père.
Bref, il était juste admis de taper sur une dynastie qui s'était éteinte, en ménageant toutefois le fondateur du régime, de la même manière que dans les pays communistes il ne fallait pas taper sur Lénine qui avait montré la voie mais qu'on pouvait charger l'affreux Staline qui, lui, avait dévoyé les sains principes édictés par ce bon Lénine.
Sur le fond de votre question initiale, le "tu quoque filii" ou "kaï su teknon" me paraît trop beau pour être vrai. D'autant plus si on se pose une question toute simple : qui diable a pu récupérer et transmettre l'info ?
César est mort entouré de ses assassins. Tous les autres sénateurs, épouvantés par l'attentat, ont fui dans un désordre compréhensible quand on voit aujourd'hui encore l'exiguité surprenante du lieu. Ensuite, une fois les lieux vidés, c'est un esclave de César qui est venu récupérer son corps sans vie.
Imaginer que, si jamais ces mots ont été prononcés, Marcus Junius Brutus ou Decimus Junius Brutus, aient pu rapporter de tels mots me paraît totalement incohérent. Ces mots leur étaient défavorables car ils présentent César comme un homme attristé dans son malheur d'avoir été en plus trahi par des gens qu'il aimait, c'était placer sur le front desdits assassins la marque du traitre ingrat, voire du parricide, même si "fils" doit s'entendre à la méditerranéenne, comme on dirait affectueusement "oh fils !" ou "oh petit !" à un homme plus jeune que vous qui n'est néanmoins pas votre fils au sens familial.