Les prospections aériennes ou pédestres, et maintenant géophysiques, permettent de localiser les constructions de ces latifundia, pars urbana et pars rustica. On peut en dresser des représentations cartographiques de densité, mais rien ne prouve qu'ils ont eu des activités concomitantes. Concernant les périmètres de ces grandes exploitations, parfois une borne est mise à jour, mais c'est bien peu pour retracer une limite de domaine, ni même pour dire combien de temps elle fut une limite, et même la limite de quoi, cela reste un point. Parfois, comme en Afrique, on y trouve un nom de propriétaire ou de régisseur.
Dans le passé, les historiens utilisaient la méthode régressive. Par exemple pour la Gaule, la paroisse féodale = la villa du haut Moyen Âge = le fundus gallo-romain. On y ajoutait parfois la toponymie, dans le style : Antony (Haut-de-Seine), en latin *Antoniniacum, domaine d'un Antoninus, surement un vétéran, et puis à côté il y a Massy, un *Massiciacum, domaine de Massicus, lui aussi surement un vétéran italien, parce qu'il n'avait pas un nom très gaulois. On était dans un modèle qui recherchait des continuités, une logique. L'installation de vétérans italiens, apportant leur romanité, un mode de vie, des techniques, etc.. On brodait sur pas grand chose de solide, pour tenir un discours historique cohérent.
Une étude fine de la documentation écrite, des vestiges archéologiques, des datations fines des parcellaires, des constructions, du comblement des fossés de drainage, des orientations de ces grandes surfaces, permet de remettre en cause ces modèles. Les choses sont plus fluctuantes, moins systématiques. On trouve parfois des installations de meunerie ou de stockage à l'intérieur de ce que l'on pensait être un latifundium, donc pas d'installation centralisée, pas que des troupeaux d'esclaves pour les exploiter.
Parfois, de nouveaux questionnements se font jour, que nos devanciers n'avait pas imaginés. Comment expliquer que les limites de parcelles du cadastre napoléonien soient parallèles à des murs des constructions du Haut Empire ? Ces problématiques récentes, puisqu'elles découlent de la mise en place de techniques d'information innovantes (SIG, notamment) viennent enrichir le questionnement des historiens et des archéologues.
Beaucoup de questions qui viennent remettre en cause l'image idéalisée du latifundium.
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