Voila lé suite du feuilleton sur Pompée : il ne restera que le moment de la guerre civile et la conclusion dans un prochain numéro... la semaine prochaine...
V. Pompée en Orient.
Tout de suite, il va en Orient récupérer les légions de Lucullus. Avec lui il a une entrevue assez orageuse. Les deux hommes se connaissent et ont été rivaux à l’époque de Sylla ; de dix ans l’aîné de Pompée, Lucullus a eu la préférence du dictateur dans son testament. Tout de suite, il dit à son rival venu pour le remplacer que point n’était besoin de continuer car, dit-il, la guerre est finie. En fait, pompée n’est pas convaincu, estime Lucullus trop laxiste, et, lui, compte vraiment se battre ; les deux hommes en viennent finalement aux mains, il faut les séparer.
1. La guerre contre Mithridate.
Pompée a donc sous ses ordres des forces assez substantielles et masse des troupes près du royaume de Mithridate. D’abord resté dans l’expectative, Mithridate décide de l’attaquer. Pompée lui inflige une défaite lors d’une bataille nocturne sur l’Euphrate, avant de le laisser s’enfuir, désormais « roi-fantôme », dans son royaume du Pont. En effet, tous les fidèles de Mithridate l’abandonnent peu à peu, excepté sa maîtresse.
Au lieu de le poursuivre (les choses ne pressent pas), Pompée décide de s’occuper d’abord de l’Arménie, alliée de Mithridate. Celle-ci était alors à l’apogée de sa puissance et était sept fois plus étendue que l’Arménie actuelle. Pompée parvint à ses frontières et eut la satisfaction de voir s’avancer vers lui le prince Tigrane, fils de Tigrane II et qui trahissait son père au profit du Romain. Mais le roi d’Arménie, très politique, accéda sans problème à tous les désirs de Pompée et l’accueillit dans sa capitale. Finalement, le général Romain le favorisa au détriment de son fils, le maintint dans son royaume en lui imposant un tribut, lui enlevant quelques territoires cependant.
En l’occurrence, il s’est montré très habile et aussi très humain. C’eut en effet été idiot d’annexer tous ces territoires dont Rome n’aurait su que faire. Il est bien plus intéressant d’imposer un tribut, lequel peut pallier à ses problèmes d’argent. Entretemps, Pompée reçoit de mauvaises nouvelles de Rome. Jules César commence en effet à faire parler de lui. Devenu tribun du peuple, il en a profité pour donner une nouvelle vigueur au parti des Populares, notamment en faisant relever les statues de Marius. Cela agace Pompée, qui ne supporte pas que quelqu’un soit plus populaire que lui dans la capitale, ni César, ni un autre d’ailleurs.
2. La marche vers la mer Caspienne.
Après avoir réglé les affaires d’Arménie, Pompée bifurque vers l’Est, vers la mer Caspienne, et entre en lutte contre les Albains (avec à leur tête le roi Orosès) et les Ibères, dans le Caucase, deux peuples contre lesquels Alexandre le grand n’avait jamais lutté, ce dont Pompée est très fier (il recherchait toujours l’exploit resté encore inaccompli).
Il les bat l’un et l’autre et parcourt le Caucase, le pays des légendaires Amazones (les légionnaires, cependant, se soucient fort peu de rencontrer ces redoutables guerrières, si tant est qu’elles existaient).
Puis il tente de pousser vers la mer Caspienne, du seul fait que son modèle, Alexandre, y était allé. Aucun Romain n’y est allé avant lui. On ne savait rien de cette mer, restée très méconnue. Pompée, en fait se contente d’envoyer trois éclaireurs qui lui rapportent de l’eau de cette mer pour qu’il la goûte (comme avait fait Alexandre). Cela fait, il rebrousse chemin. Pragmatique et prudent, il ne voulait pas risquer son armée dans ces régions de peu d’intérêt (qui plus est infestées de serpents !). Il n’est pas allé lui-même jusqu’à la Caspienne, certes, mais ses éclaireurs y sont allés, c’est tout comme.
Il rentre alors dans le royaume de Syrie, reste dérisoire de l’ancien empire des Séleucide, sur le trône duquel régnait Antiochos XIII, installé par Lucullus. Pompée le dépose et réduit le royaume en province romaine, ce qui permet aux publicains, ses amis, de s’enrichir par la collecte des impôts.
Son désir est ensuite d’aller vers la Phénicie (l’actuel Liban) et de là d’entrer dans la riche Egypte. Mais avant, il faut entrer à Jérusalem, qui est sur le chemin.
3. La guerre en Judée.
Précisément, il s’occupe de la Judée.
Jusqu’ à présent, les Juifs n’avaient pas eu de problèmes majeurs avec les Romains. Au moment où Pompée arrive règne la dynastie des Asmonéens. Deux frères se disputent le trône, Hyrcan et Aristobule. Les deux viennent solliciter la protection de Pompée. Mais Aristobule s’y prend très mal et ose parler d’égal à égal avec le Romain. Finalement, il vient s’enfermer dans Jérusalem et se décide à combattre les envahisseurs. Après avoir vainement tenté de négocier, car Pompée cherche toujours à éviter le combat par des moyens diplomatiques, le Romain met le siège devant la ville. Mais elle est très bien défendue. Heureusement, la chance le favorise, car règne la division. En effet, dans la ville, la secte des Sadducéens, soutien d’Hyrcan, s’oppose à celle des Pharisiens, soutien d’Aristobule. Les Sadducéens s’allient à Pompée et le font entrer dans la ville. Mais il reste à s’emparer du temple, véritable forteresse. Avec ses alliés sadducéens, Pompée donne l’assaut et triomphe. S’ensuivent des massacres, non du fait des Romains mais de leurs alliés sadducéens qui égorgent leurs rivaux. Pompée entre dans le temple de Salomon. Il ramène du butin et réserve Aristobule pour son triomphe.
Il apprend ensuite que Mithridate vient de rendre l’âme. En effet, le vieux roi, devant les défections qui se multipliaient, s’est mis à massacrer à tour de bras autour de lui, y compris ses propres enfants. Complètement déconnecté par rapport à la réalité, il envisageait même d’envahir l’Italie ! Finalement, l’un de ses fils, Pharnace, a pris la tête d’un complot. Livré à lui-même et seul, le vieux roi a tenté de s’empoisonner. Mais sa « mithridatisation » (il s’était peu à peu habitué au poison pour éviter les tentatives d’assassinat) a trop bien marché. Il finit par mourir tué par ses ennemis dans une vraie boucherie. Si ses légionnaires sont ravis (Mithridate était vraiment un grand ennemi de Rome depuis longtemps), Pompée est moyennement content, car sa guerre ne se justifie plus puisque son adversaire est mort. Aussi ne peut-il plus aller vers la Phénicie et l’Egypte sous peine de voir le Sénat le condamner pour avoir voulu indument prolonger la guerre. Aussi, il y renonce et gagne Amysos sur la mer noire (en Turquie actuelle), où là il va organiser ses conquêtes, l’Orient, au profit de Rome.
4. La réorganisation de l’Orient.
C’est la politique des princes-clients inaugurée par Pompée.
Quantité de quémandeurs, de princes, viennent alors le solliciter. Partout, il crée, au profit de Rome, des royaumes-client : la Commagène, la Bithynie, la Cappadoce, la Colchide… Il maintient Pharnace dans son royaume du Pont (en lui enlevant les conquêtes de son père, cependant). A tous, il impose tribut, bien entendu. Il fait en sorte que les royaumes alternent avec les provinces romaines ; aucun prince n’est assez fort pour s’opposer à Rome. Tout ceci est bien plus économique que de réduire toutes ses conquêtes en provinces. C’est seulement graduellement que ces petits royaumes seront absorbés par l’Urbs, ainsi naissent les empires solides.
Il reçoit aussi des ambassadeurs envoyés par le roi des Parthes, mais il les traite dédaigneusement. En effet, il n’admet pas de traiter d’égal à égal avec cet empire et exige que celui-ci rétrocède la Gordyène à l’Arménie, vassale de Rome. Généreux, il accorde à tous ses soldats une somme très substantielle. Sur ce point, il se différence beaucoup de son père, le ladre Pompéius Strabo. Il accorde aussi la citoyenneté romaine à la ville de Mytilène, pour complaire à son ami Posidonios, dont c’est la patrie.
Mais s’il est généreux avec tout le monde, il est aussi mesquin, car tous ceux qui viennent lui demander de confirmer les requêtes auxquelles a accédé Lucullus sont rejetés par lui avec mépris. Le géographe Strabon en est victime. Il lui faut rentrer à Rome, mais il prend son temps. Ainsi va-t-il séjourner à Rhodes, pour y écouter les leçons des philosophes grecs. Conscient de sa faiblesse sur le plan culturel, lui qui a très vite quitté l’école pour connaître la vie militaire, il est passionné par ces sujets. Précisément, il connaît ses limites et saura toujours s’entourer d’hommes compétents destinés à les y pallier, ainsi Posidonios.
5. Le retour à Rome.
A Rome, Pompée, qui a bien pris soin de sa propagande, est très populaire, dans le peuple tout au moins. Il en va autrement au Sénat dont bien des membres s’inquiètent. Pompée victorieux va-t-il entrer à Rome aves ses soldats et prendre le pouvoir ? Va-t-on revoir les jours sombres de la dictature de Sylla ? Les plébéiens accepteraient volontiers son pouvoir.
Mais, coup de théâtre, une fois arrivé à Brindes, en Italie du sud, Pompée licencie son armée !
A la limite, il se met presque contre la loi, car il aurait du attendre d’avoir fait son triomphe pour cela. Il va donc triompher sans ses soldats! Certes, il s’est montré ainsi très loyal et très humain, car, comme toujours, il se refuse à faire couler le sang et à faire renaître la guerre civile. Mais tout le monde est surpris.
Sur le chemin de Brindes à Rome, son parcours est un triomphe. Il est royalement accueilli aux portes de la capitale, y compris par les sénateurs qui ne peuvent faire autrement, mais qui, méfiants, ne songent qu’à lui rogner ses griffes.
Son triomphe est réellement fastueux, même sans ses soldats (seulement avec ses officiers). Il dure deux jours pendant lesquels défilent tous les trésors de l’Orient. Le conquérant montre qu’il a fait la guerre sur trois continents, ce qui, prétend-il, est avoir mieux fait qu’Alexandre. Contrairement aux usages, les princes vaincus ne défilent pas enchaînés et plus ou moins dénudés, mais sans chaînes et portant leurs plus beaux vêtements, ce car, conformément au principe qu’il faut magnifier le vaincu pour glorifier le vainqueur, Pompée veut impressionner les Romains en leur montrant quelle sorte d’ennemi il a vaincu. Après cela, il ne les fait pas mettre à mort, comme c’est la coutume, mais les renvoie chez eux, dans leur royaume. Il est très humain et cela fait autant de clients pour lui.
Un point noir cependant : il apprend que durant son absence, sa femme l’a trompé avec César. Peu importe, il la répudie, ce qui va lui permettre de se remarier et de conclure ainsi une alliance matrimoniale avec une famille des Optimates.
Ainsi demande-t-il la main des deux nièces de Caton, champion de la tradition républicaine, une pour lui, l’autre pour son fils Cnaeus. Mais Caton refuse dédaigneusement car il ne supporte pas qu’un homme essaye de se hisser au-dessus des autres et pense que Pompée ne veut s’introduire dans son milieu que pour mieux mettre à bas la République. Un comble, quand on pense qu’il a tout de suite licencié ses troupes !
VI. Pompée dans l’arène politique.
Au moment du retour de Pompée à Rome, nous sommes en 63 avant JC. Cicéron vient d’être consul et a exercé sa charge en triomphant de la conspiration de Catilina. De son côté, Jules César, qui avait joué un rôle ambigu lors de cette conspiration, a préféré partir en Espagne voir si l’air était meilleur, pour exercer sa charge de propréteur.
Pompée va très vite se heurter à la méfiance des sénateurs. Par l’intermédiaire de Lucullus, qui n’a pas digéré d’avoir été humilié par le général en Orient, ceux-ci refusent de voter l’octroi de terres en Italie pour ses vétérans d’Orient. Il a certes fait élire consul son bras droit, le légat Afranius, mais, tout comme son supérieur, il est absolument nul en politique. En effet, Pompée s’en tire très mal avec le Sénat, ses discours le montrent. Il ne sait pas faire des choix et laisse froid tout le monde, que ce soit les sénateurs, la plèbe ou les chevaliers.
Finalement, il ne peut s’en tirer tout seul et est obligé de chercher des alliances. C’est ainsi qu’il va s’allier avec Jules César. Celui-ci vient de revenir d’Espagne, où il vient de remporter ses premières victoires contre les Ibères. Il est ambitieux et veut lui aussi le pouvoir. Mais lui aussi ne peut être seul. Pour avoir les moyens de ses ambitions, il s’est arrangé avec Crassus qui lui a prêté beaucoup d’argent, notamment pour offrir des spectacles au peuple du temps où il était prêteur. Il va donc rechercher l’alliance de Crassus, pour son argent, et de Pompée, pour sa gloire. Le problème est que les deux hommes ne peuvent pas se souffrir. Il parvient cependant à les rapprocher, par le sentiment de leur intérêt bien compris, et fonde avec eux le Premier triumvirat, en fait une association de malfaiteurs visant à mettre la main sur l’Etat romain.
Ce pacte permet à César de se faire élire consul en 59, avec pour collègue Bibulus. Mais ce dernier, subjugué par la personnalité de César, préfère rester chez lui, car il n’est pas un vrai homme d’action (c’est très classique ; aujourd’hui, malheureusement, certains de nos hommes politiques sont très « bibuliens »). Les Romains s’habituent ainsi peu à peu au pouvoir personnel. Tout consul qu’il est, César agit en fait en tribun et oblige le Sénat à octroyer enfin des terres aux soldats de Pompée, lesquels, pour faire pression sur la haute assemblée, parcourent avec leurs armes les rues de la capitale. Les légionnaires de Pompée se fixent donc sur leur terre, ce qui, de fait, rendra très difficile leur éventuelle mobilisation.
Il ne faut cependant pas se leurrer : c’est César qui exerce réellement le pouvoir, non Pompée qu’il manipule à son grès. Vraiment pas finaud sur le plan politique, ce dernier n’est en fait qu’un instrument.
Pour concrétiser leur alliance, César donne sa fille Julia en mariage à Pompée. Certes, la femme précédente de celui-ci l’a trompé avec César ! Mais après tout, nécessité politique oblige, on est bien obligé de faire quelques entorses à la morale. Aussi, Pompée va-t-il épouser la fille de l’amant de sa femme, c’est comme ça. Du reste, notre homme est très heureux avec sa jeune compagne, de vingt ans plus jeune que lui, laquelle, de son côté, adore cet homme mûr. Il vit le bonheur auprès d’elle dans leur villa au bord de la mer, ce qui arrange César, car ainsi Pompée se désintéresse de la vie politique. Il n’est pas complètement naïf, cependant, et cherche à contribuer à l’embellissement de Rome. Il a vu de magnifiques amphithéâtres de pierre dans ses pérégrinations en Orient et est affligé de voir que l’Urbs reste une ville de bois ! Aussi fait-il construire un immense amphithéâtre (aujourd’hui disparu) sur le champ de mars pouvant accueillir 20000 spectateurs.
Ce faisant, César a recruté des soldats pour pouvoir conquérir la Gaule, son ambition. Ces légionnaires sont plus jeunes que ceux de Pompée (qui ont alors près de 45 ans). Avides et désireux de s’enrichir à la guerre, ils sont prêts à soutenir le général qui le leur permettra. Avec tous ces hommes, César commence la guerre des Gaule dès 58.
Cherchant malgré tout à participer à la vie politique, Pompée s’acoquine avec Clodius, un affreux démagogue qui se sert de la violence populaire pour s’imposer au Sénat. Il s’avère cependant que Clodius domine Pompée. Il finit même par se retourner contre lui et à l’insulter publiquement, ce qui dégoute le triumvir de la vie politique et l’incite à s’en retirer. Probablement complice de Clodius, César est ravi car il ne tient pas à ce que son collègue soit trop actif à Rome durant son absence.
Du reste, l’étoile de César monte dans la capitale, car ses conquêtes lui permettent de rattraper la gloire de Pompée. Il conquiert beaucoup de villes en Gaules, des sanctuaires très riches qui lui donnent beaucoup d’argent. Les negociatores sont attirés en Gaule par le butin, les affaires lucratives qu’ils peuvent mener, notamment avec la vente d’esclaves. César devient donc très riche, ce qui lui permet de financer sa vie politique.
Ses deux comparses s’inquiètent et veulent se rapprocher pour mieux lutter contre sa puissance (alors qu’ils ne peuvent pas se blairer !). C’est ainsi que Crassus et Pompée viennent retrouver César à Lucques en Italie. Les trois hommes s’entendent alors très bien contre la République, l’apogée de leur association. César veut en effet renouveler le triumvirat pour pouvoir terminer sa conquête de la Gaule ; Pompée le veut car il veut continuer à s’imposer au Sénat ; quant à Crassus, jaloux de la gloire militaire des deux autres, il veut en profiter pour mener une campagne en Orient contre les Parthes. Le triumvirat est donc renouvelé. Entretemps, la famine a sévi à Rome, générant des troubles populaires, car son fournisseur de blé, l’Egypte, connaît l’instabilité politique. Le roi Ptolémée XII (le père de la fameuse Cléopâtre) a du mal à s’imposer à ses sujets, le ravitaillement en blé est stoppé. Le Sénat se refuse à envoyer Pompée en Egypte (il se méfie trop de lui) mais lui donne cependant le commandement d’une flotte destinée à faire venir des provinces le blé nécessaire à l’Urbs. Ainsi Pompée réobtient un commandement important qui rappelle celui qu’il avait acquis contre les pirates.
Sur ce, deux coups de foudre viennent remettre en question la position de Pompée : La mort de Julia, son épouse.
Elle meurt en couche. Pompée est désespéré car il l’aimait beaucoup. César aussi d’ailleurs, c’était sa fille. Celui-ci lui offre bien en remplacement sa petite-nièce Octavie, sœur du jeune Octave, mais il refuse dédaigneusement.
La mort de Crassus en Orient, au cours de la bataille de Carrae contre les Parthes, en juin 53.
On ne saura jamais quel aurait été le poids du triumvir dans les rapports entre les deux autres. Comme c’est lui qui tendait à faire l’équilibre, c’est la rivalité entre ses deux collègues qui s’annoncent.
Pompée, se remarie alors, pour la cinquième fois, avec une fille du clan des Metelli, toujours avec une femme de vingt ans de moins que lui, et avec qui il va encore vivre le parfait amour.
Ce faisant, à la suite de l’assassinat de Clodius par Milon son ennemi, de violents troubles éclatent à Rome et il faut absolument rétablir l’ordre. Le sénat pense alors à Pompée mais hésite à le nommer dictateur. Finalement, il décide de le nommer consul unique, sans collègue (ce qui revient au même), et Pompée est consul pour la troisième fois. Effectivement, il rétablit l’ordre, sans faire d’excès, lutte contre la corruption, mais son gouvernement manque d’originalité, frappe par son dilettantisme politique. Il agit comme un réformateur partial dans la mesure où il sacrifie ses anciens alliés au détriment des nouveaux. Il n’innove pas, ne propose aucune solution nouvelle et la république continue d’aller à la dérive.
Cicéron a bien étudié la différence entre César et Pompée dans le jeu politique.
Pompée est très fort pour conquérir rapidement le pouvoir. Mais cela fait, cela ne l’intéresse plus, il n’agit plus. En fait, son côté hautain ne fait que masquer un très fort manque d’assurance. César, lui, est un joueur d’échec. Froid, calculateur, il prévoit, au moins avec trois coups d’avance, les réactions de ses adversaires. En politique, Pompée est un amateur, César est un professionnel. Précisément, l’affrontement avec César se précise.
Celui-ci vient d’obtenir la capitulation de ses ennemis à Alésia et a pris bien soin de soigner sa propagande à Rome. Pompée est confiant et affirme au sénat qu’il suffit qu’ « il tape du pied pour que des armées de fantassins sortent du sol». Très justement, ses anciens légionnaires viennent pour la plupart le rejoindre, pensant à une mobilisation très temporaire. Mais il attend, prend son temps. César, lui, a fait préparer le terrain par ses partisans en Italie. C’est ainsi que son lieutenant Marc Antoine, élu tribun, a mis son veto pour que les anciens soldats de Pompée ne rejoignent pas leur patron, ce qui freine le recrutement. César veut cependant avoir le bon droit pour lui et fait toutes les ouvertures possibles, mais en vain.
_________________ «Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν» Xerxès, in Hérodote, L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...]. Émile Ollivier, l' Empire libéral.
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