Narduccio a écrit :
Ça, c'est ce que dit César. Plusieurs historiens se sont interrogés sur la part de réalité et la part de propagande. Il y a eu des études sur le devenir de certains notables.
Il m'intéresserait de lire le résultat de ces études et de connaître les sources sur lesquelles elles sont fondées. En attendant, s'agissant des notables, voici ce qu'écrit César (réalité et propagande) de ceux qu'il a eus devant lui à la reddition d'Alésia.
Il mentionne :
- les "
principes" ; ceux qui occupent la première place, les plus importants ; ce sont les chefs "politiques". Ils sont "
produci", c'est-à-dire amenés, conduits devant César. On ne sait pas ce qui s'est passé ensuite ; punis, ou seulement sermonnés, fichés, puis libérés, sauf quelques traîtres patentés, tués pour l'exemple (comme autrefois l'atrébate Commios par exemple) ?
- les "
duces" ; chefs militaires, généraux. César écrit "
Ipse in munitione pro castris consedit : eo duces producuntur" c'est-à-dire "siégeant dans son camp pour juger, il fit amener devant lui les généraux". Il ne dit rien des sentences qui ont été rendues.
- les autres sont les "
reliquis captivis" ; le reste des prisonniers, qu'on a distribué par tête à chaque soldat à titre de butin (dont il rendra 20000 aux Eduens et aux Arvernes comme dit supra).
Il est bien évident que ce récit ne concerne, pour l'essentiel, que les notables pris après la bataille, sur le site ou autour, puisque la scène se passe au camp de César devant Alésia (
Ipse in munitione pro castris consedit). Des notables, il y en avait plein en liberté Gaule, puisque César écrit que "
ces affaires terminées, il part pour le pays des Héduens, et reçoit leur soumission. Là, des députés envoyés par les Arvernes viennent lui promettre de faire ce qu'il ordonnera. César exige un grand nombre d'otages...".
Narduccio a écrit :
Alors, les estimations de populations en ce qui concerne la Gaule conquise par César vont de 10 à 20 millions d'habitants (sauf erreurs de ma part, car je cite ces chiffres de mémoires). Là-dessus, il y aurait eu 1 millions de gaulois réduits en esclavages.
Et ce chiffre semble correspondre à une réalité car les prix ont baissés sur les marchés d'esclaves. Bien, voici donc un pays où aurait disparu, soit du fait des combats, soit par réduction en esclavage entre 5 à 10% de la population. Dont une bonne part des élites.
Concernant le bilan humain côté gaulois :
- Plutarque indique : "César prit d'assaut plus de 800 places fortes, soumit 300 tribus, combattit 3 millions d'ennemis, fit un million de cadavres et emmena un million de prisonniers."
Sur la base de 10 à 20 millions d'habitants, nous aurions donc une baisse de population de l'ordre de 10 à 20%...
Mais ça, c'est ce qu'a écrit Plutarque, 150 années après cette guerre
- 100 avant Plutarque, Patercullus a écrit que César a ramené en dix ans de guerre, 400 000 captifs de Gaule.
- 2000 ans après Plutarque et Paterculus, Christian Goudineau : "
La Guerre des Gaules a fait des ravages dont nous mesurons mal l'étendue : destruction et pillage systématique partout où sont passées les légions ; au moins 6 ou 7 centaines de milliers de morts, autant de prisonniers -sinon davantage- vendus comme esclaves, soit une part importante de la population de certaines cités, surtout celle du nord et de l'ouest ; des richesses gigantesques avaient été englouties dans l'effort de guerre, en particulier la fabrication d'armes. Nombre de terres furent confisquées, attribuées à des "étrangers". "
Narduccio a écrit :
Et, peu de temps après, on retrouve la Gaule très florissante. OK, une partie de l'expansion économique de l'époque peut être justifiée par le fait de l'expansion du réseau routier. Une autre partie par l'ouverture au marché transalpin. Plus une part due à l'expansion du réseau routier et de l'installation de légions aux frontières, ce qui a bénéficié au commerce. Bien, mais tout cela suppose qu'en Gaule, il y avait des gens capables d'accompagner cette expansion.
Alors Goudineau encore : "
Ces 8 années eurent pour conséquence un appauvrissement global qui ne fut surmonté qu'en deux ou trois générations. Mais d'autres facteurs allaient engendrer un dynamisme nouveau : l'installation d'italiens, le désir d'intégration à l'empire de nouvelles élites, l'appel à l'urbanisation et à l'évergétisme, dont César puis Auguste donneront l'exemple."
Reste-t-il encore quelqu'un pour soutenir qu'il y a eu génocide des élites ou des "forces vives" ou un "grand remplacement" (sans allusion aucune) ?
Les Romains n'avaient aucun intérêt à détruire plus qu'ils ne l'étaient déjà par les nécessités militaires, les juteux réseaux productifs et commerciaux gaulois avec lesquels ils travaillaient depuis longtemps.
Oui, il y restait les notables pour accompagner la reprise et l'expansion, en nombre suffisant dans le pays. La preuve : juste après la capitulation, Arvernes et Eduens envoient députés et otages "en grand nombre" dixit Jules.
Narduccio a écrit :
Dans le passé, de nombreux historiens, en se basant sur les écrits romains pensaient à une immigration romaine plus ou moins massive. Or, l'archéologie préventive montre que dans certaines régions il n'y a pas rupture de pratiques entre les fermes gauloises pré-existantes et les villas gallo-romaines qu'on trouve au premier siècle. Cela suppose donc que des élites gauloises soient restées en place. Il y a les écrits, puis il y a les réalités du terrain.
C. Goudineau le confirme : "
Se mettait en place la parfaite mécanique de Rome qui, par l'entremise des notables Gaulois eux-mêmes, ferait de la Gaule l'un des fleurons de l'Empire."