Inscription : 23 Déc 2004 19:02 Message(s) : 1430 Localisation : Généralité de Riom & Bourbonnais
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Bonjour j'étais tombé sur cette source intéressante il y'a quelques années pages 22 à 38 pour l'Ancienne Rome Chirurgiens et blessés à travers l'histoire. Des origines à la Croix-Rougehttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... f/f35.itemLE SERVICE DE SANTÉ MILITAIRE DANS L'ANCIENNE ROME
Les Romains n'ont-ils eu de médecins ni dans leurs cités, ni aux armées, pendant plus de 500 ans, comme la tradition s'en est conservée? Avaient-ils perdu presque entièrement les traces des exemples que leur avaient laissés les Grecs, relativement aux secours que réclamaient les blessés après les batailles? Ces assertions, émises par divers historiens méritent d'être examinées et discutées. A priori et avant toute démonstration, il semble qu'il y ait, dans cette affirmation trop absolue, pour le moins de l'exagération; on a peine à croire qu'un peuple policé, continuelle-ment en guerre, et exposé, par conséquent, outre les maladies communes, à des blessures graves et fréquentes, se soit passé aussi longtemps de médecins.
Pour ce qui est de la médecine militaire, nul document n'atteste qu'elle fut organisée; les armées n'étaient pas encore permanentes, elles ne le devinrent que sous l'empereur Auguste. Les généraux, et quelques officiers supérieurs peut-être, étaient accompagnés d'un médecin attaché à leur service particulier, comme semblerait le prouver l'exemple du consul Pansa, qui fut soigné et, dit-on, empoisonné par le médecin Glycon ; mais les soldats étaient entièrement privés de soins.
Un militaire blessé se traitait comme il le pouvait, avec des recettes qui lui étaient propres, ou recourait aux bons offices de ses camarades. Les plus gravement atteints étaient recueillis, quand on était aux portes d'une ville, ou que l'engagement avait eu lieu dans la ville même, dans les maisons des patriciens, où de nobles dames s'empressaient à les soigner ; encore, sur ce point particulier, on ne saurait être affirmatif, car César rapporte qu'après la rude bataille où il vainquit les Helvètes, le soin des blessés et des morts força son armée à s'arrêter pendant trois jours ; mais, en aucun endroit de ses 'Commentaires' ,il ne parle de médecins revêtus d'une fonction déterminée ; l'auteur de 'la Guerre d'Afrique' rapporte seulement que « Labiénus, après le combat de Ruspina, fit transporter à Adrumete ses nombreux blessés sur des chariots ». Il est permis de s'étonner que Jules César, toujours si vigilant en matière d'approvisionnements et de munitions de guerre, ait montré si peu de sollicitude pour les malades et les blessés de son armée ; on ne voit pas qu'il les ait jamais fait soigner dans les camps ; il préférait les confier aux habitants des cités qu'il traversait, sans s'inquiéter autrement de leur sort ; ses successeurs firent montre de plus d'humanité.
A quelle époque l'élément médical fut-il introduit dans les armées romaines? Il est plus que probable que, quand celles-ci devinrent permanentes, elles durent recevoir les modifications qu'entraînait leur nouvelle organisation. L'agglomération des hommes provoquant presque inévitablement un foyer de maladies, il fallut pourvoir aux mesures hygiéniques et curatives qui s'imposaient ; d'où l'on est amené à inférer que l'organisation régulière de la médecine militaire, chez les Romains, ne peut pas s'éloigner beaucoup de la constitution définitive de l'empire.
Velleius Paterculus, faisant l'éloge de Tibère, se plaît à signaler le soin que prit le futur monarque, qui n'était encore que général et beau-fils de l'empereur, de la santé de ses soldats, pendant les guerres de Germanie et de Pannonie. « Au milieu de tous les soucis qui l'accablaient, on eût dit qu'il ne ressentait que celui-là. Il y avait une voiture toujours attelée pour ceux qui étaient fatigués ; la litière du prince était à la disposition de tous... Des médecins, des aliments choisis, des bains, tous les secours étaient prêts pour soulager les malades. »
Velleius assure en avoir profité, « comme beaucoup d'autres ». Comme il était dans cette expédition légat, « quelque chose comme lieutenant général », il est douteux que de simples militaires aient bénéficié de la même faveur ; par contre, « personne de ceux qui avaient un grade, supérieur ou inférieur au sien, ne s'est vu négligé, en cas d'accident, par la vigilance paternelle de Tibère ». Mais ne s'agirait-il pas plutôt, ici, de la « suite médicale du commandant en chef », que d'un corps régulier d'officiers de santé?
Sans doute, il est question, dans Tacite, d'un matériel médical, que les Romains perdirent avec leurs convois, mais il n'est point parlé de médecins. Pas davantage il n'en est question, lors de la visite de Germanicus, apportant ses encouragements et ses secours aux blessés. Celse, toutefois, recommande aux médecins de profiter de l'occasion qui s'offre à eux de s'instruire dans leur art, en examinant les blessures profondes « que reçoivent parfois le gladiateur dans l'arène et le soldat sur le champ de bataille. » Il y avait donc à cette époque (première moitié du premier siècle de l'ère chrétienne) des médecins sur les champs de bataille
Pour en revenir aux médecins militaires, Galien, qui écrivait sous Marc-Aurèle, tout en rendant hommage à l'un d'eux, Antigonos, qu'il nous présente comme un praticien de mérite, parle avec mépris des médecins' employés dans les guerres qui eurent lieu de 167 à 175 ; il leur reproche « de ne pas avoir disséqué le corps des barbares, et d'être revenus sans en savoir plus sur cette matière que des cuisiniers » ; à un autre endroit, il dit qu'ils savaient tout juste autant d'anatomie que des bouchers.
A mesure que nous avançons, les textes deviennent plus explicites. Une ordonnance d'Antonin le Pieux vise « le médecin de la 2e légion », exempté de toute charge civile, pendant tout le temps qu'il servira l'Etat . Veut-on plus de précision, il suffira de lire ce qui suit : le jurisconsulte Herennius Modestinus, qui fut consul en 228, mentionne, parmi les citoyens jouissant d'immunités, les médecins militaires, 'medici militum'. Il les assimile aux soldats et aux officiers que leur service force à quitter Rome, et pour qui cette absence ne doit pas tourner à détriment.
Que conclure de tous ces textes, sinon qu'il y avait déjà, tout au début de l'ère chrétienne, des médecins dans les armées romaines Ils étaient placés sous la surveillance d'un « préfet du camp», dont relevaient également les officiers d'administration, les infirmiers et les malades. Disons plus : il existait, dans les camps, de véritables hôpitaux militaires, 'valetudinaria', sorte de refuges ou d'infirmeries; de même qu'il y avait des 'veterinaria' pour les chevaux
Les valetudinaria ont dû commencer à être établis sous Trajan, peut-être même avant, « aux premiers temps de l'établissement du camp prétorien et des armées permanentes, c'est-à-dire sinon sous Auguste, au moins très peu de temps après lui ». Au valetudinarium n'étaient admis que les grands blessés, ou les malades en danger; les affections légères étaient soignées dans les tentes (per tentoria). Tacite dit que Germanicus, visitant les blessés, faisait le tour des tentes ; Pline le Jeune le dit également de Trajan.
L'empereur Alexandre Sévère ne manquait pas de rendre visite aux soldats malades dans leurs tentes, fussent-ils de la condition la plus infime. Il leur procurait des chariots suspendus (carpenta), pour suivre l'armée ; les plus gravement atteints étaient convoyés, par ses ordres, dans les villes ou les campagnes, chez les particuliers, "où ils étaient recueillis par les familles les plus honorables
Les légions avaient leur service de santé dirigé par des médecins assistés de leurs aides (deputati), c'est-à-dire délégués hors des rangs, qui suivaient à petite distance la cohorte à laquelle ils étaient attachés, afin de secourir les blessés et de remettre à cheval ceux qui tombaient : c'est le premier exemple d'une ambulance volante. Il y avait environ 17 médecins par légion; et la légion, qui comprenait près de 7.000 hommes, était composée de 10 cohortes, Il nous reste à dire ce qu'était le mode de transport des blessés à l'époque romaine. Dans la vie d'Alexandre Sévère, Lampride parle de chariots affectés à cette destination. Ces chariots, déjà employés sous Auguste et sous Tibère, servaient également à recevoir les médecins, les approvisionnements, les instruments, etc.
à voir avec les spécialistes d'Histoire Ancienne
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