Symposium a écrit :
L’aile de la cavalerie gauloise aura pour objectif de maintenir la cavalerie romaine pendant que l’autre aile prendra les Romains à revers.
C’est un lapsus je pense, puisque tu corrige par la suite mais tu as donné ici à la cavalerie gauloise le rôle dévolu à la cavalerie numide.
Hannibal masse sa cavalerie lourde celte et ibères à gauche, face aux cavaliers romains qu’il enveloppe et massacre, Aemilius Paulus ayant eu la riche idée de faire mettre pied à terre à l’élite de la noblesse romaine, les livrant ainsi selon le mot célèbre d’Hannibal ravi « pieds et mains liés ». Ce qui aurait pu n’être qu’une déroute de cavalerie se transforme en désastre social, décimant la jeunesse dorée romaine. Comme quoi Varron n’est pas le seul à blâmer… Au cours du combat, les Carthaginois reçoivent le soutien de l’infanterie légère rappelé de première ligne, alors que les cavaliers romains sont seuls. Aemilius Paulus succombe ainsi d’une balle de fronde baléare.
Pendant ce temps, les très mobiles cavaliers numides harcèlent et immobilisent les meilleurs et les plus nombreux cavaliers de l’armée romaine, les Alliés. Ainsi, l’aile de cavalerie romaine la plus puissante est réduite à faire figuration, tandis que l’aile faible est enfoncée.
Une fois la cavalerie romaine massacrée, Hasdrubal et ses cavaliers gaulois et ibères contournent l’ensemble de l’infanterie romaine pour se jeter loin derrière sur les arrières de la cavalerie alliée. Cette dernière, déjà harassée par les Numides, cède instantanément et se disperse aux quatre vents. Hasdrubal ne perd pas de temps et se retourne immédiatement contre l’infanterie romaine, dont l’avancée est interrompue… Les Numides donnent alors le meilleurs d’eux-mêmes dans la poursuite, mettant à profit leur mobilité, ils capturent ou éliminent presque tous les cavaliers alliés et taillent en pièce les fantassins qui échappe à la nasse. Les survivants de la cavalerie alliés sont tellement dispersés par leur action que Varron n’est plus entouré que de 40 cavaliers dans sa fuite.
Pour en finir sur la cavalerie, il est un événement antérieur dont l’importance est souvent minimisée : après le désastre de Trasimène l’année précédente, Hannibal a enveloppé et capturé l’ensemble de la cavalerie de l’autre consul, 4000 hommes en tout. L’absence de ces 4000 cavaliers se fera cruellement ressentir à Cannes, la disproportion entre le nombre de cavaliers des deux camps est plus importante qu’on ne le croit en s’appuyant sur les effectifs théoriques de légions complètes.
Symposium a écrit :
Le coup de génie du carthaginois sera de disposer une ligne beaucoup plus longue que le rectangle romain
Je ne crois pas que la ligne carthaginoise soit plus longue à l’origine, les Romains sont classiques mais pas complètement idiots, d’autant qu’ils ont l’avantage numérique. Mais c’est là qu’apparaît le génie tactique d’Hannibal qui a complètement anticipé leurs réactions.
En formant un « ventre », il a manipulé les Romains, des levées récentes et inexpérimentées pour la grande majorité, ne l’oublions pas. Inconsciemment, l’ensemble des troupes romaines a avancé vers ce centre qui s’offre à lui, les ailes convergents en même temps vers un point central. Avec un dessin, ce serait plus clair… La concentration des Romains s’est trouvée accentuée, et ils ont négligé les ailes puniques dans l’espoir de percer au centre, mais je doute que c’était le cas dès l’alignement de troupes. C’est à mon sens le premier rôle du « ventre », et non une supposée meilleure résistante, même si l’appoint systématique de troupes fraîches au fur et à mesure qu’il se résorbe a dû contribuer à sa bonne tenue, en plus de la présence personnelle d’Hannibal et de son frère Magon.
Puis l’attaque inattendue des ailes lourdes (Libyens) soutenus par l’infanterie légère après la déroute des cavaliers (8000 hommes tout de même, des Baléares certes mais aussi de nombreux javeliniers Libyens, les « piquiers » qui se situaient devant la cavalerie à l’origine, à bien différencier de l’infanterie lourde Libyenne rééquipée d’armes romaines après Trasimène (mais pas forcément réorganisés à la romaine) interrompront l’avance romaine. Enfin la charge vigoureuse de la cavalerie d’Hasdrubal sur les arrières et la perte des chefs (mort de Paulus et fuite de Varron) provoqueront panique et donc massacre, il n’y a plus de résistance organisée.