Bonjour !
Merci à tous pour vos réflexions.
JPCC,
Marie-Françoise Baslez ? Oui, j'avais vu son livre. Il me confirmait alors que Paul Veyne tirait son approximation de 5 à 10% de chrétiens, dans l'empire romain, vers le début du IVe siècle, mais tout simplement à partir des commentaires que l'historien britannique Gibbon faisait déjà de son côté, dans son fameux ouvrage portant sur le déclin et la chute de l'empire romain.
Je reste donc un peu étonné que Paul Veyne lui-même n'aurait pas fait appel à de quelconques études plus récentes concernant le sujet. Aussi, je me demandais ce qu'il en était du côté de l'historiographie. J'ignore si des travaux beaucoup plus récents et sérieux auront pu être réalisés en matière de populations chrétiennes dans l'empire romain. Quel démographe aurait bien pu étudier ce genre de question ? Je n'ai pas eu le temps d'éplucher des ''abstracts'' ou des index de périodiques spécialisés pour obtenir l'information pertinente. C'est la raison de mon questionnement au départ.
Alain.g,
Vous disiez :
Citer :
Avec le recul, ce chiffre me parait dépouvu de signification s'il concerne bien l'empire, car la réalité du christianisme à cette époque est qu'il existe une très forte disparité, plus forte qu'on ne peut le penser, entre le foyer du christianisme, au Moyen-Orient et l'occident qui commence seulement sa christianisme.
Je pense que Gibbon lui-même considérait son évaluation d'une population à 5% chrétienne comme devant s'appliquer à la ville de Rome proprement dite. Nous dirions : l'antique capitale au temps des Cyprien ou Tertullien aurait pu contenir une population chrétienne représentant 5% de ses habitants au total. Il évaluait en revanche qu'une importante métropole régionale comme Antioche devait y contenir aussi comme pas moins de cent mille chrétiens, et soit ce qui ferait le cinquième de la population totale ou 20%. Antioche contenant près de 500 000 habitants au IIIe siècle dont 100 000 chrétiens, toujours d'après le même historien anglais de l'époque des Lumières.
Citer :
Je tire ce dernier sentiment de "L'église de l'antiquité tardive" de Henri-Irénée Marrou, ancien titulaire de la chaire d'histoire du christianisation" à la Sorbonne. Marrou écrit en effet que le christianisme était probablement majoritaire au 4è siècle dans le bastion de cette religion, l'Asie mineure, ainsi que dans certains cantons d'Egypte, et très fort aussi en Syrie, autour d'Alexandrie, 2è ville de l'empire, puis au Maghreb zone forte également et dans les balkans.
Merci pour la mention de Marrou. Je n'y pensais pas. Idéalement, il faudrait donc retrouver ce qu'il disait exactement. Et le plus intéressant serait encore de savoir à partir de quel élément ou quelle source au juste un Henri-Irénée Marrou aura dû penser ce que vous rapporterez ici. Ça m'intéresserait de le savoir.
Almayrac,
Oui, alors le christianisme durant le tournant du IIIe-IVe siècle aurait été un phénomène plutôt oriental, en le sens que très largement concentré encore dans la partie grecque de tout l'impérium;
quoique ?, pour l'Afrique du nord le nombre d'évêques restant tout de même quelque peu étonnant. Je prends vos chiffres. Ça ne vous surprend pas ?
On pourrait se demander comment il se fait que le christianisme aurait pu être aussi vigoureux et précoce en Afrique du nord, tout à la différence de la Gaule ou l'Hispanie, et attendu que l'Afrique du nord romaine aurait pu être branchée préférentiellement sur le latium que sur l'asie mineure. Enfin, vous me corrigerez si je me trompe quant à ce dernier détail de la liaison Europe-Afrique du temps des césars, parce que je le dis de mémoire, et la mémoire est une faculté qui oublie comme on sait.
On pourrait s'étonner que l'Europe n'aura pas reçu davantage la visite de missionnaires chrétiens en provenance d'Afrique du nord, mais si le christianisme était à ce point inégalement développé au IIIe siècle, et soit entre les rivages africains et les rives européennes de la Méditerrannée.