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Message Publié : 20 Nov 2008 22:31 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Article publié dans la revue allemande Göttinger Miszellen (GM 127)

La Bible et Pharaon
Dans la Bible, six rois égyptiens sont appelés Pharaon. Ce barbarisme vient d’une méconnaissance de l’histoire égyptienne par les rédacteurs juifs de ce livre. Flavius Joseph, un prêtre et historien juif du 1er siècle, originaire de Jérusalem, écrivait :
« D'aucuns se seront demandé pourquoi tous les rois égyptiens, depuis Minaeos (Ménès), le fondateur de Memphis, qui précéda de beaucoup d'années notre ancêtre Abram, jusqu'à Salomon, dans un intervalle de plus de treize cents ans, ont été appelés Pharaon (Pharaôthès); aussi ai-je jugé nécessaire, pour dissiper leur ignorance et éclaircir l'origine du nom, de dire ici que Pharaon chez les Egyptiens signifie roi. Je crois qu'à leur naissance ils recevaient d'autres noms, mais dès qu'ils devenaient rois, on leur donnait le titre qui désigne leur puissance dans la langue nationale. C'est ainsi que les rois d'Alexandrie, d'abord appelés d'autres noms, recevaient à leur avènement au trône le nom de Ptolémée, d'après celui du premier roi. De même, les empereurs romains, après avoir porté d'autres noms de naissance, sont appelés César, titre qu'ils tiennent de leur primauté et de leur rang, et abandonnent les noms que leur ont donnés leurs pères. Voilà pourquoi, je suppose, Hérodote d'Halicarnasse, quand il raconte qu'après Minœos, le fondateur de Memphis, il y eut trois cent trente rois d'Egypte, n'indique pas leurs noms, parce qu'ils s'appelaient du nom générique de Pharaon. »
L’emploi de Pharaon en tant que nom se retrouve dans des passages bibliques sous la forme Pharaon, roi d’Egypte. L’utilisation d’une majuscule et l’absence d’article défini (une exception) montre que le mot y était perçu à l’origine comme un nom propre et non pas comme le titre du souverain de l’Egypte.
Pharaon avant Champollion
Charles Rollin publia en 1730 Histoire ancienne, les souverains de l’Egypte y sont des rois. Pharaon est absent également dans l’œuvre monumentale des savants de Bonaparte : 1821 Description de l’Egypte. Pour L.-P. de Ségur, 1822 Histoire Universelle ancienne et moderne p.47 Pharaon est un roi égyptien qui donna sa fille en mariage à Salomon, roi d’Israël.
Une recherche dans les livres publiés en France, avant le début du XVIIIè siècle, montre que Pharaon a uniquement été utilisé dans des contextes d’inspiration biblique : F. de Chantelouve, 1574 Tragédie de Pharaon ; P. Ronsard, 1578 Sonnet pour Hélène ; T. Agrippa d’Aubigné, 1616 Les Tragiques ; J. Bossuet, 1681 Histoire Universelle ; Ch. De Brosses, 1760 Du Culte des dieux fétiches. En langue française, Pharaon était donc confiné aux textes inspirés de thèmes religieux. Dans tout autre texte, le souverain de l’Egypte était un roi.
Champollion et Pharaon
Depuis la publication en 1814 de J.-F. Champollion L’Égypte sous les Pharaons, Pharaon est utilisé par les auteurs comme titre des rois d’Egypte ! Pourquoi ce titre donné à un livre qui concerne la géographie de l’Egypte ? A-t-il voulu employer un titre commercial dans le style ‘La Rome des Césars’ ? A-t-il suivi Flavius Joseph ? A-t-il été induit en erreur par le moine syrien, dom Raphaël de Monachis, qui l’encouragea à apprendre le copte et lui enseigna l’arabe ? En 1822, dans la lettre à Monsieur d’Acier c’est roi qui est utilisé. Pourquoi reprit-il l’utilisation de Pharaon après 1822 ? Pensait-il, comme le feront I.Rosellini et J. Gardner Wilkinson, que Pharaon provenait en égyptien de ‘Le Soleil’. Champollion ne donna jamais d’explication pour l’emploi de ce barbarisme, pardonnable pour l’époque.
Emploi de Pharaon chez les Egyptiens de l’époque dynastique
En 1856, E. de Rougé proposa une réponse satisfaisante où Pharaon vient du mot égyptien pour désigner le palais gouvernemental (pr-aA). A partir d’Akhenaton, Pharaon en écriture hiéroglyphique sert à désigner le roi. Ne manquant pas de titres et de désignations, pour quels motifs Akhenaton a-t-il utilisé Pharaon pour se désigner, cela demeure un mystère ? Ce peut être par pure démagogie envers l’armée, la prêtrise et l’administration qui utilisaient déjà ce mot dans leurs propres titres ou bien il a vu dans pr-aA le point de départ de son enseignement religieux, de son rayonnement.
Les Egyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes, ils y voyaient là l’écho sonore de l’énergie essentielle qui suscita l’univers. Pharaon (pr-aA) et Le Dieu Soleil (pA ra) ont les mêmes consonnes, le mot soleil ra se trouve au milieu de pr-aA, c’est peut-être là que se trouve la réponse. Les Lettres d’Amarna en témoignent, les vassaux d’Akhenaton l’appelait mon soleil. Nous retrouvons là les propositions de I. Rosellini et de E. de Rougé pour l’origine de Pharaon. Pendant tout le reste du Nouvel Empire, la désignation Pharaon n’est jamais suivie du nom du souverain, c’est une alternative moins employée de Majesté (Hm).
Pendant la 3ème période intermédiaire et la Basse Epoque, les rois sont étrangers ou vassaux et certains ne parlent même pas l’égyptien. A cette époque, Pharaon est associé occasionnellement au nom de naissance du roi. Le premier sera Siamon , suivit de Chéchanq I à titre posthume. L’écriture démotique prend naissance, Pharaon devient le mot pour dire « le roi », le mot Pharaonne est inventé pour désigner la reine son épouse.
Pendant la période des Ptolémée, le souverain est surtout un basileus. Ptolémée II voulait que ses tribunaux connaissent les lois régissant les différents groupes ethniques de son royaume, pour les juger selon leurs coutumes. A sa demande impérative, les juifs d’Egypte traduisirent en grec leurs lois et auraient introduit à cette époque le mot Pharao dans cette langue à partir de l’hébreu. C’est ce mot Pharao qui deviendra Pharaon en français en passant par le latin chrétien.
Les souverains romains, à qui l’Egypte appartenait en propre, furent représentés par un préfet et de ce fait reçurent le nom de Pharaon dans leur titulature. Ce nom, déterminé par les prêtres égyptiens, était le plus approprié pour définir leur programme de règne qui était laissé à l’initiative de l’institution impériale locale, dont le responsable changeait souvent et résidait au palais gouvernemental.
Développé au IIIe siècle de notre ère, le copte est la dernière forme de l’écriture égyptienne. Le mot pour roi y est (p)rro, le mot pour pharaon est pharaw ; l’utilisation de ces deux mots dans un même texte démontre que les Egyptiens n’en connaissaient plus l’origine commune.
Emploi de Pharaon chez les Egyptiens de l’époque moderne
En langue arabe, c’est surtout le Coran qui utilise Pharaon. La nécropole thébaine s’appelle Biban-el-Moulouk (Litt. : Portes des rois) que nous traduisons par « La Vallée des Rois ». Au XVIIIe siècle, Pharaon était signalé par le Consul de Louis XIV en Egypte comme étant un terme injurieux. H.Fischer rapporte que c’est encore un terme méprisant pour les Egyptiens de notre époque, un équivalent de ‘diable’. Le mot est utilisé depuis au moins le XVIe siècle dans le surnom de l’ichneumon : rat de Pharaon.
Dans le livre de F.Caillaud de 1821 Voyage à l’oasis de Thèbes, un type de coquillage trouvé sur la mer Rouge est appelé « coquille de Pharaon ». Dans ce livre l’auteur n’emploi jamais le mot pharaon, mais il est vrai que le récit ne s’y prête pas ; comme tout le monde il parle de Vallée des Rois. Dans ses livres suivants, Voyage à Méroé publiés en 1826-1827, il emploi le titre Pharaon devant un nom de roi. Entre les deux publications, le monde chrétien savait que la clé de l’écriture égyptienne était trouvée.
Proposition de traduction de pr-aA
Sans se servir du vocabulaire biblique, comment traduire pr-aA ? La traduction française la plus proche pour désigner le roi pourrait-être : Seigneurie ou Seigneur (dérivés de senior). Une seigneurie est la terre d’un seigneur qui, tout comme pr-aA, est devenue un titre honorifique. A bien y regarder, la surface habitable de l’Egypte était de la taille d’une province française et de ce fait Seigneur et Seigneurie ne seraient pas décalés, d’autant plus que pendant de nombreux siècles l’Egypte était morcelée et avaient plusieurs souverains.
Conclusion
Selon le roi de l’Egypte dynastique depuis Akhenaton, pr-aA a été employé comme désignation royale, nom de règne et/ou mot signifiant roi. Le respect de l’histoire égyptienne implique d’utiliser Pharaon, à défaut de Seigneurie, uniquement lorsque la traduction de pr-aA le demande. Les souverains de l’Egypte dynastique furent des rois. Ceux-ci avaient suffisamment de titres sans qu’il soit nécessaire d’en ajouter un autre qu’ils n’ont pas ou peu connu


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Message Publié : 21 Nov 2008 13:49 
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Polybe
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Gerard. a écrit :
En 1856, E. de Rougé proposa une réponse satisfaisante où Pharaon vient du mot égyptien pour désigner le palais gouvernemental (pr-aA).
................................................
Les Egyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes, ils y voyaient là l’écho sonore de l’énergie essentielle qui suscita l’univers. Pharaon (pr-aA) et Le Dieu Soleil (pA ra) ont les mêmes consonnes, le mot soleil ra se trouve au milieu de pr-aA, c’est peut-être là que se trouve la réponse.


Je suis un peu sceptique sur le rapprochement de consonnes reconstituées. Je pense qu'il faut se baser sur l'écriture qui est à la base de nos connaissances de l'égyptien.
Le mot pharaon ne contient absolument pas le hieroglyphe du soleil. Il se compose de 4 hiéroglyphes : le premier se lit Aa qui veut dire "grand" , de deux fois le hiéroglyphe signifiant maison se prononçant "per", le tout suivi d'un hiéroglyphe déterminatif (qui ne se prononce pas mais indique la catégorie du mot ) indiquant qu'il s'agit d'un dieu. Le tout peut se prononcer (bien sûr , nous n'avons pas beaucoup de certitudes sur la phonétique) Aa-per-ti ( ti étant la marque du pluriel, puisqu'il y a deux fois le mot "per"). Donc, dans cette translittération, il n'y a pas de mot ou même de consonne "ra" dans le mot pharaon en égyptien.
Mon interprétation personnelle de ce hiéroglyphe serait : "grand maître des deux maisons". Ce qui pourrait justifier mon interprétation , c'est que les cartouches contenant les noms des rois sont souvent précédés de l'indication "seigneur des deux pays" ou parfois plus explicitement, "roi de la Haute et de la Basse Egypte"
Le hiéroglyphe de Ra (soleil) est un oeil allongé, donc aucun rapport avec le mot pharaon, ce qui n'empêche pas que la plupart des titres des pharaons soit "fils de Ra", donc le hiéroglyphe Ra = soleil apparaît dans les titres ou dans le nom même de beaucoup de pharaons.


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Message Publié : 21 Nov 2008 17:03 
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Grégoire de Tours
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Maurice a écrit :
Je suis un peu sceptique sur le rapprochement de consonnes reconstituées. Je pense qu'il faut se baser sur l'écriture qui est à la base de nos connaissances de l'égyptien.
Vous avez raison d'être septique, la translitération peut être trompeuse. Le fait de trouver les mêmes consonnes entre pA ra et pr -aA est une curiosité. Par contre sur le fait que les Egyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes, cela figure dans les livres :
- S. MORENZ La Religion égyptienne- S. QUIRKE Le Culte de Rê - S. SAUNERON Les prêtres de l’ancienne Egypte - G. JEQUIER Considérations sur les Religions Egyptiennes L'envolée lyrique : Les Egyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes, ils y voyaient là l’écho sonore de l’énergie essentielle qui suscita l’univers. est de Sauneron p.144.
Maurice a écrit :
Le mot pharaon ne contient absolument pas le hieroglyphe du soleil.
lol Dans p(ra)A, ra est au milieu de la translitération.

Ne croyant absolument pas que l'emploi de pr-aA fût introduit comme Elysée, White House ou Number 10, je cherche à comprendre ce qui aurait pu conduire Akhenaton à le faire. Mes connaissances en hiéroglyphes étant voisine de zéro, il ne m'est pas possible d'aller plus loin.

Ayant lu sur ce forum quelqu'un disant que Pharaon ne devrait pas être employé et partageant cette position, je me suis permis de publier cet article qui retrace l’emploi du mot Pharaon.


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Message Publié : 21 Nov 2008 18:22 
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Polybe
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Gerard. a écrit :
Ne croyant absolument pas que l'emploi de pr-aA fût introduit comme Elysée, White House ou Number 10, je cherche à comprendre ce qui aurait pu conduire Akhenaton à le faire. Mes connaissances en hiéroglyphes étant voisine de zéro, il ne m'est pas possible d'aller plus loin..


Excusez-moi, je n'ai pas compris : à faire quoi ?
Je ne suis pas au courant de ce rapprochement de consonnes sonores.
Je voulais simplement dire qu'il ne faut pas se baser sur une translittération, parmi d'autres, qui ne voulait rien dire pour les Egyptiens, mais il est vrai que la consonne "r" figure dans Ra et dans le mot pharaon en égyptien, mais ça me semble un peu léger pour en déduire quelque chose.


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Message Publié : 22 Nov 2008 9:15 
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Grégoire de Tours
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Maurice a écrit :
Gerard. a écrit :
Je ne suis pas au courant de ce rapprochement de consonnes sonores.
Pour Pr-aA ce n'est qu'une hypothèse de travail ou disons une curiosité de la translitération.
Extrait du livre de Quirke p.43 :
La première division à s'opérer dans la création fut celle qui opposait le sec et l'humide, et qu'exprimé l'émission d'un enfant mâle et d'un enfant femelle par le dieu-soleil. Les mots égyptiens correspondant à «sec», Shou, et à «humidité», Tefnout, apparaissent dans les récits de la création comme les noms d'un dieu et d'une déesse, qui représentent la première génération après le dieu-soleil. Ce second acte de création, monogénique, était cette fois lié à la matérialité physique du corps de l'homme, et pouvait, comme le premier, être envisagé de diverses façons. Cette génération se faisait ainsi par la bouche du dieu, sous forme de crachat, ou par sa main, sous forme de semence obtenue par masturbation. Ces motifs physiques viennent en partie d'associations lexicales. Les rapprochements de mots (improprement appelés «jeux de mots » en égyptologie) ont de quoi ébranler nos certitudes philologiques et notre confiance dans l'étymologie. Dans nos sciences linguistiques, nous construisons des arbres de familles de mots et dérivons leur sens de leur histoire. Au contraire, les Anciens Égyptiens raccordaient les mots entre eux non parce qu'ils avaient des origines communes, mais parce qu'ils partageaient des consonnes ou une structure. L'intérêt du lexique ne réside pas dans le passé accumulé derrière chaque mot, mais bien dans un présent perçu comme immuable et d'ordre divin. Les mots correspondent à la matière créée de la création. Dans cette optique, nous touchons un mystère, des informations cachées, du fait que Shou « (l'air) sec » produit une assonance avec ishesh «cracher» et que Tefnout «l'humidité» partage deux consonnes avec tef « expectorer». Ces mots et relations entre mots correspondent d'une manière ou d'une autre aux éléments créés et à leurs interrelations. Toute la création relève du divin, y compris la langue et l'écriture. La création est un mystère, mais ces mots sont une part du mystère et peuvent aider à le traduire. Les rapprochements de mots fonctionnent aussi curieusement à nos yeux que les calculs mystiques de penseurs radicaux plus récents sur la création, tel Khlebnikov au début du xxe siècle. De ces réflexions sur l'existence émergent une poésie et un art extraordinaires, et ceux-ci peuvent nous guider plus sensiblement que les lois de la philologie dans nos propres réflexions.


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Message Publié : 22 Nov 2008 10:01 
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Polybe
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Gerard. a écrit :
. Les rapprochements de mots (improprement appelés «jeux de mots » en égyptologie) ont de quoi ébranler nos certitudes philologiques et notre confiance dans l'étymologie.

Merci pour cette citation.
Je ne pense pas que de tels rapprochements ébranlent la confiance dans l'étymologie, mais au contraire peut fournir des pistes à l'étymologie.


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Message Publié : 22 Nov 2008 22:26 
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Grégoire de Tours
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Jéquier p.165 L'origine locale de Seshaït est absolument inconnue, et rien n'indique qu'elle soit née dans le nome du lièvre ni qu'elle s'y soit installée plus tard; je dois cependant signaler un curieux rapprochement phonétique qui n'est peut-être après tout qu'un de ces calembours théologiques qu'affectionnaient les rédacteurs des textes religieux : à l'époque historique, le lièvre, en tant qu'animal, ne s'appelle plus oun, mais Sekhât; or les lettres SH et KH, étant constamment interverties par les Égyptiens, il y a con­sonance entre Seshdit et Sekhât, de sorte qu'on pour­rait songer à voir dans la déesse-scribe un avatar de la déesse-hase. Je ne mentionne cette hypothèse qu'à titre de curiosité.
Morentz p.239 Nous avons déjà dit dans le précédent chapitre qu'aux yeux des Égyptiens le monde créé peut retourner au néant en sorte que l'idée de mort répond à celle de création même sur le plan cosmique. Mais la mort n'en reste pas moins un phénomène qui concerne en premier lieu l'individu et qui, en particulier, qualifie de façon décisive la vie consciente de l'homme par la longueur et la profondeur de son ombre. C'est pourquoi nous ne croyons pas inutile de consacrer quelques mots d'introduction à la création de l'homme, qui a pour conséquence, parce que pour pendant, sa mort. Il va de soi que nous ne nous occuperons que des aspects religieux de la question ; celle de savoir si et dans quelle mesure l'Égyptien était capable de penser à la naissance et à la mort en termes autres que religieux n'a pas à être soulevée ici. La création de l'homme fait partie de la création dans son ensemble ; en ce sens le présent paragraphe n'est qu'un appen­dice au chapitre précédent. Commençons par l'idée, bien attestée à partir du M.E., que les hommes sont nés des larmes du dieu créateur, plus spécialement du dieu du Soleil. Ce mythe repose sur l'un de ces jeux de mots depuis toujours célèbres et féconds, car les mots « homme » (rmT, plus tard rmt) et « larme » (rmj.t) ont presque les mêmes consonnes ; or une vieille superstition veut que la similitude des mots atteste et justifie un lien entre les choses. Or les textes en question ont tous, si rien ne m'a échappé, un caractère général, et quand on fait allusion au fait que les hommes sont sortis comme larmes de l'œil de Dieu, on a coutume de dire qu'ils « sortirent de son œil, c'est-à-dire qu'on emploie un prétérit et que l'on n'entend pas exprimer une répé­tition constante. Ainsi ce mythe à fondement étymologique semble être par nature lié au processus même de la création ; on ne songe évidemment pas à son actualisation renouvelée dans chaque nouveau-né.


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