Un indice à ce sujet peut être trouvé dans les confessions négatives. Les confessions négatives étaient une dénégation de péchés faite par le défunt pour souligner sa vertu. Par exemple, il pouvait dire qu'il n'avait jamais volé, tué, maltraité un serviteur, ce genre de choses. C'était en quelque sorte une séance d'autojustification faite devant les dieux.
Dans les confessions négatives trouvées au milieu de quelques tombeaux et dans
livre pour sortir au jour (en d'autres mots, le Livre des Morts), il y a parfois cette petite phrase que je reproduis approximativement (en prenant aussi des libertés sur la prononciation): "Nen dada-i se." Ce qui veut dire à peu près: je n'ai pas baisé avec des hommes. Je ne retrouve pas les textes originaux mais je suis sûr de mon coup.
Il y a ce site web qui propose un texte.
On peut en conclure que les anciens Égyptiens, du moins à une certaine époque, percevaient l'homosexualité comme un péché grave. Par contre, la présence de cette phrase dans les confessions négatives suggère aussi que ce "péché" était sans doute connu et/ou répandu.
Plusieurs dessins représentent des couples de femmes ou d'hommes dans une position particulièrement affectueuse. Cela a parfois été interprété comme étant une preuve de l'acceptation sociale de l'homosexualité, mais je pense que cette preuve tient à bien peu de choses.
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En ce qui concerne les Grecs et les Romains, je vous suggère de lire le
Dialogue de l'Amour, de Plutarque, qui est par ailleurs un fort beau texte. Mais j'imagine que la question a été traitée dans la section appropriée de ce forum.
En bref, la situation était sans doute un peu la même que dans plusieurs sociétés modernes et machistes: seul celui qui est "passif" lors de l'acte est vraiment considéré comme homosexuel. L'amour entre hommes est valorisé par Plutarque, mais selon lui cet amour devrait être asexuel. N'empêche, les hommes matures initiaient souvent un jeune disciple, entretenant avec leur protégé une relation qu'un de mes profs a qualifié "d'érotique". J'espère ne pas me tromper en disant que ce qui était toléré entre un mentor et son "initié" ne l'était paradoxalement pas nécessairement entre deux hommes adultes... et consentants.