Il faut aussi compter avec les différentes "écoles" ou traditions en matière de restauration.
L'
anastyloseEn Égypte, c'est avant tout J.-Ph. Lauer qui a le mieux incarné cette idée, par ses travaux de remise en état du complexe funéraire de Djéser à Saqqara. Il s'agit de remonter les monuments avec leurs composants d'origine, ou à défaut avec des composants modernes fabriqués avec les mêmes matériaux qu'à l'origine et avec les outils et techniques de l'époque. L'école française est traditionnellement attachée à ce genre de restauration.
Avantages:
- restauration la plus fidèle possible du monument originel
- respect des principes de restauration, dont celui de réversibilité
Inconvénients:
- lenteur et coût des opérations
La restauration moderne
Celle-ci se contente de reconstituer un monument avec les matériaux immédiatement disponibles, sans que ce soit nécessairement ceux utilisés originellement. De même, les outils et techniques employés sont modernes. En architecture, cela se traduit presque toujours par l'emploi de béton pour l'appareillage, et de ciment pour le jointage. Ainsi, toujours sur le complexe funéraire de Djéser à Saqqara, un toit de béton moderne couvre la salle hypostyle qui permet d'accéder à l'intérieur du complexe. L'école allemande est particulièrement versée dans ce genre de restauration, rapide et propre à protéger un maximum de sites en un minimum de temps, mais qui empêche toute anastylose ultérieure.
Avantages:
- exécution rapide
- coût moindre
Inconvénients:
- risque de dénaturation des monuments
- irréversibilité et impossibilité d'anastylose ultérieure
Voilà grosso modo les deux principales options qui se posent en matière de restauration architecturale. Il faut savoir que Zahi Hawass est plutôt partisan de la seconde, qui permet de restituer plus rapidement aux bâtiments antiques l'aspect qu'ils devaient peu ou prou avoir dans l'Antiquité. Et de présenter ainsi plus rapidement des ensembles architecturaux "complets" aux flots de touristes qui viennent à longueur d'année en Égypte.
Ceci étant dit, et pour répondre plus précisément à la question, il y a fort à faire pour conserver les pyramides de Giza. Les rénover certes, mais avec un cahier des charges strict. Ce chantier ne devrait sans doute par être trop difficile à lancer, et l'anastylose pourrait facilement être respectée pour les raisons suivantes:
- l'anastylose n'empêche l'utilisation d'engins de chantiers pour la manutention lourde (grues, par exemple), tant que des précautions sont prises pour éviter les accidents;
- le calcaire est la pierre la plus commune en Égypte;
- les pyramides sont classées par l'UNESCO au Patrimoine mondial de l'Humanité; on ne peut donc pas les restaurer n'importe comment;
- ce classement constitue un avantage dès lors qu'il s'agit de drainer des fonds et le concours d'ingénieurs et techniciens de pointe à l'échelle internationale.
Une information un peu hors-sujet: Arte a diffusé hier soir un documentaire sur la restauration du Parthénon, constituant une bien belle démonstration d'anastylose. Ce documentaire est visible, jusqu'à vendredi prochain inclus, à cette adresse:
http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=303 ... 09486.html