Je crée ce nouveau fil sur une stèle dite de Cléopâtre, je ne l'ai pas mis à la suite du fil sur les stèles funéraires d'abord parce que ce n'est pas une stèle funéraire et aussi pour ne pas «casser» la logique des deux stèles de taimhotep et de Pesherenptah.
Pour en revenir à cette stèle de Cléopatre, voila ce que en dit le Musée de Louvre où elle est conservée :
Citer :
Cette stèle de calcaire fut dédiée, le 2 juillet 51 av. J.-C., à Cléopâtre VII Philopator par Onnophris, un Grec "président de l'association d'Isis Snonaïs". Cette association de temples était patronnée par une forme de la déesse Isis adorée au Fayoum. Selon la tradition pharaonique, la célèbre reine est présentée ici sous l'aspect d'un souverain masculin.
Citer :
Cela peut paraître étrange mais c'est très probablement la grande Cléopâtre, désignée par le texte grec de la stèle comme "la reine Cléopâtre, déesse Philopator", personnage légendaire et connu de tous, qui est honorée et représentée sur cette stèle. Le visage de Cléopâtre VII, fille de Ptolémée XII Aulète, nous est connu surtout par des effigies sur des monnaies et quelques rares portraits grecs qui n'ont, bien évidemment, aucun rapport avec l'image séduisante que la peinture du XIXe siècle et le cinéma nous ont imposée. Et il ne faut pas compter sur cette représentation conventionnelle pour nous éclairer sur la physionomie de la célèbre souveraine lagide.
Citer :
Ce document, outre son intérêt historique, nous fait prendre conscience du fossé qui existe entre notre conception de l'image et celle des Égyptiens. La stèle est composée selon les règles habituelles : disque ailé au sommet, scène rituelle dans la partie supérieure où l'on voit le personnage faire face à la divinité dont il est séparé par une table d'offrandes, enfin dédicace dans la partie inférieure. Le pharaon masculin d'apparence tout à fait traditionnelle, portant la double couronne (le "pschent") et le pagne triangulaire, sert de représentation pour la reine. Celle-ci offre deux vases à la déesse Isis qui allaite son bébé Horus. Les Égyptiens ignoraient superbement la physionomie réelle de leurs souverains grecs et, uniquement soucieux de respecter la tradition, continuaient de reproduire les modèles pharaoniques. Cependant, si la composition et les thèmes iconographiques sont purement égyptiens, le texte est écrit en grec, la langue des conquérants.
L'observateur averti remarquera que cette stèle a été regravée. Les fines lignes droites, tracées sur le pourtour dans le but d'aligner correctement les signes, ne coïncident pas avec celles qui apparaissent dans la zone en cuvette sur laquelle figure l'inscription. De plus on décèle, sur la marge droite, des caractères imparfaitement effacés.
La stèle est datée de l'an 1, le premier jour du mois "epiphi", ce que les hellénistes traduisent sous la forme : 2 juillet 51 av. J.-C. Elle avait été primitivement érigée en l'honneur d'un Ptolémée, sans doute le père de Cléopâtre, et on l'a remaniée au moment du changement de règne. C'est donc pour cette raison que l'image du souverain, qui a été conservée, est celle d'un homme.
Citer :
En fait, cette représentation renoue avec une vieille tradition. A la 18e dynastie déjà, les Égyptiens avaient représenté sous l'apparence d'un pharaon masculin leur reine Hatchepsout, une régente ambitieuse qui avait fini par revendiquer l'héritage royal.
Cette stèle a été commandée en l'honneur de la nouvelle souveraine par une association de temples dont la patronne était Isis Snonaïs, une forme locale de la grande déesse vénérée probablement dans l'oasis du Fayoum. Le président de cette association, qui se nomme Onnophris, était administrateur du temple.
Voila l'image scannée de l'ouvrage collectif : S. Walker, P. Briggs,
Cleopatra of Egypt. From History to Myth, p. 156, notice 134
Voila ce que nous lisons (moi et mon père qui est hellenisant mais pas spécialiste de l'Egypte) :
uper basilissès
kleopatras theas
philopator
to possnon aitia
kèssynodoy
ôn synatopos
onnophris lèsônès
laepiph -Quel en est le sens exxact . il existe peut-être la transcription ici : -
VANDIER J., Nouvelles acquisitions, Revue du Louvre, 1973, tome 2, p. 113 115, fig. 16. Si quelqu'un pouvait nous en dire plus ...
_________________
«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.